Né à Tarbes en 1854, rue Brauhauban, et mort en 1919, il y aura bientôt 100 ans, Laurent Tailhade passa son bac au lycée Théophile Gautier en 1874. Peut-être peut-on encore y voir son pupitre ? Peu intéressé par les études, il se consacre assez vite à la poésie et s’installe à Paris.
En 1886, son père ne supportant plus de le voir mener une vie dissolue, lui coupe les vivres et le force à rentrer à Bagnères, où habite alors la famille. Au cours de l’été, il rédige un périodique Le Courrier de la Saison, puis Le Paillasson, violente critique de la société bagnéraise.
Après un séjour à Toulouse où il devient Franc-Maçon, Tailhade repart à paris retrouver ses amis artistes. Il entre au journal La Plume, au Mercure Français et à L’Ermitage, tout en publiant les ouvrages « Vitraux » et Au Pays du Mufle ». L’écrivain se donne alors l’aspect d’un dandy à cravate rouge, faisant souvent le coup de poing pour défendre une pièce anarchiste, entrant parfois dans des églises pour y apostropher le prêtre en plein office.
En 1893, il s’amuse de l’attentat de Vaillant à l’assemblée nationale (un super gilet jaune d’alors) mais il est mutilé par l’explosion d’une bombe en 1894. Ses blessures graves le feront souffrir toute sa vie. A partir de 1895, entre deux séjours à l’hôpital, Tailhade écrit dans l’Echo de Paris et il se lie avec Zola, Anatole France et Jaurès. Le Libertaire, feuille anarchiste accueille ses articles sur « Les Vilenies du Christianisme ». En 1896, il travaille pour Le Voltaire et La Revue Rouge.
Laurent Tailhade, fatigué par les drogues, passe l’été 1896 à Lannemezan chez sa mère. Il dort peu et ne mange presque plus. En juin 1896, il donne une conférence à Toulouse sur Verlaine. Quasi à l’agonie, Tailhade suit une cure de désintoxication et, en janvier 1897, il doit se faire retirer un œil, criblé d’éclats de verre. Il trouve un emploi tout-à-fait rémunérateur à La Dépêche.
La Dépêche, premier janvier 1897 : « La Fontaine Desca. Mr Laurent Tailhade, en ce moment à Toulouse, veut bien nous adresser la chronique suivante : Aujourd’hui, premier janvier 1897, la ville de Tarbes prend livraison de la fontaine monumentale, édifiée sur la place du Marcadieu, par le sculpteur Desca. Voilà certes, de belles étrennes, ces eaux jaillissant parmi les architectures et les simulacres d’un grand artiste. Ce rêve de beauté magnifiant tout-à-coup la laideur d’un marché provincial…
La majesté de l’ensemble, l’imprévu grandiose de chaque détail en font une pièce unique dans le pays de Bigorre, assez pauvre en objets d’art.
Avant même que la draperie symbolique fût tombée pour intégrer aux yeux de tous ornements et statues, la fontaine Desca avait reçu le baptême de la bêtise cléricale et de la calomnie… » A Suivre - Laurent Tailhade.
JP Boudet https://www.histopresse.com
Agrandissement : Illustration 1