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Billet de blog 12 mars 2015

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re :article sur la réforme du collège

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A quoi bon réformer un chariot pour en faire une fusée. 

La logique veut que l'on change radicalement de méthode. Ce n'est pas en réformant le chariot qu'il finira par voler. C'est en créant. Le parcours scolaire aujourd'hui n'est certainement plus adapté au contexte et les remédiations que nous adultes envisageons sont hors contexte aussi. On parle d'échec scolaire, sans voir le taux de réussite. Focalisation, remède. Plus de ceci, plus de cela, moins de moyens, plus de médiocrité... même les enseignants n'en peuvent plus. Ainsi le système mécontente les élèves, les parents et les enseignants. Pendant ce temps là, les administrations, les "classements" abondent de chiffres qui n'ont de sens que ce que l'on veut bien leurs faire dire. Bref, une cacophonie républicaine de plus. 

On dit que nos jeunes sont en perte de repères... Et il faut trouver des solutions... comptables bien sûr. Et les adultes, eux, ne sont ils pas en perte de repères ? Bien entendu que oui. Donc des adultes en perte de repères ne comprennent pas que les enfants dont ils ont la responsabilité puissent être aussi en perte de repères... Etrange !

Maintenant sur la réforme des collèges. Franchement, le problème est là ? De mon avis, le problème est dans la formation initiale, en d'autres termes, le primaire. Mais de cela, on ne parle que des rythmes. Faut-il des journées de 5, 6 heures pour nos têtes juvéniles ? Faut-il aller en classe le mercredi ? Ou le samedi matin... et la récréation ? Quels rythmes ? et les Clae ? Blabla bla... Faut il que les enfants intègrent la maternelle à 3 ans ? à 4 ans ? pourquoi pas à 2 ans ou carrémant à 9 mois ? Et chemin faisant, nos enfants ont ils encore le droit à une enfance insouciante ? Enfance d'usure et de liberté, de tests et de premières conclusions intimes. Quand auront ils le droit d'exercer leur irresponsabilité, avant de devoir exercer leurs responsabilités jusqu'au bout ? La maternelle, c'est avant tout un lieu de codes, de contraintes, de règles et de plus en plus d'apprentissages de connaissances... Ne demandons nous pas beaucoup à ces enfants, ces bébés ? 

Et puis le primaire s'ouvre avec force répétition des règles, et chose extraordinaire, une idéologie qui nous mène à bien des paradoxes. D'entrée de jeu, on demande aux enfants de tout réinventer. Non pas seulement dans des matières essentielles à l'acquisition des connaissances, les français et les mathématiques, le sport et le numérique, mais aussi la musique, l'art, la technologie, l'énergie, le cycle de l'eau... bref, un beau projet à vrai dire ambitieux, mais dans l'immédiat difficilement réalisable dans le schéma actuel de l'éducation. 

Mais l'école primaire nourrit d'autres ambitions. Celles de faire découvrir les bienfaits de la civilisation dans tous ses domaines. On demande alors à ces enfants, de faire de l'histoire, de la géographie, de la chimie, de la physique, des langues étrangères, des arts à la façon de..., des travaux d'écriture comme... etc etc... Or l'acquisition de solides connaissances ne passe pas par une dispersion des actions qui rendent tant pour l'enseignant que pour l'élève, les objectifs hasardeux. Il faut être bon en tout, partout en fonction des lubies de tel ou tel ministre, on ne sait plus  lesquels tant le turn over est important... Tout ceci confère alors à la farce.

Il me semble, et c'est ici mon avis personnel, que les études doivent rester une source de désir. Or ce n'est pas simple. Pour y accéder sans risque, il faut une solide assise. C'est pour cela qu'il me semble nécessaire :

1. De respecter un temps pour l'enfance, question que les maturités soient un peu plus stables dans l'acquisition de connaissances. Il faut laisser du temps à ses enfants, de toute façon il le prendront un jour ou l'autre, et là il y a peut être une bonne partie de nos décrocheurs. Je pense qu'il ne faut pas dispercer l'élève au primaire par une offre abondante d'expériences pédagogiques et de matières. Bien au contraire, il faut les limiter afin d'obtenir plus facilement la maitrise des outils indispensables à la comprhénsion, au travail personnel, à la recherche d'autonomie. Cette fameuse autonomie que l'on travaille dés la crèche et qui vous rendent certains élèves de 17 ans aussi autonome qu'un escargot sans coquille. L'autonomie demante de la maturité effective et non affective. Demandons de l'autonomie à nos enfants de collège, mais pas à nos enfants de primaire et encore moins de maternelle ou de crèche. Soyons sérieux.

2. Sanctionner la fin du primaire par un diplôme certifiant la maîtrise de deux matières : le français et les maths. Ceci est dur, j'en conviens, mais pour aborder le collège et ses nouvelles perspectives pédagogiques, il faut maitriser ses deux éléments. Sans cela, le reste ne sert à rien.

3. Puisque les élèves ont désormais un niveau leur permettant d'apréhender de nouveaux domaines de connaissances, il me semble que c'est à ce moment là, qu'il faut mettre le paquet sur toutes les autres matières, avec des systèmes d'options et de tronc commun. Il ne faut rechigner en rien sur l'offre. Tout intéresse nos élèves et il ne faut pas s'en priver. Les langues, bien ententu, les sciences, l'histoire, les technique et les technologies du  numérique, l'art dans toutes ses composantes, le sport, la biologie... Mais au delà, il faudrait peut être commencer à conduire ces collégiens vers des centres d'intérêts, comme le modèle universitaire le propose. Un élève fait de l'histoire, mais médiévale, orientale, japonaise, chinoise... un autre aime la science et désire suivre une option sur les satellites spatiaux, le corps humain, l'électricité... etc etc... idem pour les préférences de nos élèves pour le monde physique du travail en développant des options dont les formations existent en lycée professionnel. 

4. Le lycée doit servir à approfondir des domaines de compétences de façon sérieuse et extrêmement soucieuse de la réalité de la recherche et des attentes du monde du travail.

Déjà expérimentés, la liaison lycée/études supérieures doit se renforcée, afin de projetter une réalité possible pour nos élèves. 

Ainsi, vous m'aurez compris, je suis pour un bouleversement radical de l'approche pédago-éducative. Pour résumer, remettre du sens et de la perspective à notre système éducatif, afin de lui permettre de recoller à une réalité complexe.

Or je ne perçois pas de débat de fond sur le contenu de l'enseignement en primaire et de redéfinition de ses missions. Ce que je constate en revanche, c'est la nette diminution des temps consacrés à la grammaire et à l'orthographe. Alors, nous marchons à contre sens, et en effet, je me retrouve avec des élèves de 1° bacpro en grande difficulté sur la lecture et que dire alors de l'écriture.

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