Une large victoire de François Hollande est souhaitable, utile, nécessaire pour la transformation sociale et la Révolution Citoyenne.
Je reproduis ci-dessous un commentaire de ma part sur le fil d'un billet de Jonas Ekhr qui avait amené Edwy Plenel à faire un commentaire auquel je réponds donc ici , plus bas, je copie-colle le commentaire d'Edwy Plenel pour une meilleure compréhension de la divergence d'analyse:
Cher Edwy Plenel
Si je suis comme vous pas rassuré pour l'issue du 2nd tour et pense qu'il faut nous retrousser les manches pour assurer la victoire de la gauche, je ne partage pas votre point de vue sur les résultats du 1er et en particulier celui sur le score du Front de Gauche.
Que de jeunes gens sautillant, le drapeau rouge à la main, après la re-prise de La Bastille se soient laissés abuser par la vague sondagière qui d'ailleurs se tassait à partir du 12/13 avril et aient reçu un coup sur la tête passager le 22 avril à 20 heure est une chose. Mais , une fois la poussière retombée , le véritable score des uns et des autres se mesure non pas par rapport aux ultimes sondages mais par rapport aux scrutins précédents ou si l'on veut accorder quelque crédit aux instituts de sondage , par rapport aux estimations de début de campagne.
Dans les deux cas de figure, la progression du Front de Gauche est remarquable et c'est d'ailleurs quasiment à son seul crédit que l'on doit la progression globale de la gauche sur 2007. Si la gauche l'emporte le 6 mai, une fois la poussière retombée et balayée, vous entendrez autour de vous mille voix pour dire :" Ben, heureusement qu'y a eu Mélenchon et ses 11 points du 1er tour!!".
Pour apprécier ce résultat, il faut se souvenir également du non fondé de l'analyse de la plupart qui pensaient que cette candidature empièterait sur le score du candidat socialiste et disperserait les voix. Faux, dans les deux cas: le candidat PS obtient le score attendu quand Mélenchon était encore à 7 % dans les sondages et l'éparpillement de 2007 a été condensé dans une seule offre politique à gauche du PS. Nous aurions l'air malin ce matin si une ribambelle de nains à 2/3 % était le seul renfort de la gauche socialiste pour l'emporter.....comme en 2007!!
Pour le score du FN, qui m'horrifie comme tout le monde, il faut porter quelques nuances. D'abord le choc du 22 avril à 20 heure: 20 %!!! , la poussière de l'effet de choc retombé, le FN était ramené à 17.9 %. C'est trop, beaucoup trop, mais 17.9 ce n'est pas 20 %. Je l'ai encore appris, ce vrai score, au patron du bistro (de gauche, c'est possible!!) hier matin qui en était resté à 20 % avant d'éteindre sa télé de dépit.D'un coup un sourire est apparu sur son visage, insuffisant toutefois pour que même porteur d'une bonne nouvelle, le petit noir me fut payé !!
Oui, un sourire, car 17.9 et 20 % ce n'est pas pareil. Ce d'autant que tout avait été fait pour arriver à ce résultat par le président de la république en amon. Je m'explique: les batons mis dans les roues au moment des 500 signatures par l'UMP ont conduit au retrait des candidatures, Nihous, Boutin voire d'autres encore (Villepin, Morin) et avec celles-ci les scores auraient été sensiblement différents pour l'un comme pour l'autre.
Sarkozy et Le Pen auraient obtenu des scores sensiblement inférieurs à ce qu'ils sont, Dupont-Aignan étant sur un autre créneau. Si Marine Le Pen obtient un score inférieur au total extrême-droite de 2002 en pourcentage (17.9 contre 19.3), obtiendrait-elle aujourd'hui un score supérieur à son père tout seul en 2002 (16.8) si Sarkozy n'avait pas demandé aux chasseurs de rester au chenil et à la dame patronesse de remiser son missel ? Rien n'est moins sûr!
Voilà deux éléments d'analyse forts médiatiques qui prennent sérieusement du plomb dans l'aile ( et même sans chasseur 😉 ) et qui malheureusement structurent nombre d'esprits ce matin. Ce schéma est celui dans lequel voulait nous faire mariner Sarkozy dans l'entre deux tour depuis qu'il a mené une guerre sans pitié pour la non obtention des signatures.Il est arrivé au point auquel il voulait être rendu...à l'exception notable donc des 11.1 % de Jean-Luc Mélenchon.
C'est pourquoi, même si sur certains points vous avez tort, en définitive, vous avez raison....rien n'est joué!!! François Hollande doit être élu, et le plus largement possible sera le mieux.
Une victoire de Sarkozy serait catastrophique, une victoire courte de Hollande serait celle de l'homme fin tacticien, une victoire nette de François Hollande prendrait un caractère massif et citoyen qui montrerait un rejet profond des politiques menées depuis trente ans.
Instrumentalisons massivement le bulletin François Hollande, que le score, net et sans bavure, soit le vainqueur de la soirée et rendez-vous au 1er tour des législatives pour continuer l'ascension des résultats du Front de Gauche et mettre en pratique ce dont parle ce matin Mr Draghi, une politique de relance.
Ci-dessous donc, le commentaire d'Edwy Plenel:
Cher Jonas Ekhr, me méfiant par principe des pronostics assurés et des prévisions certaines, je partage votre sentiment, même si j'entends bien les raisonnements sur les reports de voix, qui s'appuient sur les motivations protestataires du vote FN et sur celles d'une partie des électeurs de droite ou centristes (autrement dit le référendum anti-Sarkozy). C'est d'ailleurs le sens de mon alerte sur la signification du premier tour (à lire ici). Où j'écris notamment ceci:
«L’espoir d’un échec du président sortant au soir du 6 mai par K.O. technique, fondé sur l’évaluation des reports de voix du premier tour, est assurément rationnel. Derrière la diversité des choix électoraux, les résultats du premier tour portent un référendum anti-Sarkozy dont témoignent aussi bien les motivations des électeurs frontistes que les calculs de l’état-major lepéniste qui rêve d’une implosion de l’UMP à son profit. Mais, politiquement, transformer cette probabilité en certitude relève de l’insouciance tant l’histoire à venir n’est jamais totalement écrite, entre aléas électoraux et volatilité des suffrages. Que n’a-t-on dit, ces dernières semaines, à propos de l’OPA de l’UMP sur les voix du FN ou de l’irrésistible percée du Front de gauche, qui fut démenti au soir du 22 avril ?
«Surtout, aussi probable soit-elle, une victoire de François Hollande surviendra dans un paysage électoral dont les tendances lourdes ne sont pas favorables à la gauche, notamment socialiste, qui profite d’un rejet plutôt qu’elle ne bénéficie d’une adhésion. Jamais l’extrême droite n’a obtenu autant de voix à un scrutin national (près de 6,5 millions) et jamais elle n’a été aussi forte dans l’électorat ouvrier (autour de 30 % selon certaines enquêtes). De plus, survenue alors que la droite s’est extrémisée, reprenant ses thématiques xénophobes et islamophobes, la progression de Marine Le Pen n’a pas empêché Nicolas Sarkozy de se maintenir à un score honorable de premier tour (27,18 %), à seulement 1,45 point d’écart, soit 500 000 voix, de son concurrent socialiste (28,63 %).»
La conclusion s'impose: si nous voulons ouvrir le champ des possibles, nous devons tous faire en sorte que Nicolas Sarkozy soit battu. Certains lecteurs expriment leur hésitation par manque d'enthousiasme ou d'adhésion pour la candidature de François Hollande. Cette attitude me semble relever de la politique du pire, c'est-à-dire d'une politique qui a toujours apporté des malheurs au plus grand nombre. Laisser réélire Nicolas Sarkozy est un luxe qu'aucun citoyen attaché à une République démocratique et sociale ne peut se permettre.
 
                 
             
            