On a cru l’horreur incommensurable d’Auschwitz – mais l’abandon de milliers d’Arméniens et d’Héréros au milieu du désert c’était pas mal non plus – servir de vaccin propre à assurer quelque crédibilité au « plus jamais ça ». (Remarque : nous voyons aujourd’hui ce mot d’ordre, et du fait des survivants et de leurs descendants, se distribuer selon deux directions contraires : le « plus jamais ça » ne concernerait que les seuls juifs et peut par conséquent justifier des « guerres » en tant que fondées en légitime défense ; le « plus jamais ça », au contraire, n’a de sens qu’a valoir comme un principe universel inconditionnel. Des survivants et leurs descendants ont choisi, et ce n’est pas pour eux sans difficulté, cette voie).
Mais, en réalité, pour le monde nazi – le « foyer » est allemand mais rayonne en direction d’une nébuleuse internationale – Auschwitz est un chef d’œuvre et le commandant Rudolf Höss un héros ou, en langue heideggérienne, un fantastique « berger de l’Etre » ! Ce monde nazi n’a jamais disparu. Il a même eu ses hérauts, comme Heidegger, pour trouver le langage lui permettant de s’enseigner y compris sous le couvert du rejet du nazisme. ( Mais, précisément, pour le Heidegger des années 35, le rejet des « nationaux-socialistes » était précisément motivé par le fait qu’il les trouvait privés d’esprit de décision et englués dans une répétition stérile de l’état de chose. Heidegger, dés cette époque, réclamait quelque chose comme Auschwitz. Heydrich, Himmler et Höss le lui ont offert).
Le « monde libre » se serait ainsi laissé endormir tandis que, profitant des largesses du libéralisme culturel, les néo-nazis préparaient leur retour. Il est impossible que, parmi ces endormis, ne figurent pas en réalité des maîtres du double jeu.
Ce billet n’est pas celui d’un historien même du présent. Je voudrais surtout souligner que « l’algorithme » central de l’extrême-droite consiste dans l’affirmation de principe de la supériorité de la civilisation blanche, civilisation menacée par une gigantesque cohorte d’ « autres » inférieurs, souvent d’anciens colonisés. Les Juifs, accusés de pactiser avec cette cohorte et de ce fait constitués en « ennemi de l’intérieur » firent les frais du grand rêve nazi : exterminer les « ennemis » et, par la terreur inspirée par l’extermination, mettre en esclavage des « survivants » pour longtemps « neutralisés » mais profilés pour servir le peuple d’exception.
Il est fort probable que le génocide à Gaza n’aille jamais jusqu’à son terme et cela malgré le concours zélé de l’industrie léthale chrétienne. De même il est impossible que la civilisation blanche puisse régner sur un camp de concentration mondial même ponctué de centres d’extermination. Cela paraît à juste titre totalement fou mais je suis convaincu que l’extrême-droite occidentale n’existe qu’à cultiver le « grand rêve ». Mais ce qu’elle cultive est en lui-même profondément en crise. Combien de personnes sont persuadées que Trump et les siens peuvent mater le monde contemporain ? Ils ont besoin de le faire croire. Et, pour cela, ils pourraient entrainer le monde occidental dans d’absurdes aventures.
Déjà le Führer Trump fait ce qu’il peut pour donner le change à ses vampires. En stoppant brutalement l’aide américaine internationale il supprime d’un seul coup l’aide médicale en Afrique du Sud, pays d’où est originaire Musk, prince dont la famille a souffert de la chute du régime d’apartheid. Belle revanche : ces doubles inférieurs que sont les sidaïques n’ont qu’à mourir.
Trump tue. Et tue là où il peut et avec des moyens propres à ne pas allumer un « grand incendie ». Le « grand rêve » se fait pour l’instant petit. Mais ne donne pas moins la mort. C'est l'impérialisme occidental sauve qui peut! Et il tire déjà sur les ambulances.