Jean Pierre IVALDI

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Billet de blog 12 novembre 2014

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L'hypothèse Jean Jacques Rousseau

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le drame de Sivens a éclairé avec force les enjeux du temps présent, comme l'exprime très bien le sociologue et philosophe Edgar Morin.à la suite de la mort de Remy Fraisse dans son article du monde du 7/11/2014 sous le titre "Rémi Fraisse, victime d'une guerre de civilisation" .

En toile de fond des enjeux de démocratie, de mixité sociale, de sécurité sociale, d'écologie, ce à quoi nous assistons aujourd'hui et qui traverse toute ces luttes, est une lutte de la vie, pour la vie. Lutte pour la vie de la démocratie contre la catastrophe annoncée que serait pour notre pays, mais pas seulement, l'arrivée des idées du front national au pouvoir. Lutte  pour la vie de nos quartier contre les conséquences qu'aurait cette accession au pouvoir politique du F haine. Lutte pour la survie contre les projets de démolition des droits sociaux et économiques (sécurité sociale) issus du conseil national de la résistancet et lutte contre les projets qui détruisent les solidarités, locales, nationales et internationales que porte le FN... mais pas seulement, lutte pour la survie contre cette économie qui détruit à petit feu les solidarités, notre environnement et notre santé et lutte contre la bouillie intellectuelle qui nous met en demeure de nous adapter aux réalitées dominantes, présentées, évidemment, comme, Le Progrès.

Mais ce serait faire preuve de la plus extrême ignorance, et de la plus dangereuse analyse intellectuelle, que de penser que la lutte à laquelle nos assistons en France est nouvelle et circonscrite à notre pays. C'est la lutte historique des envahisseurs contre les envahis, des maîtres contre les esclaves, des exploiteurs contre les exploités,  du patronat contre le salariat, des dominants contre les dominés, des pays dominants contre les pays dominés. Ce que certain ont pu appeler théologiquement le bien contre le mal, les civilisés contre les "barbares", les modernes contre les archaïques.

C'est la même lutte pour la survie, pour la dignité, pour leur liberté qui nous a été opposé par les peuples dits "sauvages" que nous avons  massacré et conquis en brandissant devant nos intérêts l'étendard des religons puis plus sournoisement celui des valeurs des hommes des lumières, de la révolution française, américaine, ou les deux à la foi.

Nous assistons aujourd'hui à une lutte du vivant, de ce qui est vivant, de ce qui est encore vivant, contre ce que nous nommerons capitalisme, capitalisme pris comme l'extension sans fin de la marchandisation du monde, à travers la colonisation, par la violence, l'argent, la force et/ou la ruse, par la transmission des us et coutumes des dominants du moment entre eux et autour d'eux, auto-justification de la colonisation de l'imaginaire des hommes qui habite le monde, de tout les hommes qui l'habite, sans exception, en fonction des degrés de conscience ou d'inconscience de chacun. Lutte idéologique me direz-vous peut-être, ou simple lutte de la raison qui ne soit pas une lutte pour la raison du plus fort contre le faible.

j'ai lu deux ouvrages récemment qui m'interrogent fortement.

Dans un premier temps "Discours sur l'origine et le fondement des inégalités entre les hommes" de Jean jacques Rousseau que peut-être, sans doute, certain d'entre vous connaissent déjà, et dans un deuxième temps "le problème Jean jacques Rousseau" de Ernst Cassirer paru aux éditions Pluriel en 2012. Dans la préface il est indiqué que Ernst Cassirer est l'un des philosophes allemands majeur du XXème siècle. Né en 1874 et décédé en 1945, Ernst Cassirer était d'origine juive et a dû fuir l'Allemagne nazi, il est décédé en Suède.

La préface est de Jean starobonski, je cite

« Dans cet essai consacré à Rousseau, Cassirer met en lumière le paradoxe central de la pensée du genevois :  « Comment le mal et le péché peuvent-il être imputés à la nature humaine, si celle-ci, dans sa constitution primitive, est libre de tout mal, de tout péché, s'il n'y a pas eu de corruption radicale ? »

Une analyse rigoureuse des textes, nourrie par une grande érudition, lui permet de développer cette interrogation en montrant comment, chez Rousseau, la nature sociale de l'homme est ce qui rend compte tant du mal que d'une possibilité de salut qui se situe dans l'horizon du politique. Rousseau, en faisant de l'ordre politique et moral un ordre autonome, est ainsi bien le grand précurseur de notre modernité. La préface de Jean Starobinski souligne l'étonnante modernité de cette lecture, selon laquelle Rousseau est le plus moderne des penseurs des lumières. »

Très bonne lecture

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