Dans une tribune de Libération Marc Weitzmann a clairement affiché son négationnisme : Gaza n’est pas Auschwitz et, tirant profit de l’absurdité d’une identité entre Gaza et Auschwitz il affirme que ce n’est pas un génocide. Il parle des horreurs de Gaza, horreurs résultant du fait que les Gazaouis seraient pris en tenaille entre le Hamas, qui s’en sert comme bouclier, et Tsahal qui est légitimé à vouloir, après le 7 octobre, éradiquer le Hamas.
On ne peut mieux reprendre à son compte la fable de l’extrême-droite sioniste. Sa politique actuelle a des racines anciennes et se trouvent notamment du côté du motif d’un Grand Israël biblique que Dieu aurait promis aux Juifs.
En réalité il n’y a pas besoin de complotisme pour comprendre de quelle manière, avec beaucoup d’habilité, l’extrême-droite a tiré profit de l’existence du Hamas. Qu’on se souvienne de l’horreur des attentats qui, en plein cœur du processus d’Oslo ont conduit, après l’assassinat de Rabin par un Juif extrémiste, à rendre impossible la conclusion du processus de paix entamé depuis des années. Merci Hamas d’avoir si bien compris ce qu’inaugurait la mort tragique de Rabin !
Et il n’y a toujours pas besoin de complotisme pour comprendre que le 7 octobre a fonctionné comme le signal donné au processus génocidaire rêvé depuis longtemps par l’extrême-droite. Les logiques guerrières n’ont pas besoin de se concerter et de comploter pour se partager le « marché de la force ». De toutes manières, même si le Hamas bénéficiait du soutien d’arrière-plan de la République Islamiste d’Iran, il était en situation d’asymétrie relativement au couple formé par Israël et les USA. Ce qui permettait à l’extrême-droite israélienne de « jouer » avec le Hamas.
La partie la plus cynique de ce jeu se dévoile à travers l’utilisation du motif du « bouclier humain ».
Smotrich et les autres disent : nous sommes obligés de frapper, pour éradiquer la menace existentielle qu’incarne un Hamas islamiste et antisémite, au cœur du « bouclier » avec lequel le Hamas se protège. S’il se cache dans une école en activité tant pis pour les petits écoliers.
Ce type de situation peut exister. Mais dès lors que des acteurs politiques importants rêvent au Grand Israël on comprend que le « bouclier humain » est très utile pour procéder à un nettoyage ethnique à caractère génocidaire. Il suffit de voir du bouclier partout !
On a entendu récemment que le Hamas ne serait pas mort et que de nouveaux réseaux se reconstituent. Mais c’est du pain béni pour le « national-judéo-christianisme » de la bande à Netanyahou ! Cela fournit le prétexte tout trouvé pour continuer le « sale boulot » ! Quelle que soit l’intelligence tactique et stratégique du Hamas il est dominé et transformé, quoiqu’il fasse, en pion au service de l’extrême-droite. Au moins jusqu’à un certain point. Et c’est encore le cas.
L’équivalence « population civile de Gaza = Hamas » a servi et sert encore à la commission d’un génocide. Et plus de Gazaouïs seront tentés de rejoindre le Hamas plus cela donnera du carburant aux judéo-nazis, (je renvoie ici à l’expression du professeur israélien Yechayahu Leibovitz)..
Cela étant dit le génocide en cours est condamné à un certain bricolage. Il ne peut aucunement avoir la « pureté » d’Auschwitz. C’est un peu un génocide par la bande ou à petit-feu et notamment destiné à terroriser et à faire en sorte que les Palestiniens finissent par renoncer à Gaza. Pour aller où et faire quoi ? L’impasse elle-même porte la marque de la solution génocidaire. L’extrême-droite a pour le moment gagné son pari : la solution à deux Etats étant impossible il reste la solution génocidaire.
Pour l’extrême-droite c’est maintenant où jamais. Et elle assume.
Terrorisée par la perspective d’une Shoah bis une partie significative de la population approuve. Elle se comporte de manière génocidaire tout en s’en défendant, tantôt par ruse, tantôt par blocage psychique, avec énergie et indignation.