Jean-Thibaut FOULETIER (avatar)

Jean-Thibaut FOULETIER

Cf. www.tybolt.fr

Abonné·e de Mediapart

20 Billets

0 Édition

Billet de blog 14 octobre 2019

Jean-Thibaut FOULETIER (avatar)

Jean-Thibaut FOULETIER

Cf. www.tybolt.fr

Abonné·e de Mediapart

La masquarabe

L'idée de ce texte écrit en 2015 est étonnamment peu répandue, pour ne pas dire pas du tout. Un "étonnamment" à prendre bien entendu sur le registre de l'ironie. Cette idée est que les femmes traversées par la chirurgie esthétique de confort portent un voile définitif. Un voile voilé soutenu par les mêmes imaginaires dont on pare celui dont on parle ici sans fard.

Jean-Thibaut FOULETIER (avatar)

Jean-Thibaut FOULETIER

Cf. www.tybolt.fr

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

"La Mascarabe", brève qui introduit ce cours texte, a été écrite en 2011. Je la fais suivre ici de quelques lignes pour expliciter l'orientation qu'elle avait alors et qu'elle tient encore aujourd'hui.

La Masquarabe :
Le voile, modulable, du Niqab est banni de l’espace public quand y est autorisé celui, définitif, produit par la chirurgie esthétique. Mais le désir échappe toujours au jeu du Mutatis Mutandis, pire, dans ce cas il le produit.

L’explication de l’expression Mutatis Mutandis s’exemplifie ici puisque l’un de ses sens est justement de préciser le sens d’un message pour les personnes auxquelles il s’adresse.

Le sens qui m’intéresse n’est pourtant pas celui-ci mais le suivant : « une fois effectués les changements nécessaires ». J’ai voulu exprimer cette idée que les femmes ayant recours à la chirurgie esthétique dite de confort et qui se retrouvent affublées d'une bouche à pipes type inspecteur Canardo, d'un nez mutin coquin de biche éternellement vierge et d'yeux devenus des meurtrières au regard impuissant, que ces femmes donc répondent à ce qu’elles imaginent être le désir de l’autre et que cette réponse censée capter ce désir ne fait que le désigner à jamais perdu puisque figé dans le registre fictionnel du spéculaire. Le masque de leur visage, anonyme, démultiplié et sidéré, est l’expression de cette perte, non entérinée.

Il s'agirait par ailleurs de s'interroger sur le rapport au serment d’Hippocrate de la part des médecins qui officient en la matière. D’Hippocrate à Hypocrite, la langue recèle elle aussi ses scalpels dont les nouveaux rites sociaux intègre parfaitement le maniement.

Si donc le charcutage définitif du visage au prétexte galvaudé de la perte n’émeut guère les foules et si les masques de la vanité s’insèrent tout naturellement dans l’espace public c’est sans doute que cette vanité est l’une des valeurs les plus communément recevable. Pour ne pas dire, du commun, l'incontournable étalon.

Ce que nous pouvons constater quotidiennement à travers l'expression de la pratique politique telle qu’elle se médiatise, soit exclusivement dans le registre uniformisé de la masque-arade.

C’est à ce titre me semble-t il que n’est jamais interrogé qu'univoquement le souffle qui anime le voile des femmes souhaitant porter le Niqab ou qui, dans un registre plus répandu, celui qui m’intéresse, ne laissent apparaître que leur visage.

Ce visage ne me semble pas moins être le masque d’un désir que celui des esthétisées que suture le silence ourlé de leurs inaltérables récriminations.

Désir dont la meilleure reconnaissance est d’être insupporté par ceux-là même qui pratiquent et ou attisent cette masque-arade.

Autant en emporterait le vent s’il n’en faisait lui-même partie.

JTF, Paris, le 08-02-2015

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.