L’Amérique selon Trump appartient clairement à un club où les divergences profondes des membres sur des points importants n’effacent pas leur commune détestation de la démocratie et de son projet d’une régulation mondiale des échanges et des relations internationales.
Croyant qu’il leur faut, pour ne pas sombrer, faire armes égales avec l’autoritarisme de la Russie et de la Chine l’Amérique a jugé bon de renouer au plus haut niveau de ses instances avec le fond ancien d’un suprémacisme ethno-christique. Et nous assistons, sidérés, à la démolition des fondements de la démocratie américaine : l’indépendance des pouvoirs, la liberté de la presse, la liberté académique et artistique.
Ce qui pouvait nous apparaître emprunt d’imperfection et méritant des critiques approfondies était déjà beaucoup trop « woke » au regard d’une vision du monde où l’homme blanc chrétien dominateur et conquérant se doit de faire briller à nouveau sa volonté de puissance et ses rêves hégémoniques.
Non seulement c’est trop tard, comme le pensent certains, mais c’est peut-être précisément ce qu’il ne faut surtout pas faire. Et si, pour Poutine et son allié Xi Jinping, Trump était le meilleur ennemi possible : l’ennemi idéal ?
La haine de l’Europe, clairement exprimée par Trump et par Vance, c’est seulement la haine d’un système où le cynisme « para-maffieux » est encore contenu dans certaines limites. De ce point de vue, l’Europe actuelle fait obstacle au pari de Trump. Même si, bien entendu, des courants d’opinion piaffent d’impatience à l’idée qu’ils pourraient prendre toute leur place dans le nouveau jeu du monde : racisme et masculinisme décomplexés ; chasse à la pensée critique taxée d’ « élitisme » ; levée de tous ce qui fait obstacle à l’enrichissement rapide ; criminalisation de toute attitude d’opposition au retour des bonnes vieilles hiérarchies. Pour ce néo-darwinisme social la politique est une série de parties d’un jeu où les meilleurs sont les plus doués en matière de tricherie.
Avant que le monde finisse en tragédie climatique tous les coups doivent être permis pour ne pas mourir comme un chien écrasé.
Ce faisant Trump fait ce qu’il faut, semble-t-il, pour précipiter la chute. Joueur de Poker, Trump s’enferme dans la poupée de Poutine, joueur d’Echec. Mais lui-même serait enfermé dans la poupée de Xi Jinping, suprême joueur de Go. Qui peut croire, par exemple, que la Corée du Nord, en envoyant des millions d’obus à la Russie ainsi que des régiments entiers n’agit pas en tant qu’homme de mains de Xi Jinping ?
Et si des forces chinoises devaient un jour venir veiller en Ukraine sur le « cessez-le-feu » c’est dire que des forces chinoises camperaient désormais aux marches de l’Europe. C’est en effet un projet qui court dans certains cercles. Ce ne serait alors qu’une avancée de l’immense partie de Go que la Chine a entamée depuis quelques années. Merci Trump !
Je serais Xi Jinping je boirais du petit lait à chaque frasque de Trump !