Si j’étais fan de Delphine Horvilleur je vous dirais qu’à Gaza nous ne sommes pas en présence d’un génocide mais, je cite la rabbin, de « l’annihilation d’un peuple ».
Je m’étonne effectivement que vous ayez réduit la qualification des « horreurs » commises à Gaza à une querelle de mots. Je me souviens encore de ce qui s’est passé au Rwanda où certains états ont refusé le mot « génocide » pour ne pas être en situation d’avoir à intervenir en urgence. On sait ce qu’il en est advenu y compris du côté de la repentance des USA.
Il est impossible que vous ne sachiez pas que les génocides se commettent selon des modes opératoires différents. En l’occurrence, à Gaza, il était impossible, et pas seulement pour des raisons techniques, que se réalise une « solution finale » en quelques semaines ou quelques mois. La conjonction de certains faits et de certaines déclarations ont fait que la possibilité de la commission d’un génocide est apparue plausible. Dans ce cas fallait-il attendre qu’il soit abouti pour le dénoncer ou, au contraire, alerter quant à sa possibilité ? Auquel cas le mot « génocide » est essentiel et n’est pas qu’une pièce dans une querelle dite sémantique.
Vous n’êtes pas expert en la matière. Au reste le mot «génocide », à propos de Gaza, est interdit à France Culture comme dans beaucoup d’autres espaces médiatiques ou, s’il n’est pas interdit, est renvoyé à l’antisémitisme parfois supposé et relevant de la calomnie disqualificatrice de ceux qui l’utilisent.
Refuser le mot c’est opérer une forme de « silenciement » et contribuer à la complicité par indifférence.
Je vous suggère en conséquence de consacrer un matin de France Culture à cette question en invitant quelques historiens, essayistes ou avocat juifs, parfois israéliens, parfois spécialisés dans l’histoire de la Shoah et qui, quelques mois seulement après le 7 octobre, ont alerté le monde quant à la possibilité non de crimes contre l’humanité, ils étaient avérés, mais contre la possibilité d’un génocide. Je ne doute pas que vous connaissiez leur nom et même leurs articles ou interventions.