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Billet de blog 5 octobre 2011

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Ce qui, demain soir, ne sera pas demandé aux ''Atterrés''

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Petit rappel : demain soir, (le 6/10) transportés par leur ‘'atterrement'', les ‘'Atterrés'', ‘'magistralement'' (non ?), nous diront la crise du capitalisme, et (surtout !) ce qu' ‘'il FAUT'' faire pour mettre un terme à ‘'la dictature'' de la finance ‘'prédatrice'' (attention, je ne suis pas en train de dire que les choses ne sont pas telles !).

Bonne nouvelle ?

Oui, à la condition toutefois (et évidemment !) que l'analyse par les ‘'Atterrés'' de la crise du capitalisme soit... la bonne !

C'est là où (impossible ici d'entrer dans les détails du ‘'Manifeste des ‘'Atterrés''), ce qui me semble pertinent, c'est, s'agissant de leurs analyses, d'interroger, sinon LEUR ‘'fondamental'', du moins l'un de leurs ‘'fondamentaux''.

‘'Pour nous (qu'ils me disent si je me trompe), la crise du capitalisme, c'est le résultat du retour en force du marché initié, au début des années 1980, par Dupont et Dupont (comprendre Reagan et Thatcher), et, disons les ‘'libéraux'' qui les manipulaient''.

Bon...

A cet égard cependant, soit tout de suite 3 questions :

1° le monde ayant, dans la première moitié du XXème, connu les désastres épouvantables dus à l'économie ‘'par le marché'' (successivement, la guerre de 14, la crise de 29, la guerre dite de 39-45), comment se fait-il que, ceci justement ‘'pour ne plus revoir ça'', ayant inventé et mise en place le contrôle du marché (voyez le ‘'keynésianisme''), 35 ans après (pas après 1 000 ans ! -au moins aurait-on pu trouver au monde l'excuse qu'il avait oublié), il soit revenu... au marché ?

2° soit cette fois la crise d'aujourd'hui (qui vient de loin -1973 dit-on parfois) dont (échéances électorales obligent -n'y voyez aucune autre raison !) TOUS les ‘'responsables'' (‘'de droite'' comme ‘'de gauche''), de toutes les façons possibles, ont essayé d'endiguer la progression ; question : lesquels (qu'on m'en cite un seul !) ont REUSSI à faire que, l'évidence étant que quelque chose est EFFECTIVEMENT pourri
dans le capitalisme, enfin on s'arrêtât, et enfin on réfléchît ? N'empêche qu'aujourd'hui, si une problématique est bien sur la table, une problématique sur laquelle tout le monde phosphore (et comment !), cette problématique est bien celle-là : comment changer (voire révolutionner) le capitalisme. Or, si nous en sommes enfin là, n'est-ce pas... aux marchés (AUX MARCHES !) et à eux seuls que nous le
devons ?

Et il faudrait empêcher que les marchés ne jouent leur jeu ? Il faudrait prendre des dispositions qui, fort probablement, leur feraient perdre leurs capacités à pallier la révoltante impuissance des ‘'hommes'' à empêcher que le capitalisme ne poursuive son (ravageur) petit bonhomme de chemin ?

3° soit enfin (là aussi, impossible d'entrer dans les ‘'détails''), l'esprit des mesures que l'un des porte-drapeaux des ‘'Atterrés'' (Frédéric
Lordon pour ne pas le citer) propose pour ‘'s'en sortir''. Ce qu'il faut dit-il c'est ‘'contrôler'' les marchés. Sauf qu'aussitôt, ce sont deux questions parfaitement insolubles : 1) celle du ‘'contrôle des contrôleurs'', 2) celle-ci étant littéralement dévastatrice : qui osera jamais dire que, le problème étant de dire de quelle manière la société TOUT ENTIERE entend vivre, ce qui est le plus adéquat est que ce soit tel conseil (fût-il ‘'scientifique''), ou aréopage (fût-il d'authentiques banquiers anarchistes), ou bureau politique, ou comité de rédaction... plutôt que, justement, la société... TOUT ENTIERE qui en décide ?

C'est là où j'en arrive à ‘'ce qui, demain soir, ne sera pas demandé aux « Atterrés » ''.

Oui ou non (OUI OU NON !), quand, dans nos économies, n'importe quel bien arrive sur le marché, ce qu'il FAUT dire n'est-il pas qu'avant même qu'il y soit (AVANT qu'il y soit !), DEJA, ce bien a un prix ? Et l'économie (si tout au moins on la construit comme
science -et non pas comme ce ‘'truc'' dont le premier venu avec un peu de bagout peut gloser à l'infini) étant justement la science du réel monétisé, c'est-à-dire du réel avec un prix, cela ne veut-il pas dire que, dans le capitalisme (prétendument, ‘'l'économie par le marché''), eh bien NON !, ça n'est pas le marché qui fait l'économie !

D'où la conclusion : ben oui, fort probablement, la politique économique que les ‘'Atterrés'' mettront en œuvre (si tout au moins on leur donne le pouvoir de le faire) laissera cruellement sur leur faim tous les ‘'révolutionnaires'' de France, de Navarre, et d'ailleurs.

C'est là où ce que cette fois on va me dire c'est : ‘'Mais Jean Tramuset, tout cela, venez nous le dire ; et venez nous raconter comment, vous, vous voyez le capitalisme, sa crise et comment (respectivement), vous voyez qu'il faut révolutionner l'un et surmonter l'autre.

Vous savez quoi ? J'aurais été ravi de pouvoir le faire.

La preuve ? Eh bien, la semaine passée (par un message privé) c'est précisément ce que j'avais proposé à la rédaction de Mdpt de faire. Etant bien entendu que j'y mettais certaine condition.

‘'Que... Quoi !!!!... Comment ????'' en entends-je, depuis là où je suis, s'étrangler d'aucun(e)s.

Or (à cet égard, voyez tous mes billets de blog -45 à la date d'aujourd'hui ; voyez mon ‘'Edition'' : ‘'Ressourcer la révolution'' -7 articles ; voyez tous mes commentaires ‘'économiques'' toujours soigneusement argumentés), n'ai-je pas prouvé depuis que je suis ‘'abonné'' que sur le capitalisme, sa crise, j'ai, au moins A EGALITE avec n'importe lequel des ‘'Atterrés'', beaucoup, beaucoup de choses à dire : tout ce que je dis ne renvoie-t-il pas aux formidables travaux de Bernard Schmitt (le père du circuit INSTANTANE : la SEULE alternative à l'économie par le marché) dont, du moins est-ce ce que j'espère (ceci pour... la révolution !), tous les ‘'Atterrés'' connaissent, si ce n'est
la substance, pour le moins l'existence.

Quoi ! (étant entendu que la crise du capitalisme, ça n'est pas le marché -cf. supra), dire :

1° comment, CONCRETEMENT, le chômage MASSIF (la ‘'mère'' des dysfonctionnements de toutes les économies ‘'nationales'' -‘'là'' où se fait la production) peut être éradiqué ;

2.1° comment réformer le paiement des intérêts internationaux (c'est que, au moment même où ils sont payés, ils le sont deux fois -d'où l'état absolument lamentable des rapports Nord/Sud, des finances de tous les pays y compris les plus ‘'développés'', et donc du monde) ;

2.2° comment reconstruire (de fond en comble) le système monétaire international autour d'une VRAIE monnaie internationale (je
ne parle pas de l'€ tel qu'il a été conçu et mis en place par les ‘'crétins'' qui l'ont conçu et mis en place) seule à même de permettre qu'enfin les échanges internationaux se fassent entre équivalents économiques,

(quoi !) dire tout cela, ne mériterait pas la tribune (et non pas 2 minutes depuis la salle -‘'vous comprenez, ‘faut que tout le monde
puisse s'exprimer'') d'un ‘'débat'' sur la crise (systémique !) du capitalisme ?

Vous savez quoi ? Mais c'est... atterrant !

Au point que moi, non, décidément, demain à 19 heures, je ne serai pas à la Maison des Métallos.

Il n'empêche : très bonne soirée à toutes et à tous !

Jean Tramuset

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