Après un long voyage
J’ai fini par retrouver l'univers familier
De ma terre, de son ciel,
Des nuages au-dessus de nos têtes
J’ai donc enfin remis les pieds sur terre.
Assis en face de moi,
Un vieil homme me raconte la terre,
Il me raconte l’histoire de notre terre,
Les plis, les cicatrices, sur son visage,
Son corps, racontent un long voyage.
Il me raconte les couleurs de la terre,
La profusion, la diversité, la rareté de la vie,
La dureté, les odeurs de la terre,
La fragilité, La parole, les sons, les chants de la terre,
Les jours, les longues nuits, les étoiles,
Les colères de la terre,
Les peurs, les joies de la terre,
La chaleur, le froid,
La pluie, le vent
Il me raconte, les pères, les mères,
Les sœurs et les frères,
Les enfants de la terre.
Il me raconte l'amour,
Il raconte aussi la vie et la mort,
La mort et puis la vie,
Sans fin, jusqu’au bord du présent
Il m'explique également la peine,
La douleur, parfois La colère
Et puis il me raconte l’arrivée soudaine des propriétaires,
De ceux qui dirent ce qu'il fallait faire, comment le faire,
De ceux qui dirent comment il fallait penser, vivre.
L'ancien me contât alors, l'âme brisée du monde des hommes,
L’âme des hommes ne leur appartenu plus vraiment.
L'ancien me dit qu’à partir de ce jour,
Les hommes et les femmes se mirent à errer,
Qu'ils appartenaient dorénavant à de, petits bouts de terre,
Qu’ils appartenaient maintenant à de, petits bouts de matières.
L'ancien me dit encore qu'avec le temps,
Un murmure se répandit à la surface de la terre,
Les âmes de la terre n'existeraient qu'après la mort,
L'esprit de la terre était une chimère.
L'ancien me dit qu'il y eu alors une vérité,
Une vérité cachée, une vérité tue de génération en génération,
Une vérité qui faisait peur à tous car,
Lorsqu'elle parvenait quelquefois
A percer de sous la surface du miroir,
Et à pénétrer le visage des hommes et des femmes,
Le monde alors s'en retrouvait bouleversé
L 'ancien me racontât qu'un jour,
Les âmes s’étant vendues de mieux en mieux,
Au fil des générations,
Au fil des pères et des mères,
Personne ne se souvenant qu'il n'était déjà plus vraiment lui même,
Il devenait ainsi toujours plus difficile de penser
Qu'un jour, Il y a bien longtemps,
Nous aurions seulement pu être nous-mêmes.
Nous sommes devenus ainsi étrangers à nous mêmes, et aux autres.
Et à la terre rajoutât l’ancien, et à la terre
Perdu, insatisfait, en quêtes perpétuelles de soi,
Nous avons passé depuis lors notre temps
A chercher satisfaction dans des artifices.
Et pour cela nous continuons
A asservir nos sœurs et nos frères,
Pour cela nous faisons souffrir nos enfants,
Pour cela nous détruisons toujours la terre
Depuis lors me dit-il,
Pressentant que quelque chose clochait,
Certains hommes cherchent sans répit,
Comment en sommes-nous arrivés là,
Comment faire pour améliorer la situation.
Certains cherchent même parfois à savoir
Qui donc pouvons-nous bien être pour en arriver là.
Depuis, les hommes ont surtout du mal à s’écouter, à s’entendre,
Rajoutât-il d’un air malicieux
L’ancien se pencha alors vers moi,
Il me chuchota doucement au creux de l'oreille,
que chacun d'entre nous, Sans aucune exception,
Cela tant que nous existons, avons encore une âme,
Mais qu'elles se retrouvent toujours tellement seules,
Tellement isolées les unes des autres,
Qu’elles se retirent,
Lentement, chacune, une par une,
Les âmes se retirent aux rythmes des enfants grandissant,
Des hommes et des femmes vieillissant.
Aux rythmes du temps passant,
Les âmes se retirent dans un endroit du bord du monde
Dans l’attente que la raison et les réclament.
L'ancien me soufflât encore
Que pour retrouver la paix
Cela ne tenait qu'à chacun de nous,
Que tous, nous naissions libres
D'aller au bord du monde
Et de revenir avec notre âme,
Et que nul d’entre nous
Ne pouvait prétendre l'interdire aux autres,
Ni l’obliger aux autres,
J'étais là, devant ce très vieil homme,
Depuis ce qu'il me semblait être une éternité,
Lorsqu'il me dit qu'il était tellement vieux,
Qu’il ne se rappelait plus depuis quand
Il chuchotait à l'oreille de ses sœurs et de ses frères,
Le souffle de la terre, le vent de la liberté