« Signes des temps », placés sous l’égide de Marc Weitzmann, devrait disparaître de la grille de France Culture. Le Point a publié une protestation à l’adresse de la direction de Radio France et est parvenu à rassembler un nombre significatif de signatures, dont certaines prestigieuses, à l’appui de sa demande de reconduction de l’émission.
Le Point ne tarit pas d’éloges de l’émission : « distance critique », « précision historique », « un des fleurons de la radio publique » etc. Il juge incompréhensible la décision. En tous cas Le Point ne prend pas au sérieux l’argument d’un audimat peu flatteur.
Or il s’avère que je m’apprêtais à envoyer à France Culture une note critique ainsi intitulée : « Signes des temps » est une des pires émissions de France Culture.
La raison principale de ma protestation est que j’estime que l’animateur Marc Weitzmann se comporte davantage en « influenceur » qu’en animateur.
Les invités étaient en général très intéressants et leurs points de vue souvent riches de perspectives. Le problème n’était pas là. Il était dans le contraste abyssal entre la matière apportée par les invités et le fait que Marc Weitzmann n’hésitait jamais à placer son petit point de vue à lui comme si, profitant de l’intérêt de l’auditeur, il se permettait de l’influencer. Libre à lui d’être animé d’une haine anti woke. Mais, précisément, il y a suffisamment de monde sur cette question pour des débats éclairants et le moins possible « sur-idéologisés ». J’en étais arrivé à penser que la « bolloréisation » des médias touchait France Culture en l’espèce d’une animation qui ne manquait jamais une occasion de planter une banderille contre les « wokes ». Et qui allait jusqu’à faire entendre des gloussements de satisfaction quand la « gauche woke » était joliment étrillée. Bref l’esprit « réseau social d’influence » au cœur même de France Culture. J’avais fini par trouver insupportable cette manipulation.
Marc Weitzmann, de cette manière, me semblait manquer totalement de respect pour l’auditeur.
"Signes des temps", au lieu d’être un espace de questionnement, y compris quant à ce qu’on appelle wokisme, se trouvait de ce fait chargé d’avance des choix idéologiques de l’animateur. Woke, par exemple, caractérisait ainsi de manière négative ces fameux signes des temps. Alors même qu’il était autant indispensable d’interroger le pourquoi de l’anti-wokisme. Quels sont les usages de woke quand ce terme est chargé négativement ?
L’anti-wokisme, lui aussi, méritait d’être scruté en tant que faisant « signes des temps ».
Enfermer l’auditeur dans une alternative woke/antiwoke ne peut pas être ce qu’on fait de meilleur en matière de distance critique. C’était, de fait, présupposer qu’il valait mieux qu’il se rallie à l’antiwokisme. Sans connaître les véritables termes du débat ni ses enjeux. A s'en tenir, bien sûr, à l'émission.
Pour le coup tout cela mériterait quelque déconstruction ! Mais, bien sûr, c’est la haine de la déconstruction !