J'étais calme l'autre jour devant mon écran (connecté bien entendu à Mdpt), presque calme : ‘'Mélancholia'' s'était encore rapprochée de notre bonne vieille planète (ici -en Syrie- encore une cinquantaine d'opposants à Assad écrabouillés sous les chars de ses reîtres ; là, l'annonce de la délocalisation en Asie par Nokia d'une usine roumaine -quand même 3 000 emplois ! ; ailleurs, l'annonce de la construction par les israéliens de 1 100 nouveaux logements à Jérusalem-Est ; etc, etc...) ? Et alors, n'était-ce pas comme ça depuis toujours ? : quand l'Histoire mordait vraiment la nuque de l'humanité, n'était-ce pas alors que la danse dite ‘'du volcan'' (justement, le volcan sur lequel l'humanité danse) était la plus frénétique ?
C'est alors que, ‘'descendant'' dans un billet bizarroïde, en tout cas sibyllin, je me retrouvai en train de suivre le fil de l'empoignade à laquelle il donnait lieu :
‘'- Pouf ! imbittable !'' pestait celui-ci (‘'n'est-ce pas, y'a trop de parenthèses ; ‘faut s'y reprendre plusieurs fois avant de commencer à
comprendre ; ah sur twitter -là, j'dois avouer que ça n'est que ce que j'ai pensé qu'il se passait dans la tête de celui qui disait ça- c'est quand même aut' chose : pas plus de 140 mots, voilà quelle devrait être la règle'').
‘'- Mais si, au lieu de monter sur vos grands chevaux, vous commenciez par me lire calmement, essayait désespérément de se défendre l'auteur''.
Etc, etc...
C'est là où le commentaire suivant tomba : « Certes le ton (du billet) est un peu provoc... Certes également, son style littéraire a sa
particularité qui n'en rend pas la lecture facile. Cependant, ce que je crois... c'est qu'il y a amplement matière à réflexion -et quelle réflexion !... Certes... il vous faudra lire et relire... mais vraiment, sincèrement, j'aimerais avoir votre avis sur ce qui me semble loin, très loin d'un simple charabia économique. Oublions un instant ce que nous pouvons bien entendu faire localement pour nos pauvres et entrons dans une autre dimension: celle d'une projection totale vers un autrement absolu. C'est ainsi que je lis, personnellement, l'auteur. C'est
exactement pour cette raison que ses billets, même si je dois aussi les déchiffrer, m'intéressent énormément. Une troisième voie, c'est ainsi que je le comprends, au-delà des modèles capitalistes et communistes. Et c'est bien là tout son intérêt ».
Qui ne dira, oui, je pèse mes mots, la ‘'qualité'' du propos ? Qui ne dira son équilibre (entre nous, mon sentiment est en effet que l'auteur ne m'a pas semblé faire beaucoup d'efforts pour que le lecteur le comprenne ! -tant pis pour lui ?) ? Bref, qui ne dira que, pour beaucoup de médiapartiens (et -partiennes) ce commentaire pourrait être le ‘'modèle'' à toujours suivre quand, la rage les prenant devant l'état du monde (qui les en blâmerait !), ils se mettent à leur clavier pour (passionnément !) se faire savoir ce qu'ils pensent de la façon (erronée, forcément erronée !) dont les autres qu'eux-mêmes (ceux en particulier qui ne suivent pas la même ‘'idéologie'' qu'eux -je ne veux pas croire qu'ils puissent ne suivre qu'un ramage ou, pire, qu'un plumage !) prétendent qu'il faut changer les choses ?
C'est là où les choses se gâtent (en fait, elles basculent grave !)...
D'abord, il faut dire que le commentaire que je viens de longuement citer était le fait d'une FEMME. C'est qu'en effet, le commentaire de ce commentaire, cette fois le fait d'un HOMME, tint en ces fortes ‘'paroles'' : « Votre réaction m'éclaire sur votre fantasme de femelle dominée (sic !) qui vous fait défendre au dela de la décence (resic !) votre sex symbole (reresic !). Je ne mettrai même pas un smiley parce que votre aveu est trop criant pour en sourire » . En (très) clair : ''l'intelligence des femmes ? Mais parlez-moi plutôt de leur ''cul'' ! N'est-ce pas, quand une femme est intelligente, ce qui fait qu'elle l'est, cela, n'est ce pas son ''cul'' qui fait qu'elle l'est ?''
C'est là où (vous pensez bien : savoir d'où le danger peut à tout moment surgir, en effet, ça n'est pas si indifférent !), j'ai cherché les cranes rasés et, disons quelques dizaines de centimètres plus bas, les couilles (elles aussi rasées -‘parait qu'c'est comme ça qu'i s'reconnaissent), lieu d'où, évidemment, de telles insanités ne pouvaient que sortir.
Eh bien, figurez-vous que j'ai cherché en vain. ‘'Ben oui, me suis-je finalement dit, ne sommes-nous pas sur Médiapart''.
Sauf que depuis, ma sidération demeure : si, quand on est sur Médiapart, ce que l'on peut entendre c'est (du moins est-ce ce que j'imagine), ce que l'on entend quand on est dans une réunion du FN, où en sommes-nous ? Je vous le demande (je le demande en particulier à la rédaction), quel est le VRAI bilan, je veux dire le bilan VRAIMENT politique, d'une ligne éditoriale qui, pratiquement, ne consiste qu'en ceci, documenter et mettre en scène les forfaitures du sarkozysme ?
Et l'on s'étonne après cela que parfois, je me sente un peu mélancolique.
Jean Tramuset