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Billet de blog 7 juillet 2020

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La Sortie - Episode 8

A Malétable, Bruno Latour sort de son coma. A son chevet s'affrontent deux personnages : sa fille, médecin, qui cherche à déterminer les causes de la maladie de son père, et un rebouteux qui se vante d'avoir "éteint le feu" chez ce patient aux fièvres délirantes. Pendant qu'ils se chamaillent, Christophe Castaner et ses CRS lancent l'assaut sur la communauté libertaire.

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LA SORTIE

Episode 8

  • Voilà, il revient.
  • Qu’est-ce que vous vous lui avez fait ?
  • J’ai fait baisser la fièvre.
  • Il a enlevé le feu.

Corrige Asma.

  • Non, vous ne me comprenez pas monsieur, je demande ce que vous lui avez fait. Qu’est-ce que vous lui avez fait prendre, comment vous l’avez manipulé ? Je veux savoir ce que vous lui avez fait concrètement !!!
  • J’ai mis mes mains comme ça. Elle m’a vu faire pourtant, y a point de mystères.

René Guénon place ses mains, paumes ouvertes au-dessus de la poitrine de Bruno Latour.

  • C’est tout.

Claire est soulagée. Son père a l’air de respirer calmement et sa température est retombée à 37.7. Elle s’assoit et commence à farfouiller dans ses mallettes. Elle en retire les tests qu’elle étale sur la table de chevet.

Son arrivée dans la chambre il y a une heure avait tout du cauchemar : la grande carcasse de son père trempé de sueur, allongé comme un gisant médiéval sur un lit de palettes industrielles, un vieux vampire moustachu penché sur lui et cinq témoins, assis, debout, appuyés à des murs couverts de posters déchirés et de toiles d’araignées, le tout éclairé par deux ampoules sans abat-jours pendant du  plafond. Claire était restée sidérée, prête à se sauver, mais la fille qui l’avait amenée jusque-là lui barrait le retour vers la cour et lui désignait une chaise avec un sourire enchanteur.

René Guénon la regarde en silence pendant qu’elle prépare sa lancette pour la prise de sang. Claire relève les yeux et  le dévisage froidement.

  • Vous pensez l’avoir guéri ?
  • Guéri de quoi ?
  • Du Covid ! Parce que jusqu’à preuve du contraire, il ne l’a pas !
  • Elle dit qu’il l’a pas ? Il en sait rien, il est pas médecin comme elle. P’têt ben qu’il l’a, p’têt ben qu’il l’a pas.
  • Vous vous foutez de moi là, avec vos réponses de Normand ?

Pierrot s’avance vers le lit.

  • Madame, on a recueilli votre père à la porte de la ferme, on a fait ce qu’on a pu, alors soyez gentille. Faites ce que vous avez à faire puisque vous êtes médecin, et ensuite vous partez avec votre père. Sans nous insulter.
  • Oui, oui, ne vous inquiétez pas, on va partir, mais il lui faut une ambulance. Dans son état, je peux même pas penser l’emmener à Brest.

Elle sort son portable et trois minutes plus tard, elle a confirmation de la prise en charge de son père par les « ambulances Rotrou », direction l’hôpital d’Alençon. Il n’y a plus qu’à attendre.

  • Claire…

Elle sursaute et en fait tomber la lancette qui roule sur le sol crasseux.

  • Papa !
  • Claire, comment tu vas ?

Bruno Latour essaye de se redresser sur son oreiller. Sa fille se précipite pour le rallonger mais René Guénon, plus prompt, lui en a déjà collé un deuxième derrière la tête.

  • Ça va, ça va laissez-le allongé !

Guénon s’écarte en bougonnant :

  • Elle fait bien comme elle veut on dirait … Même si elle est pas chez elle.
  • Papa, tu nous a fichu une peur bleue, ne bouge pas, je m’occupe de toi !
  • Merci Claire… ou suis-je ?
  • Chez… des amis.
  • Ah, mais je reconnais le petit Thomas là… avec son copain.

Thomas saute joyeusement de son tabouret, et y retombe immédiatement, une douleur atroce dans la cage thoracique. Il souffle :

  • Bonjour Monsieur Latour, content que vous alliez mieux. C’était moins une on dirait !
  • Donc c’est vrai que tu le connais celui-là ? Il s’est présenté comme Noë, tu sais pourquoi ?
  • Oui, oui, pas de soucis, ce sont mes étudiants… Et vous monsieur, j’ai l’impression de vous connaître aussi. Non ?

René Guénon hausse les épaules et va pour sortir.

  • Non restez s’il vous plait ! je sais pas pourquoi, mais je suis sûr que vous pouvez rester !
  • Elle n’est pas d’accord, elle sait mieux tout qu’tout le monde on dirait. Y compris sur la prise en charge d’un patient en plein chocs anaphylactique causé par une sur-réaction immunitaire liée au stress !

Claire le regarde bizarrement.

  • Vous avez Internet ? vous avez lu ça sur Doctissimo ? Vous vous rendez compte que ça ne veut rien dire ?
  • Oui, il a Internet, et il va sur Doctissimo parfois, et même qu’il trouve que c’est intéressant. Mais il a surtout été aide-soignant avant d’être condamné pour exercice illégal de la médecine. Il est comme qui dirait un charlatan, sans doute, mais en attendant, il lui a enlevé le feu à son père. Elle devrait être contente !
  • Ça va , pardonnez-moi, monsieur… Monsieur comment déjà ?
  • Elle veut connaitre son nom maintenant ?
  • On arrête de se chamailler s’il vous plait, je suis désolée, je suis pas vraiment dans mon état normal. On peut se dire tu, ou vous comme vous voulez, mais arrêtez de dire Il et Elle, ça m’énerve. Je vous demande pardon, et merci pour votre aide. Je sais pas comment vous avez fait, mais merci.
  • Moi c’est René. Et je boirais bien un coup. Pierrot, t’as toujours de mon calva ?

Pierrot commençait à bien se marrer, mais il quitte la pièce à la recherche d’une bouteille de goutte,  suivi par Noureddine qui semble s’ennuyer ferme et par Abdelkrim, l’ennemi  public numéro un, Abdelkrim le tueur de flic, Abdelkrim, le gamin de vingt ans qui a d’autres chats à fouetter.

  • Pourquoi vous-vous engueuliez ?

Demande Bruno Latour, curieux et parfaitement réveillé.

  • C’est rien papa, je suis stressée, tu m’as fait une peur bleue. Attends, ne bouge pas, j’ai une série de tests à te faire passer.
  • Monsieur René, je suis sûr que vous m’avez fait quelque chose, je vous ai vu dans mon rêve. C’est vous le marchand de cidre qu’Asma est allée chercher ?
  • Fabriquant, pas marchand… Et je suis bouilleur aussi.

Claire récupère sa lancette, la désinfecte sur la table de chevet, pique le doigt de son père et imbibe les tests d’une goutte de sang. Elle opère ensuite les manipulations nécessaires aux tests salivaires et aux longs tests naso-pharyngés à tête de serpent ou de spermatozoïde.  Six tests différents qu’elle double à chaque fois.

  • On va bientôt savoir.

Pierrot revient avec la goutte et un plateau rempli de verres. La bouteille tourne. Chacun se sert, à part Asma qui ne boit pas d’alcool, et Bruno Latour qui a bien tenté un mouvement de la main vers le plateau mais qui n’a pas eu le geste aussi prompt que celui de sa fille. La bouteille est remisée hors de sa portée.

On boit. En silence. Et on attend.

La petite fenêtre du buvard du test sanguin est la première à virer au rose pâle. Positif.

  • Bon, on dirait bien que j’ai le corona… Direction l’hôpital. Je ne sais plus si on va à Alençon ou à Brest, mais on y va.

Pierrot grimace.

  • Il y a plein de faux-positifs, non ?
  • De moins en moins, mais oui, vous avez raison, c’est pour ça que j’en ai amené plusieurs, on attend.

Le second test sanguin est négatif.

  • C’est positif ça, que ça soit négatif ?
  • Heu… Je sais pas quoi te dire papa, ça c’est les anticorps, c’est le test le moins fiable, il y a autant de faux négatifs que de faux positifs. on attend toujours. Les autres tests sont virologiques, ils détectent directement la présence du virus, ceux-là sont beaucoup plus au point.

Un quart d’heure plus tard, tous les tests ont donné leur verdict. Les salivaires sont négatifs. Les naso-pharyngés sont positifs. Bruno Latour se frotte les mains.

  • Six tests : trois positifs, trois négatifs, et un sorcier au milieu. Ça me plait ! Je me sens comme à la maison !

***

  • La Souricière ? Sérieusement ?
  • On est pas mal tombé.
  • Ils le font exprès ou quoi ?
  • A côté y a un patelin qui s’appelle Bizou. Ils ont dû hésiter.
  • Et la ferme elle s’appelle l’Ahurie. C’est n’importe quoi.
  • Ils sont cons ces Normands, tous leurs villages ont des noms débiles, pas vrai Henri ? T’es bien Normand, non ? Tu peux nous expliquer pourquoi on est dans un bled qui s’appelle La Souricière ?
  • Hummm… ça doit être un faux ami.
  • Quoi ?
  • Le mot a pu être francisé. Il y a plein de noms en Normandie qui sonnent bizarre parce qu’on les écrit et qu’on les prononce à la française. Mais tu sais pas si le mot à l’origine il veut dire la même chose. Ça m’étonnerai que Lahurie ça veuille dire comme un imbécile. Et quand on est là, à poireauter à La Souricière en attendant le Go, je sais pas si on est coincés dans un piège à rats, si c’est nous qui l’avons dressé ou si on parle d’un repère de chauve-souris.
  • Mouais…Passionnant. Il est quelle heure ?
  • Une heure et quart.
  • Attend, moi je sais… La Hurie c’est comme le trophée du sanglier, la Hure.
  • Ah…
  • Donc on sait pas si on va tomber sur des abrutis ou sur des têtes de cochons.
  • Ouais, ben les sangliers, je crois qu’ils vont faire long feu. T’as vu l’armada ? Ils nous ont renvoyé deux escadrons de Caen en renfort. On doit être dans les trois cent. Vous savez que le mec il a tué un flic ? C’est ce qui se dit en tout cas.
  • Ouais j’ai entendu ça aussi. On va le fumer ce salopard.
  • Putain j’y vois rien. Y a pas de lune… Et des arbres, partout. Tu veux pas donner un coup de phares ?
  • T’inquiètes, des camions, y en a jusqu’au croisement.
  • Tiens, y a une bagnole qui déboule à contre-fil on dirait.
  • Montre…
  • C’est pas la peine de me marcher dessus…
  • Vas-y balance les phares merde, juste une seconde !
  • Mais t’es con !

Le temps d’un instant, un faisceau de lumière crue vient frapper Christophe Castaner qui plisse les yeux et se fait une visière de la main. Les gardes mobiles penchés sur le pare-brise regardent passer leur ministre ébloui, sans comprendre la raison de sa présence.

***

Dans la chambre, en attendant l’ambulance, la bouteille tourne à un rythme de plus en plus rapide.

Dans l’air résonnent les échos du bal des pompiers, en bas, à la salle des fêtes.  Claire a la flemme de regarder sa montre mais elle sait qu’il est minuit largement passé. On est le 15 juillet. De Chartes à Alençon et de Laval à Dreux, ce bal est la marque de la fin du confinement pour le  groupe N. Elle imagine la salle, ses cercles de distanciation dessinés sur le parquet de danse, l’alcool « en consommation modérée », et les baises foutraques qui s’ensuivraient sans doute.

Elle essaye de comprendre ce qui a bien pu se passer quand le sorcier a posé les mains sur son père. Elle se dit qu’il lui suffit d’accepter le fait que René Guénon soit bien capable de faire baisser la fièvre, et qu’alors les choses redeviennent à peu près logiques : coronavirus ou pas, il a réduit l’inflammation. Elle se racle la gorge et lance une première idée :

  • C’est un fait à peu près admis maintenant dans tous les services de réa : la plupart des gens ne meurent pas de l’infection virale, ils meurent des surinfections et surtout ils meurent d’inflammation.

René acquiesce.

  • Oui, c’est ce que les médecins appellent un orage cytokinique. Non ?
  • Parfaitement monsieur Guénon. Oui, un emballement du système immunitaire disproportionné par rapport à l’agression dont l’organisme est l’objet. Tout est enflammé, en particulier les poumons, qui du coup se bouchent et se surinfectent.

Encore une gorgée…

  • Je vous le fait pas dire madame. On vit dans une société de l’inflammation permanente. C’est la course à l’échalote, la peur du chômage comme du réchauffement climatique. La guerre pour la survie de l’économie en même temps que la guerre pour survivre à l’économie. Tout ce qu’on fait individuellement pour son propre bien et celui de ses proches est perçu comme une catastrophe pour l’humanité dans son ensemble. On vit au rythme d’une contradiction par minute. Et courir, toujours courir. Et pourquoi finalement ? Pour être de trop, surnuméraire, sentir tous les jours qu’on coute plus qu’on ne rapporte. On court, on est à bout de souffle, et on finit sous respirateur.

Est-ce l’effet de l’alcool conjuguée à la rémission miraculeuse de son père ? Claire se sent conciliante et apprécie presque l’ambiance inhabituelle de ce rassemblement de gauchistes et d’envouteurs. Et puis le René n’a fait que poursuivre sa première idée. Elle reprend :

  • C’est à peu près ça. Ceux qui meurent, c’est ceux qui coûtent : les vieux, les gens qui souffrent déjà de pathologies graves. C’est eux qui meurent du Covid.
  • Claire, dis-moi…
  • Oui papa ?
  • Est-ce que ce ne serait pas la société des lemmings ?
  • Qu’est-ce que tu veux dire ?
  • Tu sais, les lemmings, j’ai dû te lire des histoires à ce sujet. Je sais plus si c’est un mythe ou pas, mais quand ils sont trop nombreux les hamsters de la toundra se rassemblent par millions et se jettent dans la mer du haut des falaises.
  • Tu veux dire quoi ? que les gens qui meurent du corona se suicident ? tu vas un peu loin là.
  • Ça correspond à un récit, ça correspond à un mythe, et les gens sont sensibles aux mythes parce qu’ils leurs ouvrent des intelligibilités. Ça ne serait pas étonnant qu’avec la guerre contre les pensions de retraites et la solidarité intergénérationnelle, les vieux ne voient plus de sens que dans la mort, vu qu’on les accusait déjà d’avoir bousillé la planète.
  • … Je sais pas, les récits, c’est ton rayon, pas le mien.
  • Vous en pensez quoi René ?
  • Si on veut… Moi ce qui m’a toujours fait le plus bizarre c’est de penser que le confinement accentue cette probabilité d’orage cytokinique. On enferme les gens en leur faisant peur. Du coup ils n’ont plus aucune activité à part les écrans. Ils stressent, bouffent, fument, boivent… Le confinement accélère la fabrication industrielle des obèses, des cardiaques et des diabétiques. Et pour couronner le tout on leur dit n’importe quoi. Quand il n’y a pas de masques on leur dit que les masques ne servent à rien. Quand il y en a on leur dit qu’ils sont la parade essentielle. On leur dit de rester chez eux, et en même temps on leur dit de prendre le métro pour aller travailler. On leur dit de prendre soin des autres, mais en les évitant. On leur dit de penser aux EPHAD mais de pas y aller… J’ai jamais été appelé aussi souvent que depuis le mois de mars. Mais, non,  je dirai pas que les gens se suicident. Je dirai plutôt que chacun est différent. Il y en a qui se moquent des gestes-barrières et se disent « après tout on verra bien », puis il y en a d’autres qui se surprotègent, qui développent des systèmes immunitaires si réactifs qu’ils s’empoisonnent tout seuls. Vous êtes dans ce cas il me semble.
  • Vous savez qu’en 1918, la pandémie de grippe espagnole touchait majoritairement des jeunes ?

Claire hoche la tête :

  • L’orage cytokinique entrainait des complications terrifiantes dans la tranche des 20-40 ans. Le pic était vers trente ans. Soit l’âge moyen des gens qui revenaient des tranchées.
  • Donc la grippe frappait déjà les sacrifiés du système ?

Demande Bruno. Claire se resserre un verre.

  • Oui, on peut dire ça. Les jeunes en 1918, les vieux en 2020.
  • Mais le rôle de la peur là-dedans, c’est quoi ?
  • Je sais pas…
  • La peur était un système d’alerte ? Elle disait aux jeunes de 18 « Barre-toi » ? Et maintenant elle est en train de devenir un symptôme ? Ou un agent de l’inflammation ?
  • Ça c’est pas sûr. Ça dépend surement de quelle peur on parle. Il doit y en avoir plusieurs.

Alors qu’ils voient par la fenêtre clignoter le gyrophare de l’ambulance qui vient se garer derrière la voiture de Claire, Pierrot qui n’a rien fait qu’écouter depuis plus d’une heure, sort enfin de son silence :

  • Est-ce que chaque situation historique fabrique les sujets humains qui lui correspondent ? A la fois sur le plan social et biologique ? En 1918 les jeunes, individuellement, voulaient survivre, mais ils savaient aussi que collectivement, ils devaient se sacrifier pour la victoire. La peur était double déjà, non ? Peur pour sa vie, et peur de décevoir les attentes du groupe ? Et est-ce que le monde à son tour n’a pas alors proposé le virus qui allait bien à ces sujets humains ? La grippe s’est propagée par les soldats, vous vous en rappelez ? Et c’est les jeunes qui sont morts. Est-ce qu’on peut pas alors comprendre ce qui nous arrive historiquement en regardant ça aujourd’hui : qui propage le virus ? qui en sont les victimes ? Combien sont-elles ? Pourquoi meurent-elles ? Et les réponses sont alors dans les bulles dont vous parliez, non ? A la fois les bulles numériques et les bulles immunitaires ?

Tout le monde fixe Pierrot, qui rougit.

Bruno Latour a comme une fureur jalouse dans les yeux.

Les ambulanciers pénètrent dans la pièce guidés par Guenola alors que Claire prend un air détaché pour répondre à Pierrot:

  • Peut-être, c’est pas sûr.
  • P’têt ben qu’oui, p’têt ben qu’non.

Conclue René.

***

  • GO !
  • Allez-y les gars !
  • On y va ! On va les fumer les tueurs de flics !
  • Lalala lalala, lalalala lalalala lalalala…

A suivre  …

prochain épisode, jeudi 9 juillet 2020

Jean Gardin

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