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Billet de blog 11 mai 2012

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La crise ''de la dette'' : l'insondable débilité de l'''intelligence'' des FAITS économiques

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Pour simplifier, disons que le monde consiste en 2 pays : d’un côté, le pays A, de l’autre le pays R (R comme ‘’Reste du monde’’).

Supposons maintenant que R prête 100 à A.

A cet endroit, attention (ATTENTION !) :

1° R ne faisant que prêter à A, la contrainte étant donc ici que l’on ne parle que des 100 que R met à la disposition de A (ceci voulant dire que si, dès ici, l’on envisageait le remboursement par A de ces 100, ce remboursement impliquant la ‘’sur charge’’ du paiement par A des intérêts qu’au titre de son emprunt, A devra payer à R, cela serait totalement hors sujet),

2° le ‘’cadre’’ de ce prêt étant celui de l’économie internationale (savoir celui des échanges ''A EGALITE'' entre les pays -sinon, si, quand on parle d’échange entre les pays, il n’y avait pas échange ‘’à égalité‘’ entre les pays, c’est qu’alors (voyez la définition d’un échange !), 1) il n’y aurait pas… échange entre les pays ( !!!!), 2) le sujet étant pourtant celui des relations entre les pays, parler ici –et ailleurs !- d’ ‘’économie’’ internationale serait parler de quelque chose qui n’existerait pas),

s’ensuit que R prêtant 100 à A, cela, en vertu des règles de l’échange, requiert que, dans cette opération, ni A ni R ne prennent le pas sur l'autre.

OR,

R prêtant à A, A se trouvant de ce fait crédité de 100 par R, qu’en est-il de la ‘’contrepartie’’ de R ?

Ce sont les faits (les FAITS !) : cette contrepartie consistera en un ‘’IOU’’ (un ‘’I Owe You’’ – en français : un ‘’Je Vous Dois’’) d’un montant de 100.

Sauf qu’alors, la conclusion est au-dessus de toute contestation :

1° R ne recevant de A qu’un IOU de 100 contre 100 en espèces sonnantes et trébuchantes, clairement (non ?) ça n’est pas assez ;

2° A recevant 100 en espèces sonnantes et trébuchantes contre un IOU de 100, cela, cette fois, et non moins clairement (non ?), c’est trop.

Ce que cela veut dire ?

La chose est évidente : cela veut dire que, R prêtant 100 à A, et ce prêt consistant dans le (NON) échange VISIBLE de 100 (ces 100 étant apportés par R) contre un IOU de 100 (cet IOU étant apporté par A),  nécessairement (NECESSAIREMENT ! –sinon le prêt de R à A ne serait pas l’échange qu’il DOIT être), le (NON) échange VISIBLE intervenant entre A et R DOIT se trouver ‘’compensé’’ par un (NON) échange ‘’inverse’’ INVISIBLE entre eux : R prêtant 100 à A, inversement au NON-échange entre A et R à quoi, VISIBLEMENT, ce prêt revient, A, cette fois INVISIBLEMENT, DOIT apporter 100 à R ; et, non moins invisiblement, R DOIT apporter un IOU de 100 à A.

Or, cela signifie que, dans le même temps où A empruntera 100 à R, dans le même temps, A (invisiblement) remboursera à R un AUTRE prêt d’un montant identique ! S’agissant de ce dernier remboursement, impossible en effet qu’il puisse être celui du prêt qu’‘’aujourd’hui’’ A a contracté auprès de R : si l’on considère le ‘’jour’’ où A emprunte, ce que l’on est légitimement fondé à dire n’est-il pas que, A empruntant ‘’aujourd’hui’’, évidemment, son remboursement ne commencera qu’à compter de ‘’demain’’ ?

Le fait que A emprunte 100 (ceci faisant qu’il contracte un ‘’1er prêt’’ de 100) implique donc que, dans le même temps, A rembourse un AUTRE prêt de 100 (c'est-à-dire un 2ème prêt de 100), et donc que A empruntant 100, en fait, tout pris en compte, son endettement est de… 200 !

Dès ici, donc, la LOI que l’on peut appeler ‘’de la Duplication de l’Endettement Transnational des Pays (en abrégé, la loi ‘’de la DETP)’’ se trouve vérifiée !

Mais soyons ‘’concret’’.

A empruntant 100 à R,

1° A n’aura pas les 100 que son prêt VISIBLE aurait dû lui apporter ; c’est que, ‘’par construction’’ (voyez supra), ces 100 iront instantanément au remboursement implicite du prêt (un AUTRE prêt, et donc, en clair, un 2ème prêt !) de 100 de R à A que l’emprunt ‘’visible’’ de 100 de R à A implique ;

2° alors,

2.1 (ceci en vertu du 1° ci-dessus), c’est d’un prêt VIDE de devises (‘’celles’’ que, en vertu de l’emprunt de A à R, R aurait dû apporter à A) dont A bénéficiera ;

2.2 en même temps, ce prêt VIDE de devises, en sera… PLEIN (!!!!) : c’est le remboursement implicite par A de son ‘’2ème prêt’’ qui l’aura rempli.

Telle est la preuve CONCRETE du double endettement de A : son prêt ‘’visible’’ (le n°1) étant l’aliment du remboursement de son prêt ‘’invisible’’ (le n°2), alors, ceci conformément aux fait (aux FAITS !) : A empruntant 100 à R, ce que l’on trouvera au crédit de la balance des paiements de A (là où est ‘’dit’’ ce que –apparemment !- A reçoit de R) ce sera 100 ; en face de ce crédit, sur la même ligne, quand bien même ce ‘’débit’’ correspondra EFFECTIVEMENT au financement (par A) de ce crédit de 100, on trouvera ceci : la trace (et seulement la trace !) d’un paiement de 100. Sauf que l’emprunt de 100 que A aura contracté auprès de R, un emprunt dont il n’aura plus les devises, A devra encore le rembourser !

Tout ceci étant dit,

1)        Imaginons que la loi dite de la DETP (voyez supra) soit vraie ; n’en résulte-t-il pas aussitôt que ce que la crise ‘’de la dette’’ requiert N’EST NI une austérité de droite, NI une (impossible !) relance de gauche, mais, ‘’tout simplement’’, la bonne (ré)évaluation de l’endettement de tous les pays ! (et, cela va sans dire, la conception de la VRAIE politique anti-chômage dont tous les pays ont besoin –étant bien entendu que, comme chacun le sait,  s’il y a aujourd’hui endettement massif, c’est parce que d’abord, le chômage est massif !) ;

2)        Soit la ligne éditoriale actuelle (‘’binaire’’) de MDPT : ‘’ce dont nos sociétés ont besoin, c’est de transparence’’. Or (voyez à nouveau la DETP), si ce que l’on dit est que ce dont nos économies monétaires ont besoin, c’est surtout (SURTOUT !) de comprendre comment elles (dys)fonctionnent ? Ah oui, décidément, quand donc la rédac de MDPT comprendra-t-elle que s’il peut être justifié de dévoiler les ‘’saletés’’ des politiciens, ce qui ne l’est pas moins est de faire en sorte que, dans cinq ans (avant ?), nous n’en soyons pas là où nous en fumes cinq ans après que la gauche eut pris le pouvoir en 1981, c'est-à-dire (ceci comme, lamentablement, la gauche le fit en 1986), à pleurnicher : ‘’au secours, au secours, la droite revient !’’.

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