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Billet de blog 22 avril 2019

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La Révolution française et la presse: 1789 - 1792, dénoncer les corrompus!

Le Journal du Diable de Labenette, en 1790, va nous permettre d'entrer dans le corps des puissants de ce monde afin d'en dénoncer les complots. Une telle publication nous serait bien utile de nos jours alors que le peuple est toujours et encore malmené.

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Illustration 1
Labenette journaliste © inconnu

Grâce à la déclaration des Droits de l'Homme, il devient relativement possible de communiquer ses pensées et ses opinions, sauf à répondre de l'abus de cette liberté. En 1788, quatre journaux étaient imprimés à Paris et soixante en province. En 1790, on passe à 335 périodiques dans la capitale et à plus de cinq centes en province.

Labenette publie, dès  1790 le Journal du Diable puis le Journal des Droits de l'Homme en 1791 et, en 1792, le Journal de la Savonnette Républicaine.

Journal du Diable, 1790

Labenette, rédacteur de cette feuille originale, commença sa publication le 26 mars 1790. Dans son numéro un, il nous déclare que les moines, les traîtres Bertier, Flesselles, de Launay… qui sont aux enfers ont réussi à comploter contre le Diable et à le remplacer. Ils ont éteint toutes les chaudières qui consumaient les âmes et les font conspirer contre le monarque des enfers. Le Diable confie ses malheurs à Bertier qui le charge de rédiger un journal sur terre en rentrant dans les âmes corrompues. Le nouveau roi des enfers, Bertier, l’enverra de temps en temps à l’assemblée nationale pour observer certains individus.

Journal du Diable, No 13, mai 1790.

Le Diable dans le corps de la femme Polignac.

« Voyez, Français, à quels maux je m’expose par rapport à vous. J’apprends que la marquise de Polignac* conspire contre vous, et, sur le champ, je vais la trouver pour découvrir ses mauvais desseins. C’est un volcan que cette femme-là ! A peine entré dans son âme, je reconnais que l’enfer dont on m’avait chassé, n’en était plus un pour moi. Le véritable, celui où l’on éprouve des tourments inouïs, est placé dans l’intérieur de cette femme infernale. Elle venait de recevoir une lettre de son ami Necker. C’est elle qui parle : Mes espérances sont donc détruites! … Necker, le Français te méprise. Tu n’as pas pu le tromper jusqu’au bout. Va, je te méprise à mon tour. Je te croyais des talents supérieurs. Il n’en est rien, tant mieux ! Je voudrais maintenant que, pour m’avoir flattée en vain, tu sois la victime de tes fausses manœuvres. Etait-il donc besoin de confier le soin de mon bonheur à un imbécile ! Qu’as-tu donc fait du plan que je t’avais donné ? Quoi, Paris n’a point sauté en l’air ? Ses habitants n’ont point été ensevelis sous les débris ? Tu t’es laissé deviner ! Tête légère ! Imprudent ministre ! L’or qui devait t’assurer le succès n’a donc disparu de tes mains que pour compromettre l’honneur et la vie de nos princes fugitifs et de tous nos généraux conspirateurs? … La maison des Polignac, grâce à tes inepties va donc s’écrouler aux yeux d’un peuple forcené… Lâche ! Tes lenteurs à nous faire passer des fonds ont suspendu tous les projets d’attaque que nous avions formés. Ligués avec quelques puissances de l’Europe, nous allions renverser l’édifice monstrueux d’un sénat républicain… »

Nous vous informerons régulièrement des découvertes du Diable, et notamment sur les desseins des députés de l'assemblée nationale.

*En mars 1790, la famille de Polignac quitta la France et se réfugia à Venise.

Plus d'infos sur la presse de la Révolution  en visitant https://www.histopresse.com

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