Partons de ce fait : sans le soutien massif, financier et militaire de puissances chrétiennes jamais Israël n’aurait pu se projeter, comme elle le fait aujourd’hui, en tant que Grand Israël avec, à la clef, la terreur génocidaire nécessaire au nettoyage ethnique que le projet impose.
Quand on observe ce qui se passe dans les médias parallèles on constate que l’interprétation antisémite du génocide à Gaza privilégie précisément la mise en cause des Juifs.
Certains d’entre eux ne constituent pourtant que le maillon humain d’une chaîne de violence dont le cœur réside dans un projet issu du christianisme et qui consiste, après une phase judéo-chrétienne, à vouloir (re)christianiser une partie significative du Moyen Orient. Jérusalem capitale juive et israélienne puis capitale chrétienne avec le Christ roi comme emblème. Capitale symbolique d’un Occident chrétien rayonnant sur le monde contre aussi bien l’Islam que le » Communisme » chinois.
Il se peut qu’on me prête ainsi quelque délire interprétatif. Mais je crois savoir que tel est le programme des puissants Evangélistes. On a le droit de penser que, si tel est bien le cas, c’est un pur délire et qui plus est source de tragédies. Et si tel est donc bien le cas on peut aussi apercevoir le ridicule pathétique de l’affaire. Mais, pour le coup, le ridicule est particulièrement tueur.
Le monde « occidental » est dans l’impasse et s’invente des horizons tragi-bouffons. Comme on le voit à la façon dont l’ami de Xi Jinping, Vladimir Poutine, se joue du génocidaire Donald Trump. Au bal des Vampires les occidentaux dansent en lambeaux. Quoique sur le cadavre de milliers d’enfants palestiniens. Voilà qui sera, pour l’avenir, une carte de visite qui fera pouffer de rire XI Jinping grand amateur, comme on sait, de droits de l’homme.
Nous vivons ainsi dans un château de cartes dont une partie déjà s’effondre.
Imaginons l’effet que pourrait avoir la diffusion d’une sorte de CV ainsi rédigé :
- Soutien inconditionnel à Israël
- Lutte résolue contre l’antisémitisme
- Environ 20000 enfants palestiniens « neutralisés » soit qu’ils aient été tués soit qu’ils aient été gravement amputés.
1 - Ici même l’antisémitisme présente une première utilité. Bien entendu l’opposition résolue à la politique pro-israélienne n’a rien à faire sur le fond avec l’antisémitisme. Mais la colorisation antisémite de nombreuses « critiques » permet déjà de criminaliser la critique de la politique israélienne. Demandez le cessez le feu immédiat ce serait déjà de l’antisémitisme laissant ainsi clairement entendre que cela revient en effet à dénier à Israël le droit à l’autodéfense. L’agression contre la population palestinienne déguisée par ailleurs en « légitime défense ».
2 - Une seconde utilité de l’antisémitisme est encore plus perverse. Elle consiste précisément à permettre de fixer l’accusation de génocide sur les « sionistes » en tant que Juifs. On retrouve là la vieille idée du bouc émissaire. Et alors même que sans l’apport décisif du christianisme messianique et suprémaciste cela n’aurait pas lieu l’antisémitisme contribue à mettre l’éclairage sur une culpabilité juive. « Les juifs » ne feraient, à Gaza, qu’être fidèles à leur vraie nature. Bref des chrétiens génocidaires agissent derrière le paravent de juifs, dont certains sont des complices assumés, qu’ils exposent eux-mêmes à l’antisémitisme. Ces acteurs juifs sont actifs dans le génocide non parce qu’ils sont racistes et suprémacistes mais en vertu du fait qu’ils sont juifs ! C’est un peu comme si on disait : celui-ci est nazi parce qu’il est allemand ! Ou celui-ci est antisémite parce qu’il est arabe !
3 - Avec le troisième usage de l’antisémitisme nous atteignons le summum de la perversité. La bande qui gouverne en Israël, et alors mêmes qu’elle contrôle l’information destinée aux israéliens, n’est absolument pas gênée du fait que les images qui filtrent du génocide contribuent à faire monter l’antisémitisme. Et cela a lieu du fait d’une confusion faite entre judéité et politique sioniste. Mais cette confusion ne dérange pas la « bande à Bibi ». Au contraire !
Qu’on médite sur les ressorts de cette mécanique : le génocide à Gaza fait monter l’antisémitisme > de nombreux juifs, angoissés, envisagent leur départ pour Israël > car, en effet, il y aura de la place pour eux dans une bande de Gaza bien nettoyée ethniquement, parfaitement sécurisée et ouvert aux marchés. La "Riviera" de Trump/Netanyahou.
Que certains juifs, profondément en désaccord avec ce qui se passe, ont déjà décidé de quitter Israël n’est pas un obstacle. Le projet du Grand Israël exige en effet une sélection qui favorise la « montée » d’identitaires et de nationalistes résolus.
Le génocide en cours leur prépare la place. « Vive l’antisémitisme ! »… qui ne peut, en effet, que les pousser à renforcer l’empire du Grand Israël !
Voilà bien l’antisémitisme nouveau : quand on le cultive par la bande pour s’en servir et l’exploiter !
Le nazisme était profondément anti chrétien et judéophobe. Il s’est surtout, au temps du IIIème Reich, concentré sur l’objectif d’éliminer de la terre la « race juive ».
Mais, aujourd’hui, il y a une variante judéo-chrétienne du nazisme. Cette variante est farouchement ennemie d’un épanouissement universaliste effectif de l’expérience juive. Elle a acquis l’intelligence stratégique consistant à pouvoir exploiter l’antisémitisme. Elle l’encourage de fait tout en le condamnant. Il faut en effet au sionisme de colonisation de quoi trouver venir occuper les espaces libérés par le génocide.
Le génocide fait monter l’antisémitisme et cela même permet d’envisager le peuplement juif des espaces nettoyés.
C’est pourquoi la résistance à la politique génocidaire du « national-judéo-christianisme » doit être inséparable de l’engagement à combattre le racisme antisémite. Et cela même inclut la lutte contre le racisme anti-arabe.
Résumé :
1 – Première utilité de l’antisémitisme : permet de criminaliser toute critique d’Israël.
2 – Seconde utilité de l’antisémitisme : permet de faire porter la responsabilité du génocide en cours à Gaza essentiellement sinon exclusivement sur les Juifs. Ils sont instrumentalisés tout en étant surexposés par cela même à l’antisémitisme.
3 – Troisième utilité de l’antisémitisme : permet, en favorisant le retour en Israël, d’envisager un peuplement juif des territoires nettoyés par génocide ou par « départ volontaire ». Cela fait inévitablement penser à la colonisation des terres virtuellement aryennes du IIIème Reich.