Francophile. L'adjectif, lancé au Québécois que je suis, est parfois perçu comme une insulte, souvent comme une molle tentative d'insinuer qu'aimer passionnément la France, c'est nécessairement se travestir à être hautain. À prétendre à ce que nous ne serions «prétendument» pas.
À savoir quelque chose comme un grand peuple, comme dirait feu René Lévesque.Un peuple jeune et une nation plus qu'ambiguë, certes, mais qui a à apprendre de celles qui ont vécu depuis plusieurs siècles. Devant aussi se définir elle-même. En ce sens je suis francophile. Curieux de la vie politique française, je m'en informe assidument.
Francophile. Cela ne veut pas dire que j'idéalise la France. J'apprécie bien sûr ses monuments, ses cultures, ses légendes, mais aussi ses parties...politiques. Je la conçois toutefois d'un regard critique, nécessairement extérieur et biaisé par le prisme des mass media.
Ceux-ci affectent les Français dans un contexte différent du mien. Le Québec n'est pas la France, la France n'est pas le Québec (constatez la finesse d'analyse) . De Gaulle est loin de part et d'autres, François Mitterrand aussi d'ailleurs. Nous sommes ici à des lunes d'un «Québec Libre», et ce peut importe les vivats, sporadiques. Si j'avais aujourd'hui à acclamer un politique sur le parvis d'un quelconque Hôtel de Ville, je serais bien mal pris...
La bête m'intrigue
Puisque les élections canadiennes sont choses du passé, qu'au Québec le premier-ministre regarde l'opposition et les tunnels s'écrouler, j'ai eu envie de poser mon regard sur votre animal politique. Héritier d'une tradition et d'une histoire mouvementée, la bête m'intrigue.
Votre politique, bretteur et usé à la joute, a tout pour provoquer ma curiosité. Son sens de la phrase juste et parfois assassine, accessoirement au service du citoyen et de la République, a de quoi fasciner. Surtout lorsqu'on considère l'ampleur des enjeux auxquels le peuple de France est aujourd'hui confronté.
Le défi se situe pourtant à hauteur d'homme. On se sent dans une époque transitoire dont la direction future repose sur un passé fort mais avant tout d'urgents besoins. Incarnée par ces bêtes politiques sévissant à travers l'hexagone, mais surtout par une population forte de gueule et d'histoire, la lutte sera chaude et sans pitié. À votre bénéfice, je l'espère sincèrement.
Entre Sarkozy, Hollande, Aubry, Montebourg, Royal et les autres, le choix est vaste et l'avenir incertain.
Au commencement
Mais trêve de listes primaires...
Au commencement de ma «relation» avec la France en 2002, en travaillant sur votre sol, je me doutais déjà de la séduction qui s'opérait sur moi. Tous ces gens que j'ai appris à apprécier sont les prémices de la réflexion entamée aujourd'hui. J'aime, pour ainsi dire, ce pays comme le mien.
Hormis le cliché France-Québec qui se perpétue chez certains humoristes, ou bien alors une certaine idée de filiation ancestrale, voire de cousinage lointain, je préfère croire à l'influence de votre démocratie et à son dynamisme, ainsi qu'à un intérêt mutuel pour la francophonie. Tout cela m'incite à me joindre à vous. Le lieu est convivial, l'espace crucial et le débat, le plus souvent, social.
Choisir Mediapart
Mediapart semble tout indiqué pour réfléchir sur la vie politique française en général et à la course présidentielle en particulier. Son modèle participatif et autofinancé appelle à la transparence ainsi qu'à à la liberté d'expression et de pensée. Dans l'esprit d'un net libre, l'espace de publication gagne en crédibilité. La formule incite à contribuer.
Voilà qui importe ! Les concepts de gauche, de centre et de droite, bien que cruciaux en Occident, n'ont pas les même poids en Amérique qu'en Europe. Il faut considérer l'élasticité. Votre vision d'Obama diffère de la nôtre. La social-démocratie au Canada ne s'apparente que de très loin à celle de la cinquième république.
Mon point de vue sera nécessairement teinté de ces disparités.
Je ne prétends pas à une fine analyse ni à l'objectivité. Je profite principalement de cette plateforme en tant qu'observateur propulsé par un intérêt social fort. Mais surtout, je suis mu par de profonds sentiments : attachement, urgence et nécessité.