De la valeur
Petit traité critique d'histoire d'économie politique
A l'usage des hommes et des femmes d'aujourd'hui
et des générations futures
Lorsque je ferme les yeux
Ce n'est ni l'herbe folle
Ni même les forêts les montagnes
Que j'aperçois au loin
C'est le mur des hommes bleus
Lorsque j'abaisse mes paupières
Ce n'est plus l'horizon
Ce n'est plus l'infini
Ni même l'éternité
Que j'entrevois au loin
C'est le mur tout en vert
De nos enfants perdus
Qui jouent encore et toujours
A jouer à la guerre
Au nom de La valeur
Pour protéger nos peurs
Tes polices nous contrôlent
Tes armées nous font peur
Maintenant lorsque j'ouvre mes yeux
Je vois de mieux en mieux
Autour de ton orbite
Le vide sombre et inquiétant
D'où provient le néant
Et d'où jaillit la mort
Au nom de ta valeur
Et de sa liberté
Tu as fait massacrer
Sans trembler, ni pitié
Hommes, femmes et enfants
Qui osaient te défier
Des révoltes tribales
A celles paysannes
Des émeutes de la faim
Aux révoltes ouvrières
Des grèves de Laurium
Aux mineurs d'Anzin
Depuis ton avènement
Sur les cinq continents
De révoltes matées
Par tes esclaves divins
Aux révolutions trahies
Par tes marchands de bien
Des guerres de tranchées
Aux guerres impérialistes
De tes plans sociaux
Aux plans d'austérités
Ta liberté déployée
Est celle de laquais
Et de leurs esclaves
Tu ouvres des camps
De travail de transit
Ou bien d'internement
Et dans ton hystérie
Ceux de concentration
Jusqu’à l’extermination
Tu étends sur la terre
D’interminables murs
De béton et de brique
Tu tisses sur la planète
Et à l'intérieur des têtes
D'interminables toiles de fil
En fer barbelés
Dans ce monde finit
Qui n'en finit plus de ressembler
A une immense geôle
Une prison contenant
Les esclaves et les maîtres
Une prison contenant
Les gardiens et leurs fous
Les fous d'identités
Les fous des dieux
Et ceux du blé
De Bhopal à Tchernobyl
Aux terres souillées de l'Athabasca
Des projets destructeurs
Aux projets inutiles
De notre dame des landes
A Sivens et Roybon
Aux fermes folles
De leur cent
Et mille vaches
Des exploitations intensives
A leurs mortifères pesticides
Jusqu’aux semences transgéniques
De la terre vivante
Pour assouvir ta soif
Tu n'en finis pas de faire
Une terre impropre
Et inhospitalière
Des enfants, des hommes et des femmes,
Qui naissent plus égaux que libres
Tu n'as a leur offrir
En guise d'avenir
Qu'une liberté soumise
A ton insatiable appétit
De l'humanité parquée
A l'Humanité fliquée
Des âmes mutilées,
Aux âmes aliénées
Jusqu'à la trans-humanité
Humanités réduites
Aux valeurs marchandes
Humanité abandonnée
A ses théologiens ses prêtres
Qui ne nous reconnaissent
Comme possible existence
De n’être qu’un moyen
Ou une contrariété
Tous les adeptes du fétiche
Qui ne peuvent même plus
Rêver à une humanité
Capable de déchirer la nuit
Mais il y a des lieux, des espaces
Où les gens aux creux des lits
Feront toujours des rêves