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Billet de blog 8 avril 2011

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La guerre ''Nord''/''Sud'' (missiles de croisières et ''Rafales'' contre foulard et prêcheurs ''islamiques''): comment en sortir

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Imaginons que Lénine écrive aujourd'hui ; évidemment, ce serait : ''L'américanisation du monde, stade suprême du capitalisme'' ; et ce qu'il décrirait (''l'horreur économique'') tiendrait en cette seule formule (en effet, elle dit tout ce qu'il y a à dire) : ''le Nord : à peine 20 % de la population de la planète, plus de 80 % du produit économique mondial ; le Sud : exactement... l'inverse'' !

En tout cas, pas étonnant qu'alors,

1) le monde (comme le disait Borgès) étant ''un vaste système de compensations''), impossible que, pour ''le Nord'', les ''choses'' puissent continuer d'aller ''comme ça'', sans coup férir (par exemple, sans l'abyssal endettement des pays pauvres -au minimum, rappelons-le, quelque 130 pays ; des milliards de ''consommateurs'' potentiels- endettement, qui à bon droit tétanise l'économie mondiale ; sans les -fameux !- ''mouvements migratoires incontrôlés''... ),

2) en ayant ''ras-le-bol'', le Sud ait décidé de se révolter (d'où ses ''programmes nucléaires'', sa contestation de la régulation -par ''le Nord'' !- du commerce mondial... ), voire (cf. le ''11 septembre'', ce qui se passe en Afghanistan et en Irak, chez les dictateurs arabes et chez ceux de la Françafrique vendus à l'Occident -et en même temps le haïssant : eh oui, l'amour/haine, ça existe aussi en politique !), de carrément déclarer la guerre au ‘'Nord''.

C'est là où ce qu'il est facile de comprendre c'est pourquoi, dans cette guerre, pour peu qu'on les regarde avec les yeux du ''Sud'' (et qu'on cesse donc de les voir avec nos lunettes de ''nordistes''), les débats suscités au ''Nord'' par le recours du ''Sud'' à ces armes (les seules dont il dispose) que sont le foulard et le prêcheur ''islamiques'' (en réalité -voyez par exemple le niveau du débat politique aujourd'hui, en France- deux armes bien plus destructrices que toutes les bombes guidées par laser de toutes les ''coalitions'' de circonstance), méritent assurément le qualificatif de ''grotesques'' : n'est-ce pas, imaginons qu'au ''Sud'', dans la guerre qui l'oppose donc au ''Nord'', on ait l'idée saugrenue d'interdire au ''Nord'' d'utiliser ses missiles de croisière, ses ''Rafales'', ses hélicoptères de combat, ses médias et idéologues aux ordres... ; comment ne pas voir que, moquée par tous les ''Guignols de l'info'' du ''Nord'', cette ''idée'' nous ferait ''mourir de rire'' ?

Eh oui, la guerre ''Nord''/''Sud'' étant une guerre, impossible qu'à côtés des horreurs et des ''saloperies'' qu'elle implique, elle échappe au ''grotesque'' et au ridicule (s'entretuer pour des matières premières et des marchés, vous avouerez, quelle ''idée'' grotesque et ridicule !) ; raison de plus pour en sortir au plus vite.

Sauf qu'aujourd'hui, le contentieux ''Nord''/''Sud'' étant ce qu'il est, telle est bien la question : comment faire ?

Ici, soit ce que je disais la semaine dernière (cf. mon dernier billet -pardon de me citer) : ''faire la guerre à la guerre, c'est faire la guerre au capitalisme'' ; tiens ! mais s'agissant évidemment de l'essentiel, n'est-ce pas précisément LE propos du PS (cf. son ''programme pour 2012'').

Hélas...

A cet égard, une seule chose. Imaginons que ce que l'on DEMONTRE soit qu'au plus profond (ANALYTIQUEMENT -et non pas en répétant des formules usées jusqu'à la corde et de surcroît vides de sens !), tous les ''dysfonctionnements'' (un euphémisme !) du capitalisme comme système de ''la production monétaire généralisée'' (c'est-à-dire de la production des biens AVEC UN PRIX, ceci dès AVANT marché !) viennent de la TOTALE INADEQUATION de l'organisation des ''Banques'' (cette inadéquation elle-même renvoyant justement à l'ignorance par le Législateur -le ''Politique''- des LOIS de ''la production monétaire''). Qui dans ces conditions ne comprendra pas immédiatement que le PS (le bec tout enfariné !) préconisant en la matière de ''refonder la séparation entre <<Banques de dépôt>> et <<Banques d'affaires>>'', ce que d'ores et déjà l'on puisse conclure est que, tandis qu'il nous raconte ce qu'il fera après son retour aux (bonnes ?) affaires, ce qu'en réalité dans sa bouche il a, c'est... un cadavre !

Ce qu'ALTERNATIVEMENT (et brièvement) je propose ?

Ceux qui lisent mes billets connaissent l'''Introduction'' de l'essai (‘'Le marché imaginaire'') que j'ai commis sur ''la crise du capitalisme''. Bien entendu, cet essai a une conclusion. Celle-ci résumant précisément dans ses développements ultimes ''ce que je propose'', que l'on me permette donc ici de faire comme si j'étais autorisé à en faire ma conclusion d'aujourd'hui.

<< Ni contrôlée, ni libéralisée, bref, libérée du marché, l'économie asservie à l'Humain

Faute qu'elle puisse comprendre le monde (elle ne peut tout au plus que se le représenter et l'interpréter), l'Humanité ne peut, pour le transformer, que le (re)construire dans les limites de ses capacités. C'est dans ce seul sens que le monde ‘'est'' à la portée de l'esprit humain, ; c'est dans ce seul sens que l'esprit humain ‘'peut'' prétendre comprendre le monde.

S'agissant en particulier de la compréhension/(re)construction de l'''Economique'' par les prétendues ‘'lois'' du marché, ce qu'il est aujourd'hui possible de dire avec certitude est que, dans ce sens précis où elle contredit les faits (c'est le 1° du Chapitre I de la Ière partie), cette compréhension/(re)construction est vide.

En résulte que :

1° hors toute idéologie, l'économie par le marché n'est qu'une... idéologie ; très concrètement, cela signifie que, s'agissant d'une part des problèmes des économies nationales (‘'là'' où se fait la production), c'est-à-dire du chômage de masse et de l'inflation, s'agissant d'autre part du seul problème de l'économie internationale (‘'là'' où s'échangent les productions nationales), c'est-à-dire l'égalité des échanges internationaux, ça n'est en réalité qu'avant marché (avant marché !) qu'ils peuvent être résolus ;

2° ni le contrôle des marchés, ni leur libéralisation, jamais, ne permettront de vaincre la crise.

Encore une fois, la maîtrise de la crise c'est, avant que le marché ne soit délibérément laissé à son libre jeu (sachant que seule la volonté générale -celle de la société tout entière- est capable de s'opposer à l'arbitraire des ‘'entreprises'' -ceci en achetant ou non ce qu'elles proposent, et donc en disant que telles productions doivent continuer tandis que telles autres doivent cesser- seule en effet, la liberté du marché peut faire que cette volonté s'exprime) :

  • - à l'échelle des économies nationales (les économies de production), la ‘'Départementalisation'' du système bancaire et financier (c'est le Chapitre III de la Ière partie),
  • - à l'échelle de l'économie internationale (l'économie de l'échange des productions nationales), outre la réforme du paiement des intérêts internationaux (ou ‘'transnationaux''; c'est le chapitre I de la IIème partie), l'installation d'un véritable système monétaire international, c'est-à-dire d'un système fonctionnant autour d'une vraie monnaie internationale (c'est le chapitre II de la IIème partie).

Ceci étant acquis, tout Homme (donc toute femme et tout homme) sera en effet, en tout pays de la planète, libre d'exercer son droit imprescriptible au travail.

Alors effectivement, les problèmes économiques pourront ne plus absorber les préoccupations de l'Homme.

Alors, depuis si longtemps reléguées par l'économisme (sans doute l'Hydre des Temps modernes comme l'a si bien montré Chaplin), ‘'les questions nobles, les questions culturelles, religieuses, artistiques et même métaphysiques, pourront être rétablies à leur rang''.

Alors enfin, l'humanité pourra ‘'habiter le monde en poète'' ; enfin elle pourra accéder à l'Humain>>.

Jean Tramuset

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