Cette fois (cf. mon précédent ‘'billet'' sur le même sujet, daté du 21/01/11 -pardon de me citer), c'est l'article de Mathieu Magnaudeix couvrant la visite d'Olivier Besancenot à Tunis qui me fait réagir.
‘'Ma première révolution !'' s'enthousiasme Olivier Besancenot... Nul besoin dans ces conditions de beaucoup d'imagination (et au risque -évident !- de ne pouvoir passer que pour un professionnel de l'ironie -de surcroît forcément ‘'contre-révolutionnaire'') pour imaginer le porte-parole de NPA en train de littéralement léviter dans les rues de la capitale tunisienne : ainsi qu'il le dit lui-même, aujourd'hui à Tunis, ‘'l'atmosphère'' n'est-elle pas ‘'d'effervescence et d'ébullition'' ?
Attention (pas de faux procès !), ce que je suis en train de dire n'est pas que les Tunisiens, (et tous les démocrates de la planète), ne doivent pas se réjouir du renversement de Ben Ali (même s'il reste tellement à faire ! -heureusement comme le disait de Gaulle, recyclé par... Althusser, ‘'l'avenir dure longtemps''). Ce que je suis en train de dire est que, décidément, il est chez les ‘'révolutionnaires'' une récurrence qui me navre : celle de leur incorrigible NAÏVETE.
Quoi ! ce qu'il suffirait pour qu'aujourd'hui, en Tunisie, on puisse ‘'comme ça'', AU RISQUE EVIDENT D'ACCREDITER LES PIRES ILLUSIONS, parler de ‘'révolution'', c'est que ‘'l'atmosphère'' à Tunis (et partout ailleurs en Tunisie -du moins l'espère-t-on) fût ‘'d'effervescence et d'ébullition'', qu'enfin, pour le dire autrement, ‘'le peuple eût la parole'' ? Ah oui en effet, que les ‘'révolutionnaires'' me pardonnent (sauf qu'ici cela saute aux yeux), quelle... naïveté !
Car enfin, pour ne parler que de ces ‘'révolutions''- là (on pourrait citer... TOUTES les autres !), après qu'elles eurent pourtant commencé par donner la parole au peuple, à qui donc finalement, Octobre 1917 en Russie, Mai 68 en France, les années 1979 et 1980 en Iran ont-ils donné le pouvoir ? Au peuple ? Allons donc, ‘'dans les yeux'', quel est le ‘'révolutionnaire'' qui, aujourd'hui, pourrait bien défendre une telle fable ?
Ce que je veux dire ?
Eh bien que sans le moindre doute, pour peu que l'on refuse la facilité de s'en tenir à une lecture opportuniste des faits (celle-ci ayant pour fonction de se rassurer ? -n'est ce pas, et si la-révolution-qui-réussit, à la vérité, ça n'était qu'un bon gros mythe, histoire de continuer à ''garder le moral'' ?), aux délires et au lyrisme, à l'irréalisme et au dogmatisme (deux perversions jumelles), ce qu'il reste à faire aux ‘'révolutionnaires'' (le chantier est malheureusement intact !), c'est de se donner les moyens de pouvoir effectivement être... des révolutionnaires (on notera l'absence de guillemets !).
Le verra-t-on, mais ici, la question posée étant de savoir ‘'pourquoi le NPA a aussi peu d'audience'', on est au cœur du sujet.
Ainsi, ceci parce que, sans le moindre doute, il est emblématique du programme du NPA, soit le mot d'ordre de ‘'nationalisations sans indemnités ni rachat des moyens de production et d'échange'' (cette mesure étant vue comme le moyen de mettre un terme au chômage de masse -lequel est en effet, le principe de TOUS les maux du capitalisme d'aujourd'hui).
Or ce mot d'ordre, qui AUJOURD'HUI peut bien l'entendre ? Ne vient-il pas d'y avoir le déplorable exemple de l'URSS (c'était ‘'hier''), et en ce moment, sous nos yeux hagards, n'y a-t-il pas l'exemple non moins glauque de la Chine. Comment alors s'étonner que le NPA en soit là où il en est (dans les choux) ?
Soit alors la question (constructive) de savoir comment le NPA (et -bien mieux !- tous ceux qui veulent VRAIMENT que les choses changent), pourrai(en)t non pas seulement sortir de leur isolement, mais, véritablement intéresser une VRAIE majorité (une majorité ‘'sociologique'' pour reprendre les termes du Monde daté 11 mai 1981) à la cause de la révolution.
Ici, soit cette analyse d'aujourd'hui (pas de 1860 !) du capitalisme d'aujourd'hui (pas celui de 1860 !) qui, successivement, démontre (DEMONTRE !) :
- a) qu'en économie par le marché, ça n'est pas le marché qui fait l'économie (ceci se lisant dans le FAIT que, lorsqu'ils arrivent sur le marché, TOUS les biens sans exception ont DEJA un prix),
- b) qu'en économie par le marché, en réalité, tous les grands ‘'équilibres'' (savoir 1- au plan des économies nationales, celui de l'emploi -et donc du chômage; 2- au plan de l'économie internationale, et donc au plan de la ‘'qualité'' des échanges entre les pays : ou bien ces échanges se font entre équivalents économiques, ou bien... tel n'est pas le cas -ce qui on en conviendra n'est pas la même chose!) sont donc noués AVANT que les marchés ne fonctionnent (auquel cas, les marchés n'étant pas les vrais responsables de la Crise, évidemment, ce qui sera de nul effet si l'on veut l'éradiquer sera d'intervenir sur eux -pour les diriger, les encadrer, voire les supprimer, ceci d'ailleurs au profit de qui ?),
- c) qu'en économie par le marché, donc, la dissolution de la Crise ne gît pas dans l'interventionnisme sur les marchés, mais dans la conception et la mise en place du CADRE dans lequel, les marchés fonctionnant librement (ceci pour que, PAR EUX -et non pas par les vertus d'une poignée de bureaucrates corruptibles voire corrupteurs- les individus en s'associant puissent EFFECTIVEMENT s'opposer à l'arbitraire des entreprises -par exemple en ‘'boycottant'' celles dont il sera jugé qu'elles doivent être ‘'punies''), tout humain quel qu'il soit et où qu'il soit, pourra, s'il le désire, exercer son droit imprescriptible au travail, c'est-à-dire à sa socialisation.
Concrètement, soit l'analyse démontrant (DEMONTRANT !) que pour sortir de la Crise (évidemment sans précédent) du capitalisme d'aujourd'hui, ce qu'il faut c'est :
1° profondément réformer les banques (cette réforme permettant AUSSI, grâce au ‘'cantonnement'' de la finance qu'elle permettra de mettre en place -ici, évidemment, impossible d'en dire plus ; on peut toutefois se reporter à l'un de mes précédents ‘'billets'' intitulé ‘'Pour punir les banques, les punir vraiment !''- de faire en sorte que plus jamais -c'est à dire non pas par des mesures de simple police- la finance ne pourra se rémunérer au détriment de l'économie réelle),
2° réformer les paiements internationaux (ceci pour tout à la fois mettre un terme 1) au double paiement des intérêts internationaux mais aussi 2) au doublement STRUCTUREL de l'endettement des pays -d'où l'explosion des dettes souveraines et donc, à l'échelle de la planète, la prolifération du suicidaire néo-malthusianisme économique actuellement mis en place par tous les ‘'responsables'' politiques),
3° réformer VERITABLEMENT le système monétaire international, c'est-à-dire concevoir et mettre en place LA monnaie internationale (la monnaie des monnaies) dont la mondialisation a aujourd'hui plus que besoin (voyez l'état du monde !).
Ah oui, certes, on est loin (à mille lieues !) du ‘'catéchisme'' du NPA ?
Pourtant qui dira que ces ‘'réformes'' ne sont pas authentiquement révolutionnaires ?
Et que malgré cela (il faut dire qu'en effet, elles sont bien autre chose que toutes ces vieilles ‘'idées'' usées jusqu'à la corde dont tous les ‘'politiques'' de tous bords nous abreuvent jusqu'à nous écœurer -quel taux d'abstention aux prochaines élections pourtant ‘'décisives'' ?), il n'est aucune raison qui pourrait faire que chacune d'elle ne soit pas entendue par toutes les honnêtes femmes et tous les honnêtes hommes de ce siècle : par définition, de telles femmes et de tels hommes ne sont-ils pas rationnels, et donc (vu l'irrationalité de notre monde)... révolutionnaires ?
Jean Tramuset