Parler d'anarchistes radicaux est un pléonasme dont les agences de communication gouvernementale pourraient s'éviter l'usage sauf à espérer diviser les anarchistes entre eux et je leur souhaite bien du courage.
Avant que les gros bras de l’État des choses n'interviennent pour rétablir la loi du marché, les anarchistes radicaux de la zad semblaient poser beaucoup moins de problème de radicalité et avaient même pour objectif de tenter de vivre pépère au fond d'un bois. Au fond c'est peut-être aussi cela qui dérange et effraie autant notre fringuant président et sa court.
Toute proportion gardée bien entendu, cela m'évoque quelque peu la période coloniale quand en fonction de la grande sensibilité des uns et des autres, il fallait soit exterminer, soit civiliser les indigènes réfractaires aux valeurs de la bourse.
Si chacun à le droit de juger de la radicalité d'une personne parce qu'elle pense simplement que la terre, la nourriture, l'eau devrait être gratuite, j'aimerai en contrepartie que chacun soit, en son âme et conscience, juge du niveau de radicalité de la politique gouvernementale.
Quel est votre jugement concernant la loi sur l'immigration qui met fin à l'hébergement d'urgence inconditionnel et va laisser nombres de migrants sans logement et nourriture.
Sur les services d'urgences débordés et sur ceux qui y meurent.
Sur les lits fermés d’hôpitaux plein à ras bord
J'aimerai votre jugement sur le renforcement du contrôle des chômeurs, sur la baisse des APL. J'aimerai votre jugement sur les jeunes qui se verront fermés les portes de l'enseignement supérieur malgré le fait d'avoir obtenu le BAC.
J'aimerai votre avis sur les méthodes d'intervention que certains policiers utilisent dans les quartiers, ou celles qui ont été largement utilisées lors des manifestations contre la loi travail.
Comme toujours, la véritable radicalité politique se terre derrière les lambris dorées du pouvoir qui se dissimule hypocritement derrière les discours humanistes des chargés de communications, mais lorsque le masque tombe c'est toute cette vacuité qui tombent avec lui.
La morale bourgeoise finit là ou se trouve au final la seule vraie valeur pour eux, au fond du portefeuille, cette valeur qui les aveugles, les rassures aussi, celle qui leur donne l'impression d'exister vraiment, celle qui les rends importants, cette valeur qui les protèges du désordre qu'elle sème, la seule qui leur permet de donner un sens à leur vie.
Alors oui, intellectuellement, politiquement, philosophiquement, éthiquement, poétiquement, la ZAD est porteuse de sens, c'est une respiration, un bol d’oxygène dans ce monde suffoquant.
Le plus surprenant, et inquiétant dans cette histoire, c'est que beaucoup d'entre nous sommes incapables aujourd'hui de tolérer, d'accepter cette différence, cette singularité.
Brandir la morale, le code pénal et les lois du marché de la république comme étendard à chaque intervention télévisé pour donner du sens au retour de l'ordre des choses dans cet insignifiant espace qu'est la ZAD, dans les entreprises et les quartiers populaires démontre la grande désolation, la grande pauvreté de ceux qui prétendent à la gouvernance de nos vies.