La décision prise par le P.S. et son 1er secrétaire, C. Cambadélis, est un suicide dans les deux Régions PACA et Nord-Pas-de-Calais voire plus étendu sur l’ensemble du territoire. Je ne voudrais pas être membre du P.S. et me trouver devant un tel dilemme qui me pousserait à jeter ma carte à la poubelle. Cette position est suicidaire parce qu’il n’y aura aucun élu socialiste dans les assemblées régionales pour porter la parole des citoyens qui s’opposent à la droite et au F.N. Cambadélis nomme cette situation un "sacrifice". Ainsi ce parti, soi-disant de gauche, abandonne "la gauche" et, par ce mot sacrifice, il fait "une offrande rituelle à la divinité" comme le dit le dictionnaire. Et, là, la divinité est Marine Le Pen. C’est un "abandon volontaire de la chose offerte".
Les socialistes ne pourront plus dans ces assemblées régionales faire entendre une voix discordante, contestataire et opposée aux décisions que prendront les élus F.N. Cela est grave car nul ne peut douter que ce parti d’extrême droite sera néfaste dans les domaines de la Culture, l’enseignement, le mouvement associatif dont ceux qui s’occupent des migrants, de la lutte contre le racisme et autres. Toutes leurs décisions seront prises sans contestation voire sans coups de colère dans les hémicycles. Faire confiance et déléguer ses pouvoirs aux membres du parti de Sarkozy en se retirant de la course, c’est une supercherie que les électeurs graveront dans leurs mémoires pour toutes les prochaines élections en commençant dimanche prochain pour le deuxième tour.
Il ne faudrait pas s’étonner d’une abstention énorme au second tour car nombre de citoyens qui votent P.S., et qui sont vraiment de gauche, n’iront pas voter pour les soi-disant "Républicains". Et ceux de la vraie gauche qui ont voté communiste, parti de gauche et verts ne se rendront pas aux urnes ou voteront blanc. On peut s’avancer vers cette hypothèse sans pour autant lire dans le marc de café. Ceci amènera le désintérêt général au-delà des 50% voire nettement au-delà.
Mais voilà, dans les Régions, nouvelles et imposées, les élus du F.N., de L.R. et du P.S. gouverneront quand même sans être représentatifs de l’ensemble de la population. Pourquoi ? Le système électoral du scrutin proportionnel de liste est une aberration totale qui renforce encore la mise en première place de la gouvernance du F.N. Car, la liste arrivée en tête se renforce de 25% de sièges au 2ème tour avec, en plus, une part de la répartition des sièges du second tour. Compliqué et injuste, ce système ressemble à une magouille qui se retourne contre ceux qui l’ont inventée ! Voilà, les édiles de la République ont fabriqué les fouets qui les flagellent eux-mêmes.
J’avais écrit dans un précédent billet que les drames du 13 novembre étaient défavorables à l’intérêt pour les élections régionales et qu’il aurait fallu en différer les dates compte tenu de l’état d’urgence. Il est évident que dans certains crânes l’amalgame entre les attentats du 13 novembre, revendiqués par Daech, et l’islamophobie a été vite imprimé avec toutes les conséquences indues y compris dans les urnes. De plus, nombre de personnes avaient l’esprit ailleurs que de se rendre aux isoloirs, avec toutes les dispositions prises dans le cadre de cet état d’urgence et le déploiement généralisé des forces de l’ordre et de l’armée.
On peut ouvrir ici une parenthèse quant aux abstentionnistes. Ils et elles seront quelque peu responsables et coupables de complicité dans l’avènement de Marine Le Pen, de la nièce Marion Maréchal Le Pen et de tous les autres sbires qui seront au pouvoir dans nos régions. Comme le disait Etienne de La Boétie en 1549 (dans "De la servitude volontaire", il avait 18 ans !) « C’est le peuple qui s’asservit et qui se coupe la gorge ; qui, pouvant choisir d’être soumis ou d’être libre, repousse la liberté et prend le joug. ». En se plongeant dans l’indifférence de l’abstention, ils se préparent à se «mettre à genoux » devant les futurs tyrans d’extrême droite. Cela est grave d’autant plus que cette représentativité n’est qu’illusoire. Obtenir 40% des voix au 1er tour avec un taux d’abstention de 50%, ça signifie que ceux qui vont diriger la Nation ne représentent que 20% de l’électorat. Ceci vaut pour tous les partis politiques.
Les abstentionnistes ont tout de même une excuse. Des quantités de décisions sont prises hors des programmes des partis politiques pour lesquels ils ont été élus quoique souvent les édiles osent affirmer se référer à ces programmes. Il ne faut donc pas s’étonner que lorsque notre vie quotidienne est soumise aux conséquences de ces ukases, quand la citoyenneté est bafouée, ignorée, insultée, qu’il y ait des réactions comme l’abstention ou le vote F.N. Il en a été ainsi du referendum de 2005 dont le non a été brocardé par les élus de l’UMP et de nombreux socialistes. Il en est ainsi de la modification des territoires des nouvelles régions que la presque totalité des députés et des sénateurs ont votée mais qui ne figurait pas sur les programmes électoraux des dernières législatives. Le peuple est ignoré et mis devant le fait accompli. Il en a été ainsi de la création des communautés de communes. Il en est ainsi actuellement de la fusion des communes décidées par des conseillers municipaux sans consultations des habitants et en dehors de toute consultation préalable et, s’il n’y a pas d’accord c’est le Préfet qui décidera. Pire le premier ministre utilise l’article 49-3 quand il se sent en minorité.
Ce ne sont que des exemples qui montrent que le système politique plonge de plus en plus vers un océan dictatorial et qui ouvre les vannes à Marine Le Pen et au parti créé par son père élu député pour la première fois en 1956 sur les listes de Pierre Poujade qui fut militant du Parti Populaire Français de Jacques Doriot, fasciste et collaborateur des nazis pendant la seconde guerre mondiale. N’oublions pas que Jean-Marie Le Pen, pendant la guerre d’Algérie faisait partie du 1er régiment étranger parachutiste dont les exactions en Algérie ont fait dans l’ignominie de nombreuses victimes y compris par la torture. Ce régiment participa au putsch d’Alger en 1961 dont de nombreux officiers firent partie de l’OAS, tristement célèbre.
Des précisions historiques sont bonnes à être rappelées. Attendons-nous au pire dimanche prochain. Il y a danger. Proclamons l’état d’urgence politique et restons debout !