L’alternative à une société démocratique, pour le moins engagée sur la voie démocratique, n’est autre que l’univers concentrationnaire. Nous assistons depuis quelques années à la mise en place de cet univers à l’échelle mondiale.
Cet univers est fondamentalement et en permanence violent quoiqu’à des degrés divers et selon des modalités différentes. Cet univers vit de la destruction incessante de la sociabilité de la discussion et du débat au profit de la manipulation. Les « sujets » sont pour l’essentiel réduits à n’être que des machines soumises dont on prend garde qu’elles ne puissent prendre quelque distance avec cette assignation.
Il ne s’agit pas de gouverner par le débat et la délibération mais par des « agences » de fabricants d’opinion ; d’experts en ingérence ; de manipulateurs des peurs ; de « culpabilisateurs ». Est appelé « wokiste », mot qui appelle le crachat et qui se prononce comme un vomi, tout individu qui fait montre d’un doute quant à la qualité des « marchandises » qu’on lui propose. Au mieux il est sommé de se considérer comme un captif privilégié.
Voici certaines des marques de cet univers concentrationnaire généralisé :
- Disqualification des autorités scientifiques et intellectuelles en général.
- Destruction de la distinction entre le vrai et le faux. Promotion de type « goebbelsienne » des « vérités alternatives ».
- Distinction « évidente » entre les vrais hommes et les sous-hommes.
- Réduction de la liberté d’expression à l’expression de la haine et des mensonges racistes.
- Promotion de l’ individualisme entrepreneurial du « tous contre tous ».
- Renforcement, par la High-Tech, des espaces de contrôles.
- Monopolisation des médias par les puissances d’argent.
- Instrumentalisation systématique du « spirituel » et du « culturel ».
- Indifférence supposément virile à l’égard de la souffrance des petites gens notamment dans le cas de conflits ouverts.
- Banalisation médiatique de l’extrême violence de certains conflits. Dans le « camp mondial » certains captifs meurent dans d’atroces conditions et cela sous le regard façonné médiatiquement mais de moins en moins empathique des captifs de rangs (encore) privilégiés.
- En occident : promotion d’un suprémacisme blanc « judéo-chrétien » et disqualification, car constituant une horreur absolue, de l’Universalisme.
- Destruction du politique en tant que recherche raisonnée et participative de résolution pacifique des conflits. Rien n’est plus jouissif, pour ce camp du camp, que l’homme politique corrompu et menteur.
Je parle d’un camp de concentration mondial. Mais ce camp possède ses propres « centres d’extermination » : Gaza, antisémitisme meurtrier, enfants du Congo, Ukrainiens, populations soudanaises… Cela signifie que le « néo-nazisme » qui semble sous-tendre cet encampement du monde ne peut pas se déployer comme le fit le nazisme sous le IIIème Reich. Il s’agit surtout de contenir les aspirations démocratiques dans des marges de plus en plus étroites et cela parallèlement à des déchaînements localisés de violence exterminatrice, celle-ci fonctionnant, au moins en apparence, comme moyen d’accès à des biens et à des conditions de prospérité.
La démocratie c’est l’existence d’un Etat palestinien. Le fascisme : le refus de principe d’un tel état et la guerre impériale.
« L’essence de l’Etre est combat » disait Heidegger. Qui fit plus d’une fois le salut hitlérien même si c’était par écrit.
Cet encampement concentrationnaire du monde est la réponse de la droite à la destruction du monde dont elle est historiquement la grande responsable. Que le plus fort jouisse d’un monde en voie de destruction ! Entrée dans l'ère du suicidocène!