En réponse à un billet lu il y a déjà quelques jours, je voudrais dire que OUI, les enseignants peuvent toujours faire la différence chez l'enfant, même si l'on pense que c'est vain.
Ça ne l'est jamais, la moindre parole sensée et bienveilante restera quelque part dans un coin de sa tête... alors que dire, si nous ne dispensions QUE des paroles sensées, sachant que l'enseignant pour l'enfant, c'est déjà en principe tout adulte.
Mes parents, ceux qui m'ont élevée, bien que disposant de peu d'instruction et ayant fait bien des erreurs, en raison de certains clichés dont nous abreuve notre système,
Ont eu aussi des paroles capitales, par exemple.
Mon père, au modèle éducatif plutôt tyrannique, me faisait lire régulièrement une citation de Napoléon : "Quand on veut constamment, forcément, on réussit toujours." Il espérait me faire obtenir de meilleurs résultats en maths, ça ne marcha pas... pour les maths, mais me resta ancré pour ma vie.
Ma mère : " Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas que l'on te fasse "
Ou " la vraie classe, le grand art, c'est de savoir faire du beau à partir de rien"
Quant à mes profs, certains ont marqué indéniablement mon parcours.
Un prof de musique GENIAL qui durant l'année où j'ai pu intégrer son groupe m'a apporté un bol d'oxygène indéniable, me faisant découvrir que l'on n'apprenair jamais mieux (la musique, mais c'est valable pour tout ) qu'en mettant les mains dans le cambouis. J'ai appris rapidement et avec un minimum de solfège, en bossant d'entrée de jeu des morceaux complets, car la finalité était un voyage, à l'occasion duquel nous donnerions un concert. Et nous avons enregistré un disque, à notre retour ce qui a été la consécration ultime.
On apprend aussi plus volontiers , donc, ce qu'on aime, et avec une vraie motivation : le sens et le concret.
Malheureusement Mr Collet Pascal et son épouse Solange également prof de musique avec laquelle il avait organisé ce groupe, furent mutés la fin de cette année là.
Mr Hautemulle Max, prof d!'allemand, super cool, m'a fait toucher du doigt qu'on apprenait mieux dans la coolittude (encadrée quand même de limites) et sans le stress de notes dures. Il était toujours généreux dans la note, faisant ressortir le positif avant de guider sur les petits trucs à revoir.
Madame Kuhn, prof d'allemand aussi, m'a permis d'expérimenter le travail en groupe, via la recherche personnelle et sanctionnée par une super exposition à la libraire locale, parue dans le journal local :
La recherche personnelle ancre mieux l'apprentissage, en groupe elle permet de créer une émulation car il y a plus de choses dans 10 têtes que dans une seule, permettant d'aboutir à un beau final, sans avoir discriminé personne, et au contraire, en tirant ceux qui rament vers le haut .
Monsieur Burlat, prof d'histoire géographie, me fascinait par des cours d'histoires qu'il rendait vivant via des anecdotes qui nous faisaient rire, et qui du coup permettaient de retenir une partie du cours abordé,
Mais aussi par son esprit critique, qui nous invitait à réfléchir aussi sur les croyances, précisément.
Monsieur Siméoni, mon prof de français et latin, dont j'adorais sa sensibilité face aux textes d'auteurs, sa manière de nous les faire appréhender sous l'angle de la sensibilité et du chant des mots notammen en poésie , a sans doute contribué à affiner mes sens de ce point de vue là, même si j'aimais déjà la lecture et l'écriture,
Malheureusement, l'admiration ne fut pas réciproque, à l'époque j'étais malgré tout deja noyée dans mes problèmes personnels, et je finissais invariablement à la porte, notamment Et surtout en cours de latin, dans lesquels je m'ennuyais ferme:
"Carbuccia, disait il, allez finir de dormir de dehors '
Je ne lui en tiens pas rigueur. C'est sûr qu'avoir le sentiment de parler parfois dans le vide doit être frustrant pour un prof.
Madame Mosconi, prof de philosophie, une femme douce et calme, patiente, dont le regard bienveillant sur moi et qui me parlait souvent :
Ses cours de philo me passionnaient, et son regard plus compréhensif qu'un homme, qui avait sans doute décelé dans mes premiers écrits une petite flamme , m'avait permis je crois de subitement refaire surface et remonter, en terminale, dans sa spécialité en tout cas.
Enfin aussi , je me souviens que durant mon année de quatrième je crois, nous étions partis une semaine complète à la montagne avec monsieur Burlat prof d'histoire, monsieur Dupuy prof de sciences et vie de la terre, monsieur Bonafos me sembl-t-il, documentaliste, et monsieur Alfonsi (?) Prof de physique chimie, gros fumeur de pipe dont je ne suis plus sûre du patronyme,
Et la, j'ai appris que tout dans le vivant est prétexte à apprendre et même à produire un exposé (une dissertation donc) argumenté et structuré, et que même les notions de physique dont les formules m'échappaient et m'échappent encore (je récoltais invariablement des zéros) avaient un sens et une raison d'être.
J'ai appris que ce qui peut être perçu comme une perte de temps, est en réalité un gain de temps, car il n'y a rien de tel que le concret mais aussi l'humeur détendue pour retenir, et il est vrai qu'une petite boum avait été programmée en fin de séjour si nous ne nous dispersions pas à l'occasion des sorties nature, ce qui avait de quoi nous motiver.
J'ai mieux retenu mes apprentissages de cette semaine là dans des matières où je ramais à la queue de la classe, que durant toute une année scolaire.
Est ce vraiment si important de connaître un programme entier par cœur ? Le même que celui de la ville d'à côté ?
Ne serait il pas plus important de savoir où chercher l'information et comment la gérer et surtout la mettre en application ? Apprendre à la confronter aussi à d'autres sources pour l'analyser, et parvenir via une cohérence à ancrer un vrai savoir ?
Je remercie mes profs (j'en ai oublié peut être mais c'est vieux tout ça) du collège-lycée Fesxh à Ajaccio où je fis toute ma scolarité,
Je remercie mes parents malgré leurs erreurs, je sais que la vie et surtout notre système ne facilite pas les choses et que personne n'a de notice exacte , et que les guerres de.nos ancêtres nous ont tous marqués,
D'ailleurs, existe-t-il des parents parfaits ?
Je remercie aussi les parents de mes quelques amis(es) qui m'ont aussi permis de voir que c'est dans la diversité que l'on apprend , que chaque cellule familiale est différente, car chaque individu a son propre parcours...
Et que c'est donc aussi dans l'écoute et le dialogue que l'on grandit individuellement.
Merci .