C'est le sens de l'exhortation du Front de gauche au Parti Socialiste pour travailler la question aux législatives.
Serons nous entendus ? Pour le moment finissons le boulot contre Sarkozy le 6 mai mais ensuite les électeurs de gauche ne comprendraient pas que nous ne fassions pas Front contre le Front.
Ci-dessous, un article du blog du Monde (retouché en italique gras pour le titre par moi-même) dédié à la gauche de gauche sur cette affaire.
Législatives : le Front de gauche presse le PS de répondre à l’appel de Mélenchon sur le FN
Affiches de campagne de Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen à Strasbourg, le 22 avril.
Au lendemain de son élimination de la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon, qui a obtenu 11,10% des voix, ne veut rien lâcher au Front national. Lundi 23 avril, celui qui est désormais l'ancien candidat du Front de gauche a relancé son appel au PS pour faire barrage à l'extrême droite aux législatives. "Il y a 356 circonscriptions où Mme Le Pen peut maintenir ses candidats au deuxième tour. Je l'ai déjà dit avant : il est temps de s'accorder pour que nous ne soyons pas éliminés du deuxième tour, nous la gauche, et qu'on soit comme des imbéciles après avoir sorti Sarkozy de la présidence de la République, à se retrouver à être obligés de voter UMP pour ne pas voter Le Pen. Jamais !", s'est-il exclamé au JT de France 2.
Pour être présent au second tour des législatives, qui fonctionnent sur un scrutin uninominal à deux tours, il faut réaliser au moins 12,5 % des voix des inscrits. Si on projette les résultats de Marine Le Pen à la présidentielle, qui a obtenu 17,90 % des suffrages, le FN pourrait se maintenir dans 353 circonscriptions selon un décompte effectué par Le Monde. Un chiffre qu'il convient cependant de nuancer : il n'est pas certain que les candidats FN aux législatives fassent aussi bien que leur championne à la présidentielle. La participation pourrait également être plus faible lors de cette élection et plus l'abstention est forte, plus il est difficile pour les candidats d'arriver à dépasser le seuil de 12,5 % des voix.
"Cette question doit être travaillée sans délais"
M. Mélenchon, lui, a en tête les circonscriptions où non seulement le FN pourrait se maintenir au second tour mais surtout où la gauche pourrait être éliminée dès le premier tour. La question d'un éventuel accord entre les partis de gauche dans ces circonscriptions est un serpent de mer ces derniers mois. Le sujet a été à plusieurs reprises mais est resté sans suite. "La discussion n'a pas eu lieu car le PS n'en voulait pas. Ils nous ont dit qu'ils suspendaient les discussions à cause du 'capitaine de pédalo'", une formule utilisée en novembre 2011 par M. Mélenchon dans les colonnes du Journal du dimanche, souligne François Delapierre, son directeur de campagne.
"Au regard des résultats de dimanche et dans le cadre d'une défaite de Sarkozy, cette question doit être travaillée sans délais", estime Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF. Avant la présidentielle, le PS avait recensé 90 circonscriptions. Un chiffre qu'il serait nécessaire de revoir à l'aulne des résultats du FN à la présidentielle. L'idée pour le Front de gauche serait de se mettre d'accord sur une liste de circonscriptions et de n'y présenter qu'un candidat de gauche. Il faudra "obtenir une répartition égalitaire qui permette à chaque parti de s'y retrouver", souligne M. Delapierre.
Au PS, pas d'empressement à répondre
Au Front de gauche, on tient à préciser que la négociation s'arrêterait à ces circonscriptions menacées. "Il n'y a pas de deal, pas d'accord électoral avec le PS sur les législatives : il y a des candidats PS face à nous dans toutes les circonscriptions" précise M. Dartigolles avant d'ajouter : "Je ne peux imaginer que Martine Aubry et son équipe ne soient pas engagés dans une réflexion sur ces questions-là et ne jugent pas opportun de croiser ses analyses."
Du côté du PS, on y travaille effectivement mais on ne montre guère d'empressement à répondre à l'invitation du partenaire-concurrent de gauche. "En 2002, sur le papier, il y avait 350 circonscriptions où l'on expliquait que le FN pouvait se maintenir. A l'arrivée, il y en a eu 32", relativise Christophe Borgel, secrétaire national aux élections. En théorie, bien sûr, nulle réserve : "Nous avions déjà défendu l'idée que là où il y a risque d'élimination de la gauche, celle-ci doit être capable de se rassembler", indique M. Borgel en référence à un échange de courrier avec Eric Coquerel, courant février.
Mais la mise en pratique s'avère plus compliquée. La rue de Solférino, qui dans la perspective des législatives, a conclu un accord avec le mouvement écologiste, mais pas avec le Parti de gauche ni avec le PCF, entend gagner du temps : "Pour le moment, on est dans la présidentielle. Les élections législatives commencent le 7 mai. On a donc un peu de temps pour affiner les choses", poursuit M. Borgel, qui travaille depuis lundi sur les résultats de dimanche, circonscription par circonscription. Benoît Hamon, le porte-parole du PS, s'est lui montré plus clair. Interrogé mardi sur la question sur RFI, il s'est dit favorable, à tels accords. "Nous en discuterons avec Jean-Luc Mélenchon et le Front de Gauche pour voir dans quelles conditions ces accords peuvent se nouer", a-t-il précisé.
Quant à une initiative ou une sortie commune entre François Hollande et Jean-Luc Mélenchon, qui officiellement n'ont pas pris langue depuis dimanche soir, elle ne semble pas d'actualité. "Ce n'est ni leur intérêt, ni le nôtre", évacue un dirigeant du PS, pour qui "on ne va pas offrir à Sarkozy l'argument selon lequel Hollande est l'otage des folies gauchistes de Mélenchon !" Même son de cloche du côté du Front de gauche. "Si on s'affiche aux côtés de Hollande, ça va nous inciter à parler de nos différences et mieux vaut dans ce cas éviter", souligne Eric Coquerel, secrétaire national du Parti de gauche.
Raphaëlle Besse Desmoulières et David Revault d'Allonnes