Soit la très bonne question de savoir pourquoi la mondialisation devrait être la guerre économique de tous les pays contre tous les pays (ainsi que le racontent, d'une façon totalement irresponsable, tous les commentateurs). En effet ; et si, au contraire, la mondialisation c'était L'opportunité (THE opportunity) pour la communauté internationale de se pencher sérieusement sur la (seule ?) VRAIE question qui se pose à elle, c'est-à-dire celle de savoir comment organiser les relations entre les pays, ceci de telle manière que, SANS CONTESTATION possible, TOUS les pays soient EFFECTIVEMENT à égalité les uns vis-à-vis des autres, et qu'ainsi, par TOUS les peuples, l'ordre du monde qui en résulterait puisse (légitimement) pouvoir être considéré comme... légitime ?
A cet égard, ce qui est absolument certain est que, contrairement à ce que croient aujourd'hui tous les ''altermondialistes'', la ''taxe Tobin'' (à supposer bien entendu qu'elle soit un jour mise en place !) ne sera jamais qu'une ''conquête'' absolument... vide de toute substance : quoi, cette taxe alimentera les budgets des pays pauvres ! Mais ces pays n'auront-ils pas toujours besoin (évidemment contre rémunérations) des prestations des ''banquiers et financiers internationaux'' (entendons-nous, celles qui correspondent à quelque chose -et donc à aucune espèce de magouille ou de carambouille) ? Or ces ''banquiers et financiers internationaux'', qui les empêchera de répercuter dans leurs tarifs... les coûts supplémentaires que représentera pour eux la taxe Tobin ? (coût supplémentaires qui, de surcroît, réduiront d'autant les marges de manœuvre... des pays pauvres).
Là où en conséquence il faut PRIORITAIREMENT et OBLIGATOIREMENT porter le fer de la revendication (et l'agiter le plus énergiquement possible jusqu'à ce qu'elle soit satisfaite) ? La réponse à cette question ne fait pas le moindre doute : dans l'aberrante (un euphémisme !) construction qui, depuis 1944 (date de Bretton-Woods), s'est trouvée affublée du nom totalement immérité de ''système monétaire international''.
Là où le bât blesse ?
Mais le ''système monétaire international'' n'est-il pas ce système où (ceci en allant à l'essentiel -ici évidemment, pas question de ''raconter'' le subterfuge de A à Z), selon qu'ils sont puissants (cf. évidemment les Etats-Unis et l'''Europe'' -depuis qu'elle s'est donnée l'€) ou misérables, les pays s'acquittent de leurs dettes ou bien (cas des puissants) en pouvant recourir (impunément !) à la planche à billets (la leur !), ou bien (cas des misérables)... en DEVANT solliciter leurs ''travailleurs''. Qui n'admettra que, certes, ça n'est pas exactement la même chose !
En tout cas, ce qu'il est aujourd'hui possible de dire au sujet de cette ''anomalie'' (à proprement parler, une parfaite, une scandaleuse iniquité !) est que, tout entière, elle renvoie à l'inexistence de LA monnaie internationale dont la mondialisation a besoin, savoir cette monnaie qui, TECHNIQUEMENT gérée par une banque SUPRANANTIONALE, ne DOIT pouvoir jouer QUE dans l'espace des relations entre les pays (toutes les monnaies NATIONALES -dont justement le $ des Etats-Unis, l'€ de l'''Europe''- ne DEVANT quant à elles que jouer dans les frontières des pays dont elles sont la monnaie).
Sauf que ça n'est pas tout ! : si encore l'inexistence de LA monnaie internationale dont la mondialisation a besoin n'avait que cette conséquence (déjà catastrophique, voyez l'état du monde !) de geler ''à jamais'' la subordination des pays du Sud à ceux du Nord. Hélas, ce que l'économie scientifique (entendons-nous, pas ''la science économique'' !) démontre aujourd'hui est que cette inexistence a EN OUTRE la dramatique ''vertu'' de parfois totalement pervertir l'économie des relations internationales.
N'est-ce pas, l'économie internationale n'est-elle pas l'économie des échanges entre les pays ? Et ce que dans l'échange on gagne, cela même, aussitôt, ne le perd-on pas ? D'où la loi de neutralité des échanges sur la richesse des pays.
Or si ce que l'on dit est que, s'agissant de certains échanges, l'absence de monnaie internationale y introduit nécessairement des ASYMETRIES qui (instantanément !) les dénaturent...
Soit par exemple le cas d'un pays qui s'endette ''internationalement''. Imaginons que ce qui se passe alors soit ceci : en fait, c'est lui-même (LUI-MÊME) qui finance le prêt qui lui est accordé ! La conséquence n'en sera-t-elle pas qu'un pays (n'importe lequel !) s'endettant à hauteur de 100 sur un autre, en fait il se retrouvera sur cet ''autre'' endetté à hauteur de... 200 !
Soit maintenant le cas d'un pays qui paye ses intérêts ''internationaux''. Imaginons que ce qu'il faille alors dire soit ceci : quand il fait un tel paiement, d'où le DEBIT de sa balance des paiements, ce paiement c'est lui AUSSI qui le finance, d'où cette fois, le CREDIT de sa balance des paiements, et donc au total, le... DOUBLE paiement des intérêts internationaux !
D'où (nul besoin d'un dessin, il suffit de voir ce qui se passe aujourd'hui sous nos yeux, et précisément l'explosion des dettes souveraines avec comme conséquence toutes les inqualifiables politiques malthusiennes qu'elles déterminent dans TOUS les pays !) le VRAI contenu de la réforme du système monétaire international qui s'impose : l'installation d'une VRAIE monnaie internationale.
Sauf qu'à cet endroit, TOUT (absolument TOUT) reste à dire. N'est-ce pas, qui croira que cette réforme ayant pour objectif de dissoudre les gravissimes problèmes que le défaut d'une monnaie internationale pose, cette réforme puisse tout bonnement consister... dans la restauration de l'or comme étalon des monnaies, ou dans la composition (aussi ''subtile'' soit-elle) d'un panier de monnaies nationales (comme si -à supposer même qu'on le secoue longtemps- un cockail de telles monnaies pouvait faire... une monnaie internationale !).
Jean Tramuset