A Monsieur Manuel Valls, Ministre de l’Intérieur
JE M’INDIGNE
Monsieur le Ministre, je vous fais une lettre, que vous lirez peut-être si vous avez le temps. Mais quand on suit de près les informations sur les persécutions que subissent les Rroms, le doute s’installe quant à vos disponibilités de lecture de cette lettre qui vous est destinée. Cette incertitude ne vous concerne pas vous seulement mais aussi ceux qui vous côtoient au Conseil des Ministres dont le premier d’entre eux, Monsieur Jean-Marc Ayrault. Ce qui choque aussi, c’est le silence du Président François Hollande. Cette complicité apparente, cet accord tacite volontaire ou non, provoquent mon indignation autant que les actes que vous dirigez.
Oui, je m’indigne ! Je m’indigne de cette succession de démantèlements des camps misérables des Rroms sur tout le territoire et les expulsions qui suivent, presque quotidiennement. Je m’indigne de ces décisions de justice qui imposent de telles mesures. Je m’indigne quand on envoie la police déloger des miséreux parce que les élus de la République dans les communes de plus de 5000 habitants ne mettent pas d’espaces à la disposition des « gens du voyage » comme la loi le prévoit. Je m’indigne de cette circulaire datée du 26 août 2012, concernant l’application immédiate des démantèlements illicite des camps et signée par 7 ministres dont vous-même et les ministres de l’éducation nationale (Vincent Peillon), des affaires sociales et de santé (Marisol Touraine) et Michel Sapin, ministre du travail. Pire pour mon indignation, la ministre de la lutte contre l’exclusion (Marie-Arlette Carlotti) est aussi signataire de cette ignominie. Quelle incohérence ! Je m’indigne encore quand à Evry, commune que vous dirigiez, votre successeur ordonne l’expulsion d’un camp de Rroms avant que le tribunal ait rendu sa décision.
Permettez-moi, Monsieur le Ministre, de vous rappeler que cette population, originaire de pays de l’Europe que le gouvernement défend, cette population est persécutée depuis longtemps. Dans les années 1950, j’étais enfant et mes oreilles vibraient de ces appellations méprisantes qui vilipendaient déjà ces hommes, ces femmes et ces enfants : "Romanichels", "Romanos" voire encore les gitans, les tsiganes et encore les manouches. Mais ce n’était pas les seules populations négligées par un langage vulgaire. Il faut citer aussi les"Espingouins" que vous connaissez certainement bien puisque vos origines sont quelque part en Espagne. Ce terme se teintait aussi de mépris , parfois inconscient et il s’habillait d’oubli. Car tous ces espagnols immigrés étaient des républicains pourchassés, condamnés à la torture et à la mort par un dictateur, Franco. Certes, rappelant cela vous allez m’accuser d’amalgame et de confusion. Mais beaucoup de gens pensaient envers eux ce que d’autres pensent des Rroms aujourd’hui surtout après vos actions antihumanistes. Mais, Monsieur le Ministre, vous êtes là, de nationalité française, parce que notre démocratie n’a jamais complètement refoulés ceux qui viennent d’ailleurs. C’est ce qui fait la richesse de notre République, c’est ce qu’impose notre constitution et ce qui en dégage sa beauté, sa puissance et sa reconnaissance de la planète entière.
Oui, Monsieur Valls, votre attitude, votre façon sarkozienne d’agir m’importune et provoque ma révolte. Oui, Monsieur le Ministre, je m’indigne. Ecoutez donc cette petite chanson : http://www.youtube.com/watch?v=wZ8-h7szXbY