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Billet de blog 22 octobre 2019

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Léonard de Vinci et Laurent Tailhade, de 1519 à 1919!

On va commémorer de Vinci et oublier Tailhade!

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Illustration 1
Ma Joconde 2 © Jean-Pierre Boudet

Le vol de la Joconde 2

Les Parisiens, une fois de plus, auront la chance de pouvoir visiter une exposition consacrée à la gloire de Léonard de Vinci, mort en mai 1519. Les Pyrénéens auraient pu bénéficier d’une rétrospective sur l’écrivain et poète bigourdan Laurent Tailhade, mort le 2 novembre 1919. Ce ne sera probablement pas le cas. Mêlant les deux sujets, cet article rappellera la mésaventure survenue à Mona Lisa, peinte par Léonard de Vinci et volée dans le musée du Louvre, le 22 août 1911.

Comoedia, 4 septembre 1911 : « … La France est en deuil… C’est un deuil national… Cette dame sous cadre, puis sous verre, que les conservateurs de musée avec un zèle soutenu, peignent, lavent, décapent, repeignent et vernissent, tantôt au jus d’oignon, tantôt à la gomme adragante, ne faisait partie, au moins est-il permis de le supposer, ni de leur famille, ni de leur héritage, ce qui ne les empêche d’ailleurs point de frapper leurs estomacs, de se lamenter comme si quelque opérateur facétieux leur avait décroché une molaire !

Ce quadragénaire alcoolique, joueur de dominos, habitué des cafés, geint à l’unisson du comptable qui prenait, jusqu’ici, le Louvre pour un magasin de nouveautés. Ces gens-là ont trouvé le mot d’ordre, l’émotion de la semaine, le mouchoir où pleurer. Et les voilà pleurant à mouchoir que veux-tu ! Ils ne sont pas les seuls à s’humecter ainsi… Néanmoins, il faut vivre et marcher, comme disait Goethe, par-delà les tombes, en avant ! Donc, après avoir gémi tout notre saoul et commandé les plus beaux crêpes, essayons de chercher, dans la pluralité des mondes, quelque sujet lointain de consolation.

Les gens qui s’intéressent à la peinture, qui hantent les collections et se préoccupent, devant un tableau, d’autre chose que du prix qu’il vaut et de l’anecdote qu’il représente, auront, même sans quitter la France et Léonard, des motifs d’accoster leur désespoir. Le Bacchus ne semble pas à dédaigner. Le Saint Jean-Baptiste passe communément pour un morceau de quelque valeur. Dans ces jouvenceaux d’une beauté si fière et si mélancolique, dans ces figures de la belle et tragique Florence, ils retrouveront le plus grand génie, et vraiment le surhomme de la Renaissance italienne…

Ceux-là, d’ailleurs, ont vu L’Annonciation, La Vénus des Offices, tous les chefs-d’œuvre du maître universel. Eux qui savent pourquoi il convient de regretter La Joconde, se résigneront aisément à la pensée agréable des services sans nombre que ce vol a rendus. Tout d’abord, il fournit aux quidams un thème de conversation… » Laurent Tailhade.

      JP Boudet https://www.histopresse.com.

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