Prenons d'abord connaissance de la manière dont Daniel Sibony récuse l'accusation de génocide.
"On aurait donc, dit Sibony, le seul pays démocratique, occidental, qui ferait un génocide". Cela commence bien. L'auditeur, qui peut se penser à la fois "occidental" et "démocratique" est ainsi invité, d'entrée de jeu, à considérer l'accusation de génocide lancée à l'encontre de l'Etat israélien comme nécessairement infondée et malveillante. "Moi", occidental et démocratique, et semblable sur ce point à mes frères israéliens, je ne peux commettre de génocide. Israël serait ainsi, une fois de plus, victime d'une campagne calomniatrice.
Daniel Sibony s'adonne en réalité à la magie. En mettant en avant le caractère démocratique d'Israël il met en effet hors champ la vigueur et l'agressivité des groupes israéliens d'extrême-droite. Et ceux-ci ne relèvent en aucune manière de la démocratie. Ou, plutôt, ils la réduisent à un "corps mou" sur lequel ils parviennent à surfer pour faire triompher leur agenda. Quant à D. Sibony, en toute connaissance de cause, en brouillant les cartes sur ce que démocratie veut dire, il gomme en même temps la portée des immenses manifestations qui, en Israël et bien avant le 7 octobre, protestaient contre le projet d'un gouvernement marqué à l'extrême-droite d'en finir avec l'état de droit.
(Ce billet est en cours de rédaction).