Stéphane Zagdanski, écrivain et essayiste, a longtemps ferraillé sur le site Paroles des Jours en faveur de Heidegger. Il est toujours possible de faire un peu de miel même à propos d'un auteur dont on fait par ailleurs une critique de fond. Mais ce n'est pas ce que fait S. Zagdanski à propos de Heidegger : il considère que cela n'a aucun sens de le considérer comme un auteur profondément compromis avec l'hitlérisme. Cela constitue un obstacle de plus à surmonter pour une lecture systématiquement critique de Heidegger. Mais, bon, il n'est pas difficile de passer outre l'heideggerophilie de S. Z. (Comme Sein und Zeit!)
Voici tout d'abord comment il enterre l'accusation de génocide >
Il réduit tout d'abord la parole de ceux qui parlent de génocide à Gaza en la ramenant à une comparaison avec la Shoah. Il vise ainsi en premier lieu à discréditer cette parole en mettant l'accent sur l'exagération du propos. Mais l'amalgame a un autre effet : celle de réduire au silence ceux des intellectuels qui, parce qu'ils ont étudié sérieusement le processus génocidaire qui a conduit à la Shoah, en viennent à parler d'un génocide à Gaza justifiant notamment leur accusation en soulignant la diversité possible des modes opératoires. Un génocide peut se commettre sans que cela ne ressemble en rien à la Shoah. En un sens : il y a un génocide à Gaza parce que ce n'est pas une "shoah". Il n'y a pas de camps d'extermination; il n'y a pas de chambres à gaz; il n'y a ni rafles ni convois de masse... et pourtant. Précisément des historiens juifs et israéliens comme Omer Bartov et Amos Goldberg affirment qu'un génocide est en cours à Gaza et qu'il a même commencé à entrer dans une seconde phase celle qui correspond à une réoccupation du territoire par les forces armées génocidaires et une population de colons.
Le fait de ramener la guerre à Gaza à une guerre urbaine, et une guerre urbaine qui ne peut être qu'atroce, est un des éléments de langage du négationnisme qui sévit dans la sphère médiatique.
L'atrocité de cette "guerre urbaine" proviendrait par ailleurs du fait que l'armée du Hamas est faite de combattants dissimulés dans la population civile. Cela contraint Tsahal, en vue de la défense d'Israël, à pratiquer des destructions qui ne peuvent qu'infliger de lourdes pertes à la population civile.
Mais S. Z. se garde bien d'expliquer pourquoi cette guerre est aussi asymétrique; pourquoi d'un côté il y a une armée puissante et, de l'autre, des réseaux de combattants pratiquant le harcèlement terroriste. Par magie il n'y a aucune colonisation; aucune occupation; aucune résistance. Comme, par ailleurs, il n'y a pas de génocide.
Nous reviendrons sur ce qui fait qu'il y a un génocide à Gaza.