Un texte de Jean Amery pour relancer l’équation antisionisme = antisémitisme

Viens de passer sur le net une publicité pour un opuscule ancien de Jean Amery sur le « nouvel antisémitisme ». Et ce nouvel antisémitisme n’est pas celui des « quartiers » mais repose tout entier sur le fait que l’antisionisme ne peut qu’être essentiellement un antisémitisme. Eva Illouz en signe la préface. Je  ne peux rien en dire n’ayant pas encore l’ouvrage entre les mains. 
Voici cependant la présentation du texte : Écrits entre 1967 et 1978, ces textes de Jean Améry quasi prémonitoires sont d’une actualité brûlante et se lisent comme s’ils avaient été rédigés aujourd’hui. L’auteur de Par-delà le crime et le châtiment y décrit son attachement existentiel à Israël alors même que sa solidarité n’est pas inconditionnelle. Si, pour lui, Israël est la terre qui a appris à tous les Juifs démunis à marcher droit, en tant qu’homme de gauche il se désole de constater que la Nouvelle Gauche considère Israël comme un État colonialiste et il s’alarme devant un antisionisme moralisateur qui pour lui n’est rien d’autre qu’un indéracinable antisémitisme. À l’instar de l’injonction d’Adorno dans Éduquer après Auschwitz, Améry, au delà des griefs qu’il adresse à cette Nouvelle Gauche, nous invite ici à une ardente obligation : réfléchir sur la manière de le combattre et de l’identifier.
J’en reparlerai plus longuement. Notons seulement  lorsque Amery parle « d’antisionisme moralisateur » il fait appel semble-t-il à ceci qu’aucun Etat ne peut se fonder sans violence. A ses yeux cela est parfaitement légitime aussi dans le cas d’Israël. Notons qu’il faut se demander si l’auteur du titre Par-delà le crime et le châtiment ne cherche pas à mettre Nietzsche - Par delà le bien et le mal - de  son côté et donc du côté des constructeurs de l’Etat israélien ?
 
Bref les antisionistes seraient en somme des « gnangnans » que l’acte de création d’un Etat  jette dans les bras impuissants et stériles d’une moraline.
Soit mais, et c’est une contradiction qui semble lui échapper, en ramenant l’antisionisme  à l’antisémitisme celui lui permet, en usant de termes puisés également dans le vocabulaire de la moraline, à condamner moralement l’antisionisme. Il ne peut qu'être un antisémitisme. 
Quelle est l’histoire de ce texte d’Amery présenté comme un « juif de gauche » ? Pourquoi sa mise en lumière actuelle ? Faut-il s’attendre à une amplification de la campagne visant à criminaliser toute critique et tout rejet du projet sioniste ? Le texte d’Amery n’appartient-il pas en réalité à l’arbre généalogique de cette extrême-droite aujourd’hui génocidaire ?.. Par-delà le crime et le châtiment ! Bref le juif en surhomme nietzschéen?