Commençons par cette question : qu’est-ce qu’un paiement ? ; et, pour continuer, répondons ainsi que, tous les jours, à ceux qui les lisent, les ‘’expertises’’ des ‘’experts’’ en économie du Monde (si encore il n’y avait qu’eux !) donnent à penser qu’on puisse le faire. ‘’- Ce qu’est un paiement ? Mais, dira-t-on, c’est évident : quand j’achète un bien ou un service de valeur 10 €, c’est ce qui me rend quitte vis-à-vis du vendeur de ce bien ou de ce service ; et, à supposer maintenant que la Grèce emprunte 100 millions d’€ à l’Allemagne (si encore ça n’était que 100 millions d’€ !), c’est quand l’Allemagne crédite la Grèce de 100 millions d’€ contre la signature par la Grèce d’une reconnaissance de dette au bénéfice de l’Allemagne d’un montant de 100 millions d’€’’.
Sauf que, ceci pour s’en tenir à ce dernier exemple, la Grèce tenant donc 100 millions d’€ sur l’Allemagne, et l’Allemagne tenant une dette de 100 millions d’€ sur la Grèce, si, non pas seulement ‘’journalistiquement’’, mais très attentivement, on se penchait sur l'échange (l'échange !) qu'est en réalité ce paiement (non ?)…
D’abord, cela semble au-dessus de toute discussion, en effet c’EST un échange : l’Allemagne ne paie-t-elle pas (100 millions d’€) à la Grèce de pouvoir lui dire : ‘’je suis votre créancier, donc vous me devez 100 millions d’€’’ ; et la Grèce ne paie-t-elle pas à l’Allemagne (en lui reconnaissant une dette de 100 millions d’€) de pouvoir lui dire : ‘’je suis votre débiteur, donc vous me devez 100 millions d’€’’ ?
Or si ce que l’on remarque est que, tandis que dans cet ‘’échange’’, la Grèce PERD sur l’Allemagne de devoir lui dire : ‘’je vous dois 100 millions d’€’’, l’Allemagne, elle, NE PERD PAS de devoir dire à la Grèce : ‘’je vous dois de pouvoir vous dire (et à moi !) que vous me devez 100 millions d’€ (ceci parce que vous m’avez emprunté 100 millions d’€’’).
A cet égard, soyons parfaitement clair.
L’Allemagne ayant prêté 100 (millions d’€, nous ne le dirons plus) à la Grèce, soit, donc, ceci sur le modèle de la Balance des Paiements de la Grèce (au crédit d’une telle balance, ce que la Grèce a gagné du fait de ses paiements créditeurs ; au débit, ce qu’elle a perdu du fait de ses paiements débiteurs), ce que, en nous inspirant des ‘’outils’’ des institutions financières internationales (pour les spécialistes, cf. l’International Investment Position des pays), on pourrait appeler la Balance des Engagements de la Grèce ou sa BE : au crédit de cette balance, ses créances, au débit, ses dettes.
Si donc, l’Allemagne ayant prêté 100 à la Grèce, on dit (cf. supra) que, s’agissant de cette opération, tandis que :
-la Grèce PERD une dette de 100 (ce qui, symétriquement, et identiquement, veut dire que l’Allemagne gagne une créance de 100 sur la Grèce), d’où le débit de la BE de la Grèce pour un montant de 100 ;
-l’Allemagne NE PERD PAS de devoir reconnaître à la Grèce qu’elle lui doit l’avantage de pouvoir lui dire qu’elle (la Grèce) lui doit 100 (ce qui, symétriquement, et identiquement, veut dire que la Grèce ne gagne rien sur l’Allemagne),
le résultat n’est-il pas que par-delà ce qui d’abord est évident (cf. supra), ce prêt (qui est un échange) est, EN MÊME TEMPS, le CONTRAIRE d’un échange ?
C’est là où ça devient absolument passionnant.
N’est-ce pas, l’Allemagne prêtant 100 à la Grèce, si, dans cette opération, la Grèce PERD une dette de 100 sur l’Allemagne, tandis que, au bénéfice de la Grèce, l’Allemagne NE PERD PAS une obligation équivalente, ceci voulant dire que cette obligation équivalente, l’Allemagne gagnant d’en faire l’économie, c’est nécessairement sur… la Grèce que cette obligation va retomber une DEUXIÈME fois, la conclusion n’est-elle pas que, la Grèce empruntant 100 à l’Allemagne, finalement, son endettement est de… 200 !!!!
Une fois de plus (cf. tous mes billets de blog à ce sujet), c’est la Duplication de l’Endettement Transnational des Pays (DETP), duplication dont la conséquence logique est le Double Paiement des Intérêts Transnationaux (DPIT) ; d’où, qui ne le comprendra, la ‘’crise de la dette’’ ; sachant qu’à l’origine de cette crise et des ‘’horreurs’’ qui, aujourd’hui, la font paraître totalement inextricable (le chômage massif d’une part, le ‘’n’importe quoi’’ du non-système monétaire international d’autre part ; s'agissant de ce dernier point, ce qui se démontre n'est-il pas que c'est ce non-système qui est à l'origine de la DETP ?), ce qu’il n’est pas étonnant que l’on y trouve soit … la récurrente incapacité des ‘’experts’’ à correctement penser la monnaie (sans parler de la récurrente incapacité de ceux qui commentent ces ‘’experts’’ à penser cette… récurrente incapacité des ‘’experts’’ !) ; n’est-ce pas (ceci étant dit à l’usage des sceptiques), la première caractéristique de nos économies n’est-elle pas que, justement, elles sont monétaires ?
En tous cas, c’est là où, dans son édito d’hier soir, Le Monde, imperturbablement, nous raconte que, si l’Europe veut sortir de la crise, ce qu’il faut, c’est que les Européens fassent les sacrifices qui, ‘’seuls’’ (sic !) leur permettront d’être… ‘’compétitifs’’ !
Naturellement, c’est là où, nombre de médiapartiens (-partiennes) bien intentionné-e-s vont me conseiller de ‘’plutôt’’ lire Médiapart.
Fort bien !
Mais si la ''théorie'' de Médiapart est que pour mettre fin à la crise, ce qu’il faut, c’est (voyez la politique éditoriale de la rédac), c'est investiguer les ‘’saloperies’’ des ‘’salopards’’ ; dit autrement, si, s’agissant de Médiapart, ce que l’on est fondé à écrire, c’est : ‘’Le monde selon Médiapart : quand l’irresponsabilité le dispute à la récurrente volonté d’ignorer le réel’’ ?
JT