Jean-René BOURDIN

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Billet de blog 6 novembre 2025

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gendarme mobile

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je suis atterré mais pas tant surpris par ceci. Nous avons perdu les CRS et nous perdons les escadrons de gendarmerie mobile. Tout manifestant est un "pue la pisse (PLP)" qu'il faut "tuer". Saint Benalla priez pour nous...

J'ai été gendarme mobile de 1987 à 2023. J'ai connu des épisodes merveilleux et glorieux et d'autres moins. Ainsi je me souviens de la grand messe qui réunissait 4 escadrons de gendarmerie mobile tous les 4 ans environ à Saint Astier, centre d'excellence de la gendarmerie mobile. Nous étions biberonné des dernières techniques de maintien de l'ordre. Il y avait un passage au "cinéma", amphithéâtre où l'on nous projetait les vidéos d'instruction. Parmi celles ci il y avait un historique du maintien de l'ordre et inévitablement l'épisode de Malik Oussekinne était mentionné avec les brigades "de voltigeurs... chaque fois l'amphithéâtre se soulevait comme un public lorsque son équipe marque un but. Moi j'étais figé. Ils célébraient le meurtre de ce jeune homme comme une victoire... mon cerveau était au bord de la rupture, ("ils se trompent, ils confondent tout, ils sont influencés par des thèses stupides...) j'ai encore la puanteur de mon silence au bord de mes narines. J'avais plus d'instinct de survie que de fierté. J'ai honte, oui. Mais j'ai piteusement gardé mes croyances. J'ai apporté le plus de réconfort autour de moi et je pense avoir réussi à aider au mieux par ma fonction. J'ai croisé tellement de gens bons et motivants que je ne regrette pas d'avoir ravalé mes contradictions pour être utile. Ma génération succédait à celle des anciens d'Algérie. Ceux là avaient connu au plus près les atrocités des conflits humains. Ils comptent en grande majorité pour les personnes les plus humaines et sensibles que j'ai rencontré. Ils m'ont enseigné la primauté de la famille et à relativiser toute adversité bénigne. Entre cette génération et la mienne est née celle de la revanche d'une guerre perdue à laquelle ils n'avaient pas pris part. Trop jeunes. Il y avaient les pieds noirs revanchards et les bellicistes invétérés. Il m'a semblé clair dès le début de ma carrière que me présentant en uniforme, armé, en troupe, devant une foule en colère, je devenait le putching ball de la revendication sociale, l'exutoire de la colère populaire. J'étais là pour éviter la casse de trop, pas pour éborgner ou briser les dents aux gens que j'étais sensé défendre et protéger, mes frères et soeurs.

Oui, certains sont entrés dans cette carrière pour abuser d'une violence illégitime mais légitimée par une situation ambigu. Oui il y a un gros problème !

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