– Tu veux bien que je vienne ? demanda Angel.
– Entre, dit Clémentine.
Elle le regarda, ni amie, ni ennemie. Il restait debout, sans oser s’asseoir sur le lit, de peur de la déranger.
– Je ne peux plus guère me fier à toi, dit-elle. Une femme ne peut plus se fier aux hommes à partir du moment où un homme lui a fait des enfants. Et particulièrement pas à celui-là.
– Ma Clémentine, dit Angel, tu as eu bien mal.
Elle secoua la tête. Elle ne voulait pas se laisser plaindre.
– Je me lèverai demain, dit-elle. Dans six mois, il faut qu’ils sachent marcher. Dans un an, ils liront.
– Tu vas mieux, dit Angel. Je te retrouve.
– Ce n’était pas une maladie, dit-elle. C’est fini maintenant. Et ça ne recommencera plus. Dimanche, il faut qu’ils soient baptisés. Ils s’appelleront Joël, Noël et Citroën. C’est décidé.
– Joël et Noël, dit Angel, ce n’est pas bien joli. Tu avais encore Azraël, Nathanaël et même Ariel. Ou Prünel.
– Tu n’y changeras rien, dit Clémentine, la voix précise. Joël et Noël pour les jumeaux. Citroën pour le troisième.
Elle dit à mi-voix, pour elle :
« Celui-là, il faudra le mater au départ. J’aurai du mal avec lui, mais il est gentil. »