LE MONDE A BESOIN DE LA PALESTINE !
La Palestine a besoin du monde. Nous le savons. Un enfant meurt à Gaza toutes les dix minutes depuis un mois. Les autres sont traumatisés. Leur santé mentale gâchée. La qualification d’acte de génocide est maintenant sérieusement discutée tant dans des ONG comme Amnesty International que par l’ONU. Ceux qui veulent s’informer le peuvent assez facilement à condition de s’éloigner des chaines d’information en continue ou de leurs suggestions youtube habituelles. La presse est aux ordres du pouvoir, certes, c’est vrai. Mais un abonnement à Mediapart ne coute pas cher. Il faut juste arrêter juste de croire que tout est gratuit.
Mais ce n’est pas pour la Palestine que je me bats, du moins pas seulement pour la Palestine. C’est pour le Monde. Parce que le monde a besoin de la Palestine.
Il est d’ores et déjà acté que, dans les décennies qui viennent, ce sont des légions de guerriers enragés qui vont se lever pour faire payer le prix du sang. Ils ont aujourd’hui de un à 15 ans, ils n’ont jamais porté une arme, et ils sont la moitié de la population de Gaza. Cela fait un mois qu’ils ne dorment plus, qu’ils vivent avec leur nom inscrit sur chacun de leur membre, qu’ils boivent une eau croupie, qu’ils ont faim, qu’ils ont les tympans explosés et qu’ils voient mourir leurs proches. Ceux qui ne mourront pas seront des guerriers rompus au malheur, à la perte, à la douleur. Des guerriers sourds qui n’auront plus rien à perdre. Ceux qui ont attaqué Israël le 7 octobre ne sont que l’avant-garde. Ils avaient entre 5 et 15 ans en 2008-2009, au cours de l’opération plomb durci qui a vu Israël détruire une première fois Gaza. Et on sait maintenant de quoi ils sont capables, et on sait maintenant qu’aucun mur ne les arrêtera.
Nous sommes d’ores et déjà partis pour des décennies de guerre. Mais j’ai besoin de la Palestine pour rompre cet enchainement infernal, j’ai besoin de la Palestine pour le millénaire à venir.
J’ai besoin de la Palestine, le monde a besoin de la Palestine pour dire à la face des Etats Unis, de l’Union Européenne, et des blancs, des blancs innocents et bienpensants, que ça suffit. Que 70 ans d’injustices ne font pas la justice. J’ai besoin de la Palestine pour délivrer les colonisateurs d’eux même. J’ai besoin de la Palestine pour empêcher les Etats-Unis et l’Union Européenne de faire des cadeaux empoisonnés à ceux qu’ils nomment les juifs, et qui n’ont qu’un rapport instrumental avec ceux qui se pensent comme juifs.
J’ai besoin de la Palestine pour arrêter de promettre la lune à Israël. Israël est foutue. Le mot « Israël », partout dans le monde sauf dans les médias européens et nord-américain, est associé au nettoyage ethnique, au colonialisme, à la violence. Plus personne ne croit à L’Etat juif comme réparation chez les arabes de la Shoah européenne. Plus personne ne croit à Israël comme Etat démocratique, sauf à considérer qu’une démocratie peut commettre crime de masse sur crime de masse au nom d’un suprématisme racial. Israël est foutue sur le plan moral et vient de montrer sa faiblesse sur le plan sécuritaire. Israël est maintenant ouvertement, clairement, l’endroit où les juifs sont le plus en danger dans le monde. En danger sur le plan de leur santé mentale, en danger sur le plan physique, en danger pour leur vie.
Je vous renvoie aux appels à la raison de Mona Chollet, d’Edwy Plenel. Appels tout à fait modérés, appels de bon sens, appels qui ne satisferont pas les enragés, les guerriers, ceux dont la vie a déjà été foutue en l’air. Mais appels de bon sens, appels de blancs, d’Européens, de modérés qui ne veulent pas se faire bouffer. Appels de gens qui savent où est leur intérêt. Des gens qui savent que leur intérêt est d’arrêter de donner des leçons de morale depuis des pyramides de morts coloniaux. Je dis bien un appel de blancs, des blancs qui en ont marre d’être blancs, marre d’être du côté des racistes fous et fiers d’eux même. Des blancs qui ont peur du retour du bâton.
J’ai besoin de la Palestine pour retirer leurs prétoires aux fous, aux cavaliers de l’apocalypse qui dissertent sur la valeur différente de la mort des enfants israéliens et palestiniens. J’ai besoin de la Palestine pour mettre une camisole de force à Eric Zemmour, Caroline Fourest, Julien Dray ou Michel Onfray, qui sont tous venus dégobiller leurs fantasmes génocidaires sur BFM et la chaine C News du milliardaire fanatique Vincent Bolloré.
J’ai besoin de la Palestine pour redonner des couleurs à la France et qu’elle ne soit plus la cible d’attentats, par la faute de tribuns hallucinés, de financiers coloniaux et de politiciens minables. Je ne veux plus que la France soit la cible d’une montagne d’attentats et d’actes antisémites dont chacun aura noté qu’ils n’ont même plus besoin d’être appelés par une quelconque organisation terroriste. Les terroristes sont déjà là, parmi nous, ce sont nos voisins, nos voisines, nos cousins, nos cousines rendus fous par le racisme d’Etat, par l’islamophobie d’Etat, par l’histoire coloniale et les remâchages sanguinaires des descendants de l’OAS.
Mettons tout de suite une chose au point : les Israéliens n’ont nulle part où aller. Il n’y aura jamais de rapatriés israéliens. Il n’y aura pas de bateaux vers l’Europe ou les Etats Unis. Ceci parce que les Israéliens ne sont ni européens ni américains : ils sont Israéliens, et ils sont nés sur cette terre. Ils ont eux aussi le droit d’y rester… sauf à croire comme Israël qu’un Etat racialiste vaut bien un nettoyage ethnique. Mais il n’y aura pas de bateaux pour une autre raison encore : parce que l’Europe et les Etats Unis, sont tout bêtement de gros faux culs et qu’ils n’en veulent pas, des Israéliens, sur leur territoire.
Les Israéliens vivent en Palestine. Palestine est le mot qui désigne l’endroit de naissance du Christ, un juif parmi les juifs. Palestine est le nom du mandat britannique taillé sur l’empire ottoman à l’issu de la première guerre mondiale. Palestine est la géographie où s’est écrite l’histoire d’Israël comme Etat du peuple juif. On n’efface pas l’histoire, mais on n’efface pas non plus la géographie… Sauf au prix d’un génocide, comme l’ont fait les Etats Unis sur les peuples sioux, apache, comanche, cheyenne, pueblo, séminoles, crows, navajos, cherokee, shoshone et tant d’autres.
Comme il n’y aura pas de bateaux, pas de rapatriement. La seule issue est la guerre. Nous sommes partis pour des décennies de guerre. Sauf miracle, et je ne crois pas aux miracles, nous sommes partis pour des décennies de guerre. Mais il nous faut une Palestine pour que cette guerre cesse d’être existentielle, une guerre d’extermination, une guerre de nihilismes.
Je ne parle pas en guerrier, car j’ai tout à perdre. Je parle pour ne pas perdre. Je parle pour que les fous ne gâchent pas ma vie. Je veux le cessez le feu immédiat. Je veux des négociations de paix. Je veux qu’il y ait des compromis. Je veux des accords de paix. Des accords qui seront violés, des accords qui exciteront encore plus les plus fous d’entre les belligérants. Mais des accords qui permettent de vivre, de contrôler progressivement les fous, de les amadouer, de leur dire que ce n’est pas leur existence qui est en jeu. Ceci dans un ou deux Etats ? Je ne veux même pas le savoir… les négociations sont là pour en décider.
Je veux que mon pays change sa diplomatie de merde, ses médias de merde, sa finance de merde. Et s’il ne veut pas la changer, comme il me fera tout perdre, perdre tout espoir, comme il fera fleurir les attentats, les émeutes et la répression policière qui ira avec, comme il fera courir des risques terribles à ma famille, à mes enfants, alors je voudrai que mon gouvernement soit à son tour dans la merde, je voudrai rouler la tête de mes gouvernants dans la merde. Ce jour-là je serai moi aussi un terroriste. Je ne veux pas ça. Alors je vous le dis, j’ai besoin de la Palestine, je n’ai jamais eu tant besoin de la Palestine. Et c’est pour cela qu’ils n’en veulent pas. Et c’est pour ça que je la veux. Plus la Palestine s’éloigne, plus son appel est puissant.