Jean TRAMUSET

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Billet de blog 21 octobre 2011

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Pour vaincre la crise : brûler les ''banquiers'' ou comprendre comment le capitalisme (dys)fonctionne ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Pour commencer, une petite histoire :

<< Une journée maussade dans un petit bourg humide au fin fond de l'Irlande... Il tombe une pluie battante et les rues sont désertées. Les temps sont durs, le pays est très endetté, tout le monde vit à crédit. Là-dessus arrive un touriste allemand, riche. Il arrête sa belle voiture devant le seul hôtel de la ville et il entre. Il pose un billet de 100 sur le comptoir et demande à voir les chambres disponibles afin d'en choisir une pour la nuit. Le propriétaire de l'établissement lui donne les clés et lui dit de choisir celle qui lui plaira.

Dès que le touriste a disparu dans l'escalier, l'hôtelier prend le billet de 100, file chez le boucher voisin et règle la dette qu'il a envers celui-ci. Le boucher se rend immédiatement chez l'éleveur de porcs à qui il doit 100 et rembourse sa dette. L'éleveur à son tour s'empresse de régler sa facture à la coopérative agricole où il se ravitaille en aliments pour le bétail. Le directeur de la coopérative se précipite au pub
régler son ardoise. Le barman, glisse le billet à la prostituée qui lui fournit ses services à crédit déjà depuis un moment. La fille, qui occupe à crédit les chambres de l'hôtel avec ses clients, court acquitter sa facture chez l'hôtelier.L'hôtelier pose le billet sur le comptoir là où le touriste l'avait posé auparavant.

Là-dessus, le touriste descend l'escalier, annonce qu'il ne trouve pas les chambres à son goût, ramasse son billet et s'en va...

Personne n'a rien gagné, personne n'a rien perdu ; n'en reste pas moins que plus personne n'est endetté. Non ? >>

Maintenant, imaginons que, dans cette Irlande plongée dans la déréliction (A endetté vis-à-vis de B, qui lui-même l'est vis-à-vis de C, lequel l'est vis-à-vis de D, lequel à son tour l'est vis-à-vis de E... , ceci jusqu'à Z -ou qui vous voudrez, qui, en bout de chaîne, se trouve donc endetté vis-à-vis de A -d'où la ‘'sinistrose'' ambiante), à la place de ‘'l‘Allemand'', se soit un... banquier qui s'avance sur la scène (non, non, ne sortez pas encore votre revolver ! -ou tout au moins give him a chance), un banquier qui fasse ceci (l'hypothèse supplémentaire
étant que tous, A, B, C, D, E... Z ont leur compte ‘'dans les livres'' -c'est comme ça qu'on dit- de la banque dudit banquier) :

-
créditant le compte de A par le débit de ‘'son'' compte (en fait celui de ‘'sa'' banque), instantanément, le banquier débite le compte de A pour créditer le compte de B, cette opération étant instantanément suivie par celle où, débitant le compte de B il crédite le compte de C, cette opération se trouvant à son tour (instantanément) suivie par celle où, débitant le compte de C il crédite le compte de D... etc, etc... ceci jusqu'à ce que, en bout de chaîne (et donc sans qu'on puisse dire qu'entre le début et la fin de tous ces débits/crédits une seule seconde a pu s'écouler), le compte de Z soit, par le banquier, débité par le crédit du compte de ‘'sa'' banque.

Oui ou non (OUI OU NON ?), l'économie ‘'irlandaise'' ne se trouvera-t-elle pas tout autant ‘'déboguée'' qu'après l'intervention de ''l'Allemand'' ? Et ce que l'on DOIT dire n'est-il pas ceci :

-
être banquier ou intervenir en banquier N'IMPLIQUE PAS que, par principe (pour ne pas dire par nature !) l'on se trouve dans une quelconque position de pouvoir. La preuve ? Mais s'agissant de ce que le banquier apporte à l'économie ‘'irlandaise'' sinistrée de l'histoire, n'est-ce pas... RIEN (puisque ce qu'il lui donne, c'est ce qu'instantanément il récupère sur elle ; que donc ce qu'il lui donne, cela ne lui coûte ABSOLUMENT rien) ; et quelqu'un qui n'a RIEN, n'est-ce pas quelqu'un dont on DOIT dire qu'il n'a aucun pouvoir sur qui que ce soit ?

C'est là où ce que l'on va me dire, c'est : ‘'et le pouvoir des banquiers de prêter l'épargne qui leur est confiée ; ceci sans parler du pouvoir qu'ils ont de prêter (ou non !) les revenus de leurs clients ! Oui, de ces pouvoirs-là, qu'en faites-vous ?''

Ce que j'en fais ? Eh bien

1° je réponds (en particulier à Marie-Caroline Porteu - et également à Martine Orange, voire, pendant que j'y suis, à Philippe RIES !) que, s'il y a une confusion à NE PAS faire s'agissant des banques, c'est bien celle qui consiste à NE PAS faire la différence (fondamentale !) entre la MONETISATION de l'économie par la CREATION monétaire (la monnaie lancée à l'économie à cet effet par les banques est instantanément reprise par elles -c'est tout l'intérêt de la petite histoire du début), et son FINANCEMENT (je parle bien entendu de celui de l'économie) par des capitaux monétaires, c'est-à-dire de la monnaie qui n'est pas ''RIEN'' (cf. supra) mais qui a un pouvoir d'achat (d'où la différence, en effet fondamentale, entre le jeu de la monnaie dans la monétisation de l'économie et son jeu dans son financement).

2° je réponds que, ainsi que le donne aussi à penser ‘'ma'' petite histoire (non ?), si la Crise renvoie bien entendu aussi aux banquiers (précisément à leur ignorance et donc à leur incompétence -voyez de quelle manière ils ont laissé les ‘'politiques'' concevoir et mettre en place l'€ !), ce qu'il FAUT SURTOUT dire est qu'elle se trouve nouée BIEN AVANT que les banquiers ne monétisent l'économie (par création monétaire) et ne la financent (au sens strict du terme) par des capitaux monétaires (cf. supra).

La crise, c'est, sur ‘'ordre'' DES ENTREPRISES (c'est elles qui sont ‘'directrices'' et non pas les banques), le lancement de la PRODUCTION à un niveau de sous-emploi. Tout cela pour dire que là, ce qui est en cause, c'est (en effet bien avant que les banques y soient pour quelque chose) l'accumulation et la suraccumulation du capital ; sans parler des lois de l'économie internationale (l'économie de l'ECHANGE des productions nationales).

Là-dessus, et si on n'a pas peur des VRAIES idées (‘'celles seules à même de changer le monde'' comme le disait je n'sais plus qui), on
peut toujours aller voir mon billet intitulé ‘'Être ''dur'' ? Être ''mou'' ? Non, être PERTINENT !'' et mon billet intitulé ‘'''Mondialisation/démondialisation : pour en finir avec les bavardages, les gesticulations et l'obscurantisme (2ème édition)''.

Bonne lecture (?)

Jean Tramuset

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