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Billet de blog 21 janvier 2011

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Pourquoi le NPA a-t-il si peu d'audience ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

‘'Pourquoi le NPA a-t-il si peu d'audience ?'' (cette question ayant été posée hier par l'un des commentateurs d'un ‘'billet'' saluant lui-même les commentaires d'Olivier Besancenot -l'''expert'' de service ?- relatifs à la ‘'révolution tunisienne'').

La réponse ne fait aucun doute : c'est parce que, en France (comme partout ailleurs), ce que sait d'instinct la société civile (les ‘'citoyens'' comme on le dit sur Médiapart), c'est-à-dire la seule instance à même de réussir une révolution (ceci parce que la société civile est la seule instance à même de concevoir qu'avant tout, une révolution DOIT être DEMOCRATIQUE), c'est que le NPA n'est pas dans le VRAI (d'où ‘'le problème'' posé -puisqu'en effet, ainsi que tout le monde le pressent, et ainsi que le disait je crois Lénine, ‘'seule la vérité est révolutionnaire'').

A cet égard, et puisqu'elle est au cœur du marxisme tel que l'interprète le NPA, la question qui sans le moindre doute fâche définitivement est celle de la ‘'plus-value'' : celle-ci n'est-elle pas au cœur de ‘'la lutte des classes'' (avec toute la fantasmagorie qui se trouve attachée à cette dernière ?).

Commençons par rappeler la réponse que l'on doit à la vulgate marxiste d'être aujourd'hui universellement connue : la valeur du travail c'est la valeur des biens de consommations nécessaires à sa reproduction (d'où, la valeur produite étant celle produite par le travail pendant tout le temps où il est mis en œuvre, et ce temps étant évidemment supérieur au temps nécessaire à la production des seuls biens de consommation, la différence positive -justement, la ‘'plus-value''- entre ce que coûte le travail et ce qu'il produit -différence positive que, toute honte bue, le ‘'capitaliste'' se met dans la poche -CQFD).

Or si, cela conformément à une analyse PUREMENT en valeurs ''d'échange'' (et non pas, TANTÔT en valeurs ''d'échange'', TANTÔT en valeurs ''d'usage'' -cette facilité permettant, fort opportunément, de réintroduire dans l'analyse en valeurs d'échange, la distinction entre biens de consommation et biens de production), savoir précisément, l'analyse scientifique du capitalisme que... Marx (Marx LUI-MÊME !) prétendait mener, ce que l'on DOIT alors dire est qu'en réalité, la valeur (d'échange) du travail c'est très exactement la valeur de la TOTALITE de son produit (les biens de consommation et -ET !- les biens de production), alors, que peut-il bien rester de la ‘'plus-value'' ? De proche en proche, que peut-il bien rester de ‘'l'exploitation'' du travail par le capital ? De la ‘'lutte des classes'' ? Et pour finir, que peut-il bien rester de la ‘'révolution'' telle que se la représente (et la représente) le NPA ?

A ce sujet (il le faut !), allons ici ‘'jusqu'au bout'' :

  • 1) le NPA sait-il que ce que Marx lui-même confessait (Marx LUI-MÊME! -cf l'introduction de Maximilien Rubel à l'édition des œuvres complètes de Marx dans la bibliothèque de La Pléiade) était que ce qu'il avait produit de plus faible était justement... la ‘'théorie'' de la ‘'plus-value''?
  • 2) le NPA sait-il que ce que Rosa Luxembourg admettait (Rosa Luxembourg ELLE-MÊME -dont Olivier Besancenot rappelle LUI-MÊME l'expertise), c'est que, telle qu'elle avait été conçue par Marx, eh bien en effet, la ‘'plus-value'' ne pouvait pas être réalisée par les ‘'capitalistes'' (et en effet, les ‘'capitalistes'' jetant V dans le circuit économique, comment concevoir -sauf à croire à la multiplication des pains !- que ce qu'ils pouvaient en retirer, c'était V + Pl ?).

Sauf que voilà, qui pourrait bien aujourd'hui prétendre que la lutte des classes n'existe pas ? Qui pourrait bien aujourd'hui prétendre que notre quotidien n'est pas fait de la lutte incessante entre les salaires et les profits pour le partage du produit ? Qui pourrait bien aujourd'hui ne pas admettre que ce qu'il FAUT (même... Sarko est sur cette ‘'ligne'' -cf. sa ‘'rupture'' !) c'est révolutionner le capitalisme ?

Ce qui alors s'impose ? Je l'ai déjà dit (cf. mon ‘'billet'' du 16/09/10 -cf. aussi mon édition ''Ressourcer la révolution''), c'est ''révolutionner la révolution''.

Ainsi, soit les 3 problèmes fondamentaux du capitalisme aujourd'hui, savoir 1) au plan des pays : celui du chômage massif (c'est à dire, cela se démontre, le chômage du 1/3 de la main d'oeuvre disponible), 2) au plan des relations entre les pays : a) celui du Double paiement des intérêts transnationaux (DPIT), b) celui de l'inexistence d'un véritable système monétaire international.

Or si ce que l'on dit est que :

1° s'agissant du chômage : le problème étant de connaître le montant des profits dépensés/REPRODUITS par les entreprises en chaque période de production (c'est qu'en effet, des profits dépensés/REPRODUITS n'ayant pas besoin d'être... produits, ce qui est inutile -d'où le chômage !- est que les entreprises lancent les productions qui sont nécessaires à la production de ces profits), et les ''Banques'' se trouvant au coeur de la dépense/REPRODUCTION des profits des entreprises, la solution est logiquement celle de la profonde réorganisation des ''Banques'' ;

2° a) s'agissant du DPIT, la solution consiste évidemment dans la réforme des paiements internationaux, 2° b) s'agissant de l'inexistence d'un véritable système monétaire international, la solution tient dans la création d'une authentique monnaie internationale (savoir d'une monnaie qui soit d'un tout autre ordre que celui des monnaies nationales -c'est que CONCEPTUELLEMENT, la monnaie internationale ne doit circuler que dans l'espace des relations entre les pays ; ce qui est donc impossible est que cette monnaie soit conçue comme a si stupidement été conçu l'€, c'est-à-dire comme pouvant prendre la place des monnaies nationales qui existaient et qui, bien entendu, devaient continuer d'exister),

ce que l'on pourra dire ne sera-t-il pas que, bien que ''révolutionnaires'', ce qui est plausible est non seulement que ces solutions pourront être entendues par la société civile mais aussi que, celle-ci s'en emparant, elles pourront être mises en oeuvre par elle ?

Jean Tramuset

PS : bonne année à tous !

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