Jean TRAMUSET

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Billet de blog 20 décembre 2012

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A nouveau (il le faut bien !) sur la Duplication de l'Endettement Transnational des Pays (DETP)

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Avant propos

Naturellement, ce billet fait suite à ceux que j’avais postés les 11/05/2012, 19/07/2012 et 18/12/2012 qui portent sur le même sujet.

Attention (ATTENTION !), aujourd’hui, ça n’est plus du ‘’charabia’’ (comme un jour, un de mes ‘’admirateurs’’ me l’avait si aimablement dit), ce sont des chiffres (des CHIFFRES !) ; et (… attention !) pas n’importe lesquels : ce sont des chiffres puisés aux ‘’meilleures’’ sources ; ne s’agit-il pas des chiffres du… FMI ?

Commençons par ceci.

Soit un pays P, dont, sur une période quelconque, p, on considère l’évolution de l’endettement extérieur. Imaginons donc qu’au début de cette période, l’endettement extérieur de ce pays soit de 100. Imaginons maintenant que, sur la période p, P a emprunté 100 pour rembourser les 100 qu’il devait au début de cette période, et que sur p il ait effectivement remboursé 100 d’emprunts extérieurs. Naturellement, le résultat de tout cela DEVRAIT être qu’à la fin de la période p, l’endettement de P soit de : + 100 – 100 + 100 = 100 (non ?).

OR si ce que l’on observe (on l’OBSERVE !) est qu’à la fin de p, l’endettement de P est de… 200 (200 !) ? Et si, aussi incroyable que cela puisse paraître, ce que l’on dit est que, quand les paiements internationaux se font ainsi qu’ils se font aujourd’hui, c'est-à-dire : ‘’à la va comme j’te pousse’’ (à cet égard, écoutons les ''experts'' : ne disent-ils pas, eux-mêmes, que ‘’le système monétaire international tel qu'il fonctionne aujourd'hui est un NON-système’’ ?), quand un pays emprunte 100, aussitôt (AUSSITÔT !), son endettement est de… 200 (on aura reconnu la ‘’fameuse’’ DETP).

Sauf que maintenant, donc, fini de plaisanter : place aux chiffres.

Concrètement, soit le cas du Royaume-Uni (RU dans la suite).

Pourquoi le RU ? Eh bien parce qu’il présente la particularité d’être un cas absolument ‘’pur’’ : son économie étant ‘’intégrée’’ (que l’on compare avec l’économie de l’ ‘’Europe’’ !), s’ensuit que sa monnaie (la £) l’est tout autant (ici, que l’on compare avec des paiements en € effectués par des pays européens différents : n’est-il pas évident que, selon que c’est l’Espagne ou l’Allemagne qui paye –pourtant dans la même monnaie, l’€- ça n’est pas la même chose ! ; n’est-ce pas, oui ou non, quand c’est l’Espagne ou l’Allemagne qui empruntent pour payer, les taux qui leur sont faits ne sont-il pas différents ?).

Donc, la période considérée s’agissant du RU étant celle qui court de 2003 à 2010 (bornes incluses), soit (les chiffres étant exprimés en milliards de $ US) :

1° l’endettement du RU fin 2002 (donc début 2003) :

3 956 (c'est-à-dire, trois mille neuf cents cinquante six milliards de $),

2° l’endettement du RU fin 2010 :

9 483 (c'est à dire, neuf mille quatre cent quatre vingt trois milliards de $),

D'où ce 1er résultat : de 2003 à 2010, l’endettement du RU a donc crû de : 9 483 – 3 956 = 5 527

3° les remboursements d’emprunts effectués par le RU :

5 080 (c'est à dire, cinq mille quatre vingt milliards de $).

D'où ce 2ème résultat : à considérer la période 2003-2010, la différence entre les emprunts levés et remboursés par le RU a donc été de :

5 527 – 5 080 = 447 (c'est-à-dire : 447 millions de $).

Un point DÉCISIF

Si l’on dit qu’en l’état actuel de la conception que l’ ’’on’’ se fait des paiements internationaux, il y a duplication de l’endettement transnational des pays, la conséquence n’en est-elle pas IMMÉDIATEMENT que, lorsqu’un pays paye des intérêts internationaux sur ces emprunts, il paye… deux fois (DEUX fois !) ce qu’il DEVRAIT payer ! (à cet endroit, bien entendu, on aura reconnu le Double Paiement des Intérêts Transnationaux –DPIT ; et l’on pourra toujours se reporter à ce que ‘’depuis le début’’ –je veux dire depuis que je suis abonné à Mdpt- je dis et répète là-dessus).

Question : comment comprendre un tel paiement (deux paiements en… un paiement, UN SEUL !) ?

Or si ce que l’on dit est que le paiement d’intérêts transnationaux par un pays consiste en ceci :

1)      son paiement proprement dit,

2)      le maintien au MÊME niveau de son endettement NET (= son endettement sans contrepartie en devises), ceci alors même que, le paiement d’intérêts par un pays valant le remboursement par lui d’une dette nette (car telle est en effet l’essence d’une dette d’intérêts), évidemment, l’endettement net du pays qui paye DEVRAIT diminuer (DIMINUER !) du montant de son paiement,

la conclusion n’est-elle pas qu’un pays payant 10  d’intérêts internationaux, ce paiement se traduisant donc par :

1)      une sortie de 10 en devises,

2)      le ‘’gain’’ d’une dette nette de 10 (et donc, DANS LE MÊME MOUVEMENT, la perte des 10 en devises que, par définition, sa nouvelle dette nette ne lui apporte pas) 

la conclusion dis-je n’est-elle pas qu’un pays payant 10 d’intérêts transnationaux, en réalité, il perd… 20 (le double !) en devises.

Encore une chose CAPITALE à propos du DPIT

Il n’est pas d’autre possibilité : un pays qui paye ses intérêts (une dette nette, c'est-à-dire, répétons-le, une dette sans contrepartie en devises) ne peut payer qu’en empruntant.

D’où, si l’on revient au cas du RU sur la période 2003-2010, ce résultat (à ce stade une –audacieuse-  hypothèse) que le RU ayant emprunté 5 527 et remboursé 5 080 sur la période (encore une fois, il s’agit de milliards de $ US), la différence (cf. supra, notre ‘’2ème résultat’’), c'est-à-dire 447 millions de $, correspond aux intérêts (autant de dettes SANS contrepartie en devises !) que, sur la période, le RU a payés à ses créanciers internationaux.

Vous savez quoi ?

Eh bien que, tous calculs effectués par ailleurs, ce qui apparaît est que le montant des intérêts transnationaux payés par le RU entre 2003 et 2010 a été de… 411 (millions de $ ; ces 411, on l’aura compris, étant évidemment à comparer aux 447 calculés ainsi qu’on l’a vu plus haut).

Le dernier pas

Commençons par retirer ces 411 du montant qui a été emprunté par le RU (5 527) entre 2003 et 2010. Le montant des emprunts AVEC devises effectués par le RU entre 2003 et 2010 a donc été de : 5 527 – 411 = 5 116.

Ici, soit le critère de la Duplication de l’Endettement Transnational des Pays tel que nous l’avons établi au tout début de ce billet : on l’a vu, tout pays qui, sur p, emprunte 100 se retrouve, à la fin de p, endetté à hauteur de 200.

Franchement, le RU étant endetté en 2003 à hauteur de 3 956, et le RU ayant entre 2003 et 2010 emprunté 5 116 pour, ceci sur la même période rembourser, 5 080, son endettement final n’aurait-il pas dû être de : 3 956 + 5 116 – 5 080 = 3 992.

Or il EST de : 9 483 (cf. supra –point 2°).

La différence est donc de… 5 491, c'est-à-dire, à moins de 1 % près (au ‘’$ près’’ - non ?), le montant OBSERVÉ de l’augmentation de l’endettement du RU entre 2003 et 2010.

Comment ! Que dites-vous ! la Duplication de l’Endettement Transnational des Pays serait du ‘’charabia’’ ?

Comment ! Que dites-vous ! s’agissant de la crise ‘’de la dette’’, toutes (TOUTES !) les politiques (de l’austérité la plus ‘’débile’’ à la relance la plus ‘’intelligente’’) conçues par TOUS les politiciens (de la droite extrême à la gauche non moins extrême) ne seraient pas nulles, nulles de chez nul ? (ne faudrait-il pas commencer par recalculer l’endettement réel- SIMPLE et non pas DOUBLE-  de TOUS les pays ?).

Et quoi encore, Mdpt étant ce qu’il prétend être, l’heure ne serait pas à ce qu’enfin, tandis que ses journalistes documentent les ‘’saletés’’ des politiciens, ils s’intéressent AUSSI à ce qu’il faudra bien que la ‘’révolution’’ fasse, si, un jour, elle veut VRAIMENT révolutionner le capitalisme. 

JT             

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