Le débat sur les courants politiques aujourd'hui est abscons.
Nous ne sommes plus en capacité d'être maître de l'économie puisque celle-ci est soumise au diktat de la finance (privée) et que par voie de conséquence elle ne s'auto-contrôle plus. Nous pratiquons une politique dite pragmatique, or le pragmatisme est à l'homme ce que la Loi est à la nature. Ce pragmatisme ne peut ni être de gauche, ni de droite, puisque sa propre nature l'interdit. Puisqu'il est économique, alors les grands contrats sociaux chers à nos Lumières ne s'appliquent plus.
La droite ne propose plus de définitions de la société vers laquelle elle est censée nous faire tendre (tondre, ça marche aussi !) et la gauche pragmatique n'a d'autre choix que d'être de droite car elle ne sait plus depuis longtemps à quoi elle sert. La révolution technologique à laquelle nous assistons met en exergue l'extrême lenteur des conquêtes sociales face à un libéralisme rapide, qui produit rapidement des bonds technologiques bouleversant l'organisation économique et sociale du monde, or, être de gauche, "c'est pouvoir juger de la conséquence de ses actes au regard des valeurs humaines,écologiques , définies par le corps social, que l'on accorde à nos semblables". Cela demande un effort intellectuel intense porté sur la nécessité d'un altruisme extrêmement plastique qui se confronte en permanence avec une réalité brutale fondée sur la toute puissance de l'individu et sa primauté sur les décisions du corps social. Le corps social composé d'êtres vivant sous une même loi, alors que la primauté de l'individu peut s'exprimer en personne morale, donc conceptuelle et par là irréel. En somme le socialisme n'est plus. Le socialisme en revanche est une réalité concrète, une réalité quotidienne au plus près des citoyens. Et c'est bien là tout son problème. Cette auto-régulation des inégalités sociales portée par les citoyens ne trouve plus d'échos intellectuels et politiques. Pourquoi ? Personne ne produit où ne peut produire une synthèse de notre éco-système. Une synthèse réelle qui ne serait ni de gauche, ni de droite, neutre dans tous ses aspects : historique, écologique, culturel, religieu, technologique, scientifique, philosophique,...., anthropologique. Et par là aucun consensus ne peut émerger dans un groupe humain sans cesse plus dense, plus nombreux. Sans synthèse, pas de concensus. Sans consensus pas de règle, pas de droit, pas de loi. Et notre classe politique dans sa grande majorité, dans sa toute puissante course individualiste, n'a nullement l'intention de réfléchir. Copier les autres, faire comme les autres, raser les murs, profiter et se taire.
Mais, être de gauche ou de droite n'est plus le problème. Depuis des années le constat est le suivant. La classe politique mène une politique qui n'est même plus de droite. Ils cooptent un objet politique auto-organisé qui sert des puissants et qui les rend plus puissants. C'est de l'"égo-capitalisme". Un capital qui doit retourner à ses détenteurs avec un coefficient multiplicateur. Le gros avantage de ce système, c'est qu'il fonctionne trés bien dans tous les sens. Posséder le capital est peut-être à l'heure actuelle moins intéressant que de l'emprunter (cf Drahi, milliardaire en deux ans, 50 milliards de dettes au bas mot), créant ainsi une économie fondée sur la dette. Cela permet de doubler dans un premier temps l'amplitude, puisque les chiffres de l'économie parlent de dizaines de milliers de milliards de dollars en dette et de dizaines de milliers de milliards en produit intérieur brut. En d'autre terme entre moins cent euros sur votre compte et plus cent euros, cela crée une amplitude de deux cents. Vous avez doublé votre liberté d'action. Alors, si vous spéculez la dessus, c'est youpi youp la boom.
Dans cette utopie moderne, la croyance est la suivante : nous n'avons plus besoin d'Etat(s), car ces derniers freinent l'optimisation du capital, par le jeu des droits sociaux, des droits humains, des salaires de solidarité et des salaires indirects.
L'égo-capitalisme c'est la loi de la nature où l'homme est un animal comme les autres et l'égo-capitaliste le maître absolu. Dérive idéologique, intégrisme capitaliste, c'est le point précis où l'homme pense qu'il n'a pas besoin des autres pour vivre. Absolutisme rigoureux, sectaire, organisé autour d'une oligarchie, certainement mondiale.
Alors arrêtons de parler des socialistes et même de la droite en France. L'erreur c'est de croire que cette différentiation de projet politique et social existe. Il n'y a plus de projet global, il y a seulement un laisser-aller général où les citoyens se laissent berner par celui qui parle "bien" et ce dernier est forcément l'obligé d'un égo-capitaliste qui lui concède le droit d'être ce que l'égo-capitaliste décide de ce qu'il sera ou pas...
La dernière révolution a mis en évidence la nécessaire notion légale de citoyenneté. Il a fallu plus de deux siècles pour que celle-ci daigne reconnaître les mêmes droits aux femmes et butte sous nos yeux idiots sur la notion d'universalité de ce concept.
La révolution de demain, car elle aura fatalement lieu, devra instituer les rôles actifs du citoyen dans sa société, son milieu, son environnement. Le XXI° siècle doit accoucher d'une prise effective du rôle de tous citoyens dans les décisions concernant l'éco-système du milieu dans lequel il n'a d'autre choix que d'évoluer.
Alors ce n'est plus la gauche ou la droite qu'il faut critiquer, mais une intelligentia qui malgrès les étiquettes favorise cet "égo-capitalisme"; où la parole d'un homme (pour exemple Donald Trump), au nom de sa toute puissance égotique, met à mal tous les concepts philosophiques, politiques, sociaux, culturels que l'humanité cherche à acquérir despuis que l'histoire est histoire.
Ce sont eux qu'il faut combattre à présent. Les mettre à terre. Empêcher par tous les moyens que ces hydres ordonnent au monde leur médiocrité humaine.