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Il semble que les problèmes du pays ne datent pas d'hier! Au moins autrefois, les salaires étaient un peu augmentés. Depuis quand cela n'a pas été réellement fait? L'inflation était compensée par des hausses de salaires. Et de nos jours, on n'a que les yeux pour pleurer!
Une année explosive : 1974.
Libération, 2 janvier 1974 - Pompidou à la télé – Certains ont trouvé qu’il ressemblait à une vieille femme, d’autres ont dit qu’il avait maigri, les mêmes ont insinué que « c’était à cause du maquillage… ». En tout cas, les vœux télévisés du président le la République n’ont pas eu l’importance qu’on leur prêtait par avance de « source autorisée ». Pompidou devait, paraît-il, dire beaucoup de choses ; en réalité, il a balancé à la télévision une chanson de routine où les couplets, forts ressemblants à des vérités de Lapalisse. Rien d’étonnant. La presse a repris les petites phrases : « L’année sera difficile et incertaine » (L’Humanité). « Tout sera fait en 1974 pour maintenir le niveau de vie et éviter une crise généralisée de l’emploi » (Le Figaro). « Soyons unis et le ciel s’éclaircira ». (Le Parisien Libéré)… Les petites phrases du vieux monde qui morcelle la vie dans ses allocutions de fin d’année.
La situation est « à la crise ». Le bon président l’avoue lui-même. Pourtant, il affiche une sérénité et un optimisme de bon ton. Une fois de plus, le régime enfourche son vieux cheval de bataille qui parle de sagesse, de volonté, d’espérance et d’union entre tous les Français… Un vieux cheval mort. Non, messieurs, nous ne vous croyons pas. Vos discours sont de la clarinette. Vous demandez aux Français de s’unir avec vous, c’est une plaisanterie !
Comment s’unir avec des gens qui mentent et se contredisent à longueur d’année ? Comment s’unir avec des gens qui envoient les CRS à Lip et qui sont devenus les spécialistes des écoutes téléphoniques ?
Comment s’unir avec des gens qui préfèrent laisser mourir des femmes plutôt que d’autoriser l’avortement ?
Nous n’avons rien à faire avec eux, leur monde n’est pas le nôtre. Le nôtre, cette année, passe par Besançon, où les Lip réinventent la vie. Le nôtre, c’est le printemps des lycéens, le rassemblement du Larzac, le combat des ouvrières de Cerizay. C’est Libération, c’est l’immense mouvement de soutien qui l’a sauvé, c’est la nouvelle vie qui lézarde le vieux monde. »
Libération, 3 janvier 1974 : « Poisson d’avril en janvier : 1,5% d’augmentation pour les fonctionnaires. Tout augmente. Même les fonctionnaires. Une des premières décisions du premier conseil des ministres de l’année 1974 a consisté à augmenter les traitements des fonctionnaires civils et militaires de l’État de 1,5% à compter du 1er janvier. Il s’agit d’une avance sur le montant qui devra être fixé définitivement afin d’assurer aux fonctionnaires une petite progression dérisoire du pouvoir d’achat de 2% en 1973, prévue par le gouvernement. On en a marre des mots : pouvoir d’achat, tant %...sur ce terrain-là, on en ressort toujours marron. C’est tout juste si on ne doit pas s’estimer heureux. Le 6 décembre, beaucoup ont manifesté contre la hausse du coût de la vie. Ce qui n’empêche qu’en ce même mois, on a payé bien gentiment nos impôts, la vignette, et que maintenant, on va devoir payer 2,50 de plus, le beefsteak, et peut-être 1,60 le litre de super. Tout cela pour financer… ce dont on ne veut plus. On se prend à rêver à des refus collectifs. Enfin, dire non. Payer au boucher ou au pompiste, mais déduire cela de nos impôts. Un jour, peut-être…
En attendant, c’est la rage au cœur qu’on casque, nous, le grand club de ceux qui recherchons un logement, une crèche… Leur note est salée. La nôtre le sera aussi. »