Des salariés dont des syndicalistes de la C.G.T. de l’usine Goodyear d’Amiens viennent d’être condamnés à 24 mois de prison dont 9 de prison ferme. Inadmissible, insupportable ! Pourquoi une justice injuste ? A l’annonce de la fermeture de leur entreprise les salariés, en colère, avaient retenu deux cadres, le Directeur des Ressources Humaines et le Directeur de Production lors d’une réunion dans une salle de l’entreprise dont la porte était bloquée par… un pneu. La presse s’en est donné à cœur joie en utilisant le terme séquestration en boucle et à longueur de pages. Pourtant le secrétaire adjoint du Comité d’Entreprise avait affirmé « ce n’est pas une séquestration, les deux cadres ont leur téléphone portable sur eux ».
Ils étaient face à une direction obstinée qui refusait le dialogue. Les travailleurs réclamaient un départ dans la dignité avec des indemnités à la hauteur de la destruction des vies. Ils ne séquestraient pas, « ils négociaient ». L’usine a fermé définitivement 15 jours après cet « évènement ». Pourtant le Tribunal en a décidé autrement alors que la direction de l’usine et les deux cadres ont retiré leurs plaintes. Des familles entières projetées dans le chômage, la précarité, la misère, est-ce cela la justice au nom de laquelle des juges ont condamné huit personnes ? Qu’est-ce que cette répression contre le monde du travail ? Qui sont ces juges pour qui la justice n’est qu’une justice de classe ? Ce tribunal nous projette quelques siècles en arrière quand les juges de l’époque ordonnaient de trancher des têtes. Faut-il leur rappeler, à ces juges d’aujourd’hui, qu’au début du siècle dernier, au Havre, leurs semblables accusèrent à tort le docker Jules Durant qui, incarcéré, devint fou ? Ce n’est pas une justice digne d’une République, que de voir des travailleurs condamnés lourdement parce qu’ils défendaient leur vie. Leur avenir, avec ses condamnations, est aussi mis en difficulté.
Nous ne devons pas laisser faire. Il faut que le monde du travail, que les citoyens, protestent, se révoltent et exigent la remise en cause de ce jugement injuste et indigne. Il faut que le gouvernement réagisse. L’autorité de l’Etat c’est aussi la défense de ceux qui s’usent au labeur, face à un patronat indigne qui considèrent ceux qui l’enrichissent comme des esclaves et les ramènent au niveau des machines qui remplacent l’humain de plus en plus.
S’il y a une mobilisation puissante et ferme pour le procès en appel, MM Hollande et Valls oseront-ils envoyer les CRS pour réprimer la contestation insufflée par ce jugement inepte ? Non à la Justice injuste ! Vive la liberté !