C’est à bon droit qu’on éprouve de la sidération face à une Amérique qui n’a pas su contenir le phénomène du trumpisme à une seule et unique présidence.
Les noms d’Obama, de Clinton, d’Harris ne sont pas les noms d’un échec des démocrates. Ils sont les noms d’aspects de la société américaine dont le fond archaïque d’un christianisme de la prédestination s’est saisi pour créer une dynamique de « restauration des valeurs ». Un noir dans le bureau ovale ! Des femmes à la Maison Blanche ! Le pire du wokisme ! Dans un monde en pleine mutation géopolitique, et où les positions acquises se sentent existentiellement menacées – voir le thème du grand remplacement - cette thématique avait un marché tout trouvé.
Le « système », à savoir l’état de droit et ses valeurs, doit être abattu pour laisser place aux seuls vrais et grands enjeux à savoir l’avenir, et l’avenir protecteur, d’un suprémacisme blanc et « judéo-chrétien ». Toute institution permettant l’expression concrète d’aspirations égalitaires doit être discréditée et liquidée. L’homme blanc et judéo-chrétien est l’incarnation exclusive de la vraie et authentique humanité.
Peut-être que Trump se moque des minerais stratégiques de l’Ukraine et que sa rhétorique du « deal pour deal » sert de masque à un ensemble de convictions plus profondes qui reposent sur une haine absolue de la démocratie et ses idéaux universalistes.
Poutine est un suprémaciste orthodoxe, raciste et antisémite. Il appartient à une mouvance aux racines anciennes pour laquelle l’ « occident » est un monstre de décadence, monstre qu’il faut détruire avant qu’il n’emporte l’ « âme slave » dans ses limbes. Ce genre de chanson n’est que la version « spiritualisante » d’une vision du monde où les « vrais hommes » se placent au sommet d’une hiérarchie qui se manifeste par l’ abondance de « crimes innocents » que ces « vrais hommes » transforment alchimiquement en motifs de gloire. C’est l’obus qui explose sur une école ukrainienne. C’est aussi l’esclave nord-coréen qu’on envoie se faire mitrailler par les « nazis » ukrainiens.
Trump c’est du christianisme, du racisme, de la nostalgie d’un Etat esclavagiste, du Klu Klux Klan endimanché, de l’hitlérisme à la Charles Lindberg. C’est l’homme blanc dominateur, conquérant et béni d’avance par le seul vrai Dieu. Ce beau monde patauge dans une macédoine de thèmes d’extrême-droite où l’antisémitisme le plus classique fait bon ménage avec un sionisme de guerre. Les « bons juifs » ne peuvent être que des croisés « judéo-chrétiens ». Leur sionisme n’est qu’un dispositif pour contrôler la judéité.
Trump et Poutine ont en partage que seul l’homme chrétien blanc mérite pleinement le droit de vivre. Hors du cercle, sauf à afficher une soumission totale, il importe peu qu’on perde la vie. Elle ne vaut rien. C’est ce partage très « hitlérien » qui compte tout le reste n’étant qu’habillage trompeur et illusoire.
La thèse est que le « trumpoutinisme » est une nouvelle version du nazisme, version reposant sur un syncrétisme à base de racisme, de suprémacisme et de religion chrétienne. S’il n’a pas encore ses « chambres à gaz » il a déjà à son actif des massacres de masse et, notamment de la part de Trump, le projet d’un nettoyage ethnique radical de la bande de Gaza en tant que conclusion d’une guerre à caractère génocidaire.
Cette mafia théologico-politique tire un excellent parti, semble-t-il, et alors que les derniers témoins de l’horreur nazie disparaissent, de la fragilité de l’institution démocratique. Cette bande refuse absolument l’universalité du « droit de vivre ». Et elle le fait savoir très concrètement.