Jean-Philippe VEYTIZOUX

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Billet de blog 16 mars 2012

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Anti-Front de gauche primaire, après Barbier , voici Raffy......

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Qu'arrive-t-il à la gauche libérale ? On n'attendait pas de cette dernière des louanges sur Jean-Luc Mélenchon mais les charges violentes de cette fin de semaine nous laissent pantois...

La volée de bois vert reçue par Christophe Barbier par les lecteurs même de l'Express suite à son édito du 14 mars n'a pas rebuté les amateurs du Mélenchon bashing de très mauvais goût.

Ce jour c'est Serge Raffy du Nouvel Obs qui prend le relais. A sa décharge, c'est dans une rubrique "Coup de gueule" que le papier est rendu public.

Cette convergence n'est pas fortuite. Demandons-nous pourquoi au moment où tous les candidats de gauche mènent des campagnes dont les dynamiques se complètent pour plomber l'UMPFN, de telles diatribes sortent? La raison de fond en est assez simple: les sociauxlibéraux souhaitent une victoire nette et solitaire contre les conservateurs. Un trop bon score du Front de Gauche plomberait leur orientation politique bipartiste où les adversaires s'entendent sur les questions macroéconomiques pour s'opposer sur les questions sociétales; un copié-collé de l'opposition démocrates-républicains aux USA ou bien encore travaillistes-conservateurs en Grande-Bretagne. Leur rêve c'est la même chose en France dont l'UMP et le PS seraient les protagonistes.

Voilà pourquoi, la violence du propos est supérieure à ce que l'on a pu lire de leur part sur la famille Le Pen , en particulier la fille.On sent d'ailleurs poindre un brin de regret chez Christophe Barbier:

"Le Pen demeure infréquentable sous le vernis du prénom" . Félicitons Jean-Luc Mélenchon d'avoir sérieusement savonné la planche de la chatelaine de Montretout.

La haine de Mélenchon s'explique par le fait que celui-ci au delà de mener une excellentissime campagne dézingue le modèle en gestation dans lequel les Barbier et Raffy ont beaucoup investi. Dans ce modèle, Le Pen n'est pas un danger mais une alliée objective qui joue le rôle de rabatteur vers les "belles personnes". Elle peut servir également de repoussoir pour quiconque veut s'appuyer sur une légitimité populaire à gauche, les voilà condamnés dans l'instant de populistes sans que l'on sache très bien ce que recouvre ce terme. Voilà donc pourquoi pour eux Mélenchon, c'est pire que LePen!!

Immédiatement, de noirs souvenirs nous reviennent et tout cela a un air furieux de "Plutôt Hitler que le Front Populaire". dans le style on est tout retourné d'une certaine parenté avec une verve empruntée à la presse ultra des années trente, ainsi Christophe Barbier dans un passage de son billet se lache carrément:

"Car Mélenchon, ténor les meilleurs jours et guignol les pires, a déjà réussi un exploit: ressusciter le Parti communiste. Le communisme mordu par Mélenchon, c'est un peu comme un vieux dragon qui aurait attrapé la dengue - ou la rage: il s'agite sans grande cohérence, mais crache à nouveau du feu."


Qu'ici où là, ailleurs dans l'article, il fasse bonne figure n'enlève rien à ce très noir passage.Et Raffy, ce jour sort , ou croit sortir, une nouveauté: Mélenchon fait le jeu de la droite et à droite on se félicite de ce candidat. C'est complètement faux et même idiot (En quoi lorsque des idées contraires aux votres progressent, votre camp se renforce ?). Mais ce qui nous intéresse n'est pas ici la pertinence de l'argument mais sa visée. La gauche gestionnaire qui critique l'autre gauche d'en faire trop et faire le jeu de la droite, cela nous ramène au temps lointain de la SFIO pendant les guerres coloniales. PCF, FLN et d'autres gachaient les chances de la paix en empêchant les personnes raisonnables de pouvoir discuter entre elles.

Et voici comment après s'être fracassée sur le mur de la décolonisation, il y a deux générations; la gauche des "belles personnes" se fracasse sur celui de la crise systémique du capitalisme.

Pour certains, Mélenchon cela rime avec Yveton. La guillotine ne fonctionne plus mais la volonté de nuire à la gauche radicale est identique.

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