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Billet de blog 2 octobre 2017

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"Monsieur le Président, nous avons besoin de la ligne 17 du Grand Paris Express"

Dans sa volonté quasi obsessionnelle de respecter les critères budgétaires imposés par Maastricht, le gouvernement remet en cause la réalisation de la ligne 17 du Grand Paris Express. Elle est pourtant un investissement nécessaire pour le désenclavement de l'Est du Val d'Oise où les populations sont depuis trop longtemps les oubliées du développement du Grand Paris.

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Une fois de plus comme en 2012, alors qu’aujourd’hui les premiers chantiers du Grand Paris Express ont débuté, il nous faut réagir après les annonces d’une remise en cause possible par le gouvernement de la réalisation de l’ensemble des lignes selon l’agenda arbitré il y a quatre ans et demi. En effet selon le site spécialisé Mobilettre lors d’une réunion durant l’été «  le Premier ministre a évoqué explicitement les lignes 17 et 18 susceptibles d’être reconsidérées dans leur calendrier et leur dimensionnement ». Au début du précédent quinquennat déjà ceux à Bercy ou ailleurs qui n’avaient pas pu empêcher la mise sur les rails du GPE s’effrayaient de son coût et des risques de dérapage financier au nom de la sauvegarde des sacro-saints équilibres budgétaires et de la maîtrise de la dette publique. Près de cinq ans après, les mêmes et avec eux quelques autres qui refusent tout développement de nos territoires,  repartent à l’assaut pour porter atteinte à l’intégrité du projet de métro automatique avant le prochain comité interministériel sur le Grand Paris.

 Comme il y cinq ans les mêmes arguments sont mis en avant. En premier lieu, le risque de dérapage des coûts. Peut-on de la même manière assurer qu’il n’y aura pas de dérive de la facture finale des JO ? M. le Président, le financement du nouveau métro n’est pas un problème puisqu’il est « exclusivement prélevé sur les richesses produites par l’Île-de-France elle-même » comme vous l’avez vous-même mentionné dans un entretien au magazine Grand Paris Développement en mars dernier avant l’élection présidentielle. En second lieu la ligne 17 serait inutile avec la réalisation du CDG express. L’ancien secrétaire d’Etat au développement de la Région Capitale Christian Blanc a parfaitement répondu : il existe un différentiel de 1 à 10 entre la ligne 17 et celle du CDG aboutissant à la gare de l’Est  qui est un véritable cul-de-sac dans Paris. Il y aura dix fois plus de passagers sur la ligne 17 que sur celle du CDG Express dont il conviendrait de démontrer, ce qui n’a pas été fait, la rentabilité  avec un prix de billet à plus de 25 euros. Alors que la ligne 17 desservira Le Mesnil-Amelot en Seine-et-Marne, l’aéroport CDG, les projets majeurs du corridor aéroportuaire, de Tremblay-en-France (Aérolians), du triangle de Gonesse (projet « Inventons la Métropole », Europa-City), du Bourget  (Musée de l’Air) à Saint-Denis Pleyel où elle sera connectée à la ligne 14. Sans oublier les correspondances avec la ligne 16 à la gare du Bourget-RER et avec la ligne 15 à Saint-Denis Pleyel. Actuellement 90% des déplacements vers Roissy se font en voiture alors que 90% des déplacements vers la Défense utilisent les transports en commun. En 2024 la ligne 17, avec les lignes 15 et 16, facilitera les déplacements des salariés travaillant sur la plate-forme aéroportuaire comme des passagers aériens et renforcera les possibilités d’accès à l’emploi pour les populations locales. Elle sera aussi un atout pour réussir la transition écologique à l’échelle du territoire métropolitain.

Monsieur le Président, nous voulons ensemble réussir les JO. La ligne 17 figure dans le dossier de candidature de Paris 2024 qui a déterminé comme objectif d’assurer un transport rapide, fiable et sécurisé. Cette ligne est indispensable car elle permettra aux passagers arrivant à l’aéroport de Roissy de se rendre sans rupture de charge au village olympique à Saint-Denis, au village des média au Bourget et aux différents sites olympiques et paralympiques. De plus grâce aux hôtels et aux équipements culturels et de loisirs prévus dans le cadre du projet Europa City sur le Triangle de Gonesse, le Val d’Oise qui n’accueillera pas d’épreuves, pourra ainsi contribuer à la réussite de cet événement majeur.

La fracture territoriale dans le nord francilien ne concerne pas uniquement la Seine-Saint-Denis mais aussi l’est du département du Val d’Oise. Le paradoxe réside dans la juxtaposition d’un pôle d’emplois majeur en Île-de-France et d’un territoire dont la population subit un chômage massif. On en connaît les raisons. Pour le Val d’Oise qui n’existe dans le Grand Paris que par la ligne 17 et qui ne peut compter que sur une seule gare sur les 68 gares du futur réseau, celle du Triangle de Gonesse, le Grand Paris Express est le métro de l’espoir. L’est du département est fortement impacté par les nuisances sonores et le trafic aérien de nuit sans suffisamment bénéficier des retombées économiques et des créations d’emplois, aggravant ainsi les déséquilibres sociaux, renforçant la ségrégation sociale et ethnique et entraînant  pour une partie du territoire un solde migratoire négatif. Autre paradoxe sur un secteur  à forte natalité dont la population est une des plus jeunes de France. La remise en cause de la ligne 17 sous quelque forme que ce soit nous abandonnerait avec comme seules perspectives,  l’aggravation des nuisances aéroportuaires (900000 mouvements d’avion à l’horizon de la prochaine décennie contre 480000 actuellement) et l’aggravation inévitable de la fracture territoriale.

La ligne 17 nous offre la chance de construire avec nos voisins de Seine-Saint-Denis et de la Métropole du Grand Paris un  territoire de projet en totale conformité avec le SDRIF. Nous avons beaucoup avancé. Depuis 2010 de débat public en enquête publique, nos projets sont à maturité en dépit des oppositions venues de l’extérieur. M. le Président, retarder ou modifier la réalisation de la ligne 17 serait non seulement une injustice mais une erreur. Une erreur parce que l’enjeu de l’organisation de la porte d’entrée internationale du Grand Paris est un défi majeur exigeant une approche équilibrée d’aménagement du territoire aéroportuaire du Grand Roissy en particulier liée à la croissance du transport aérien. Une erreur parce que l’impératif est de répondre enfin aux attentes de la population locale en termes d’emploi, de cadre de vie et de considération.

 A la veille de votre élection à la présidence de la République, vous indiquiez avec justesse  au sujet du futur métro dans Grand Paris Développement: « Tout est fait pour que ce soit une réussite et une fierté française. J’observe d’ailleurs que ce grand projet a passé sans encombre l’alternance politique de 2012, je suis de ceux qui y ont veillé, et c’est très bien ainsi ». C’est très bien ainsi en effet, M. le Président. La ligne 17 doit passer sans encombre l’alternance de 2017.   

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