Le commun aujourd’hui (2)
- trois -ismes majeurs -
Communisme (marxisme), monothéisme (judaïsme, christianisme, islam), fascisme (nazisme).
Historiquement, le « communisme » précède le monothéisme : Platon propose pour sa cité idéale – et dans un contexte d’eugénisme – l’abolition de la famille et la mise en commun des femmes et des enfants.
L’idée communiste, plus ou moins claire et confuse, traverse les siècles en nourrissant les utopies (Saint Simon, Fourier) – s’y rattachent toutes les revendications de justice sociale, d’égalité, notamment par la répartition des richesses (cf. Les Gracques, à Rome au 2ème siècle avant notre ère et dont Babeuf, au 18ème, adoptera le nom) – avant d’aboutir au milieu du 19ème à l’élaboration d’une théorie (marxisme) fondée non sur un idéal humaniste, mais sur une supposée loi de l’Histoire relative au développement de la société humaine (matérialisme historique).
Dans le contexte du judaïsme (Dieu, en tant qu’entité « innommable », dans un rapport d’alliance avec les hommes par l’entremise d’Abraham et de Moïse), le christianisme propose un commun de nature ni sociale ni politique, mais biologique, spirituelle, morale et affective : tous les êtres humains sont frères puisqu’ils ont le même Père, Dieu, créateur, siégeant dans les Cieux qu’ils rejoindront après une mort qui n’est qu’apparence. La résurrection, telle est la « bonne nouvelle » (= évangile, mot grec composé de eu : bien, et angelia : message, nouvelle) annoncée par Jésus qui se proclame le fils de Dieu, né en -7 ou -5 avant J-C et mort en 30. Les dates de la personne qu’il fut ne sont pas exactement celles du personnage divin, né d’une vierge, Marie, enceinte de Dieu par l’« opération du Saint-Esprit » et envoyé par son père sur la terre pour racheter par sa mort les hommes marqués par le péché originel.
Sur les mêmes références que l’Ancien Testament (Bible), Mahomet fonde l’islam (=soumission à Dieu) un peu plus de six siècles plus tard.
Ces croyances qui ne diffèrent que par les modes d’expression, visent, via la pratique sociale qu’est la religion (latin religere : lier ensemble), à créer une communauté censée permettre une vie fraternelle, même si la première fraternité biblique est celle d’un meurtre (Caïn tue Abel… comme, dans le mythe de la fondation de la Rome polythéiste Romulus tue Remus) et même si le calcul divin (entre autres, le scénario du Christ), les exclusives, les anathèmes, les discriminations religieuses meurtrières et les guerres de religion sont absolument contradictoires avec le message d’amour proclamé : malgré la menace de la damnation et de l’enfer, l’horizon est celui d’un paradis de compensation des misères terrestres, autrement dit la réalisation d’une communauté d’êtres parfaitement égaux.
Le fascisme-nazisme (première moitié du 20ème siècle) est l’expression du rejet de ce commun social ou métaphysique auquel il substitue une hiérarchie discriminatoire de type racial : les hommes ne sont pas frères parce que l’universel humain n’existe pas. Le commun humain donc devient partial, racial, destructeur, et l’adéquation entre la théorie et l’application (extermination) nazies constitue la différence essentielle avec les autres -ismes en ce sens que les discriminations et les crimes commis au nom de Dieu ou de la Révolution sont, eux, en contradiction radicale avec l’idéal dont ils se réclament.
En ce premier quart du 21ème siècle, si les monothéismes et le fascisme existent toujours, l’idée du communisme social et politique est morte.
Il s’agit de savoir si la relation entre les uns et l’autre sont dans un rapport de causalité, de corrélation, ou si le rapport n’existe pas.
(à suivre)