jean sanroman (avatar)

jean sanroman

Conseiller en image et relations publiques

Abonné·e de Mediapart

1 Billets

0 Édition

Billet de blog 22 avril 2025

jean sanroman (avatar)

jean sanroman

Conseiller en image et relations publiques

Abonné·e de Mediapart

Le bénévolat dans la jeunesse : entre engagement sincère et invisibilisation sociale

Des milliers de jeunes s’engagent bénévolement, souvent dans l’ombre, pour faire vivre des associations, porter des causes, et tisser du lien social. Pourtant, leur engagement reste largement invisibilisé, sous-valorisé, parfois même exploité. Ce billet est un plaidoyer pour une reconnaissance pleine et entière du bénévolat des jeunes : un acte politique, structurant et vital pour notre société.

jean sanroman (avatar)

jean sanroman

Conseiller en image et relations publiques

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le bénévolat dans la jeunesse : entre engagement sincère et invisibilisation sociale

Chaque semaine, des centaines de milliers de jeunes donnent de leur temps, de leur énergie, parfois même de leur argent, pour faire vivre des associations. Ils portent des luttes, organiser des événements, aider des personnes en difficulté ou tout simplement créer du lien.  

Ils et elles s’engagent, souvent dans l’ombre, presque toujours dans le silence.

Pourtant, cet engagement bénévole, loin d’être anecdotique, est l’un des ciments les plus solides de notre vie collective. Il en pimente le quotidien, enracine l’entraide dans nos territoires.

I - S’engager sans attendre, construire sans être vu·e·s

Depuis mon plus jeune âge, j’ai fait partie de celles et ceux qui donnent leur temps sans trop compter. Dans les associations, les festivals, les collectifs militants, les projets culturels, j’ai appris à travailler en équipe, à gérer une réunion, à faire face à l’imprévu, à monter un événement de A à Z, et tout simplement à oser prendre la parole, peu importe la place que j’occupais dans le groupe.

Mais je ne suis pas une exception. Autour de moi, des dizaines de jeunes s’investissent chaque jour pour faire vivre des structures qui, sans eux, n’existeraient tout simplement pas.

Près d’un jeune de moins de 30 ans sur deux déclare avoir une activité bénévole. Ce chiffre est révélateur : la jeunesse est bien plus engagée qu’on ne le croit. Seulement, elle ne met pas toujours les bons mots sur cet engagement. Parfois, elle n’en a même pas conscience.

Quand on aide dans un festival local, qu’on donne des cours de soutien à des camarades, qu’on organise une manif ou qu’on gère la communication d’une asso étudiante, on fait du bénévolat. Participer à la vie d’un club de foot ou de basket, c’est faire du bénévolat. Faire partie de l’association des parents d’élèves (oui, il y a aussi de jeunes parents !), c’est aussi du bénévolat. Il existe mille manières de s’engager.

Évidemment, l’investissement varie d’une personne à l’autre, et c’est normal. Mais chaque maillon forme cette grande chaîne qui crée du collectif. On bâtit du commun.

Certaines figures de jeunesse résonnent particulièrement, à travers des projets d’inclusion, des actions sociales, des structures qui semblent banales mais sont vitales au quotidien.

Des conscrits d’un village à qui l’on confie la vie estivale de toute une commune, au bénévole chargé de l’accueil dans un festival, en passant par celle ou celui qui donne son samedi matin pour collecter de la nourriture pour la Banque Alimentaire, ou encore les étudiants qui montent des associations autour de l’entraide ou de l’accès à la culture : toutes ces formes d’engagement sont des piliers silencieux de notre société.

II - Le bénévolat : un antidote à l’isolement social

À l’heure où tant de jeunes souffrent de solitude ou de précarité, s’engager dans une structure, c’est aussi rencontrer du monde, retrouver du sens, se sentir utile, écouté·e, entouré·e.  

Ça a été le cas pour moi, surtout après le Covid-19, après des mois de confinement – l’université étant l’une des seules structures restées fermées sur le long terme. L’isolement social est un fléau grandissant. Les réseaux sociaux, tout en nous connectant, exacerbent parfois la solitude et l’anxiété. On se retrouve dans une bulle virtuelle, avec des relations humaines superficielles. Cela peut mener à un profond mal-être, à une perte de confiance, parfois à des troubles de santé mentale.

Dans ce contexte, le bénévolat est une bouée de sauvetage.  

Il permet de tisser des liens humains réels, basés sur la coopération, la solidarité, la confiance. Que ce soit pour organiser un événement, aider dans une structure caritative ou participer à des actions collectives, cet engagement permet de sortir de l’isolement et de rencontrer des personnes partageant les mêmes valeurs, les mêmes passions… et, je l’espère, une part du même parcours, cette même envie de partager le goût du bonheur et de la vie.

C’est dans l’action, au cœur du collectif, que la jeunesse trouve sa place.  

Le bénévolat offre bien plus que des compétences ou de l’expérience. Il crée un cadre où chacun peut se sentir valorisé, écouté, légitime. Il transforme la solitude en rencontre, l’anonymat en visibilisation, l’immobilisme en action. C’est une forme de résistance face à la précarité émotionnelle et sociale. Créer des zones d’échange, de soutien mutuel, d’inclusion, c’est offrir un espace vital pour les jeunes, pour leur développement personnel autant que pour leur bien-être.

III - Un engagement ignoré, parfois exploité

Malgré tout, cet engagement reste peu reconnu.  

Lors d’un entretien d’embauche, les lignes de bénévolat sont à peine regardées. On préfère les stages en entreprise, même quand ils se sont résumés à faire des photocopies ou du café – pour grossir les traits.

L’engagement associatif, culturel ou politique est souvent relégué à une ligne « soft skills », au mieux perçu comme un bonus, au pire comme une perte de temps. Et parfois, c’est pire encore : certaines structures, publiques ou institutionnelles, font appel à des jeunes bénévoles pour pallier un manque de moyens.  

La jeunesse devient alors une variable d’ajustement, une force de travail gratuite, flexible, mais sans reconnaissance.

D’où ce billet. Pour réclamer une vraie reconnaissance du bénévolat des jeunes.

IV - Changer de regard : une urgence politique

Le bénévolat des jeunes est une richesse.  

Il est formateur, structurant, profondément politique. Il développe des compétences, une conscience collective, une capacité à coopérer, à inventer d’autres formes d’action. Il dessine des chemins de vie qu’on n’aurait pas forcément envisagés. Il mérite mieux que l’invisibilisation.

Il est possible – et plus que jamais nécessaire – de mieux le reconnaître.  

Par une validation institutionnelle (crédits universitaires, certifications), par une meilleure valorisation dans les parcours scolaires et professionnels, mais aussi par un soutien matériel aux associations de jeunes : locaux, formations, financements.

Ce n’est pas un luxe. C’est un choix de société.

V - La jeunesse fait déjà sa part

« Génération de débiles », « de mon temps… », « ils foutent rien », « des assistés »…  

Non. La jeunesse n’est pas en retrait. Elle est à l’avant-poste. Dans les quartiers, les campagnes, les lycées, les facs, elle invente et fait vivre chaque jour des espaces de solidarité. Elle s’engage sans attendre, elle construit sans hiérarchie, elle résiste souvent dans l’ombre.

Il est temps que la société la voie, l’écoute, la soutienne.

Le bénévolat des jeunes n’est pas une anecdote : c’est un levier pour transformer la société. Encore faut-il en faire un vrai sujet politique. Un débat de société. Une transformation du regard persistant sur cette soi-disant "soft skill".

Mention spéciale :

À toutes celles et ceux que j’ai croisés dans les coulisses d’un événement, dans un local associatif, sur le terrain d’un festival ou lors d’une réunion militante. À celles et ceux qui donnent sans compter, souvent sans reconnaissance, mais toujours avec le cœur. Ce billet vous est dédié. On continue. Ensemble

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.