Chronique 1 : Réouverture de la piscine Molitor en piscine privée, casse du jardin d’Auteuil et autres … - chronique du bradage de l’espace public par la Ville de Paris aux frais du contribuable
Voir https://www.google.fr/maps/@48.843386,2.2508278,15z
A l’occasion de l’ouverture le 25 Mai prochain de Roland Garros 2014 le moment est venu de faire un point sur la politique de la Ville de Paris dans le quartier des Portes d’Auteuil Molitor et Saint Cloud situés près du Bois de Boulogne à Paris 16ème mais aussi quasiment dans la ville de Boulogne Billancourt. Ce quartier est qualifié paraît-il, de quartier de « mémères à chien chiens » par l’ancien maire de Paris, justifiant ainsi son mépris des populations qui y vivent et les actions scandaleuses qui y ont été initiées par la Mairie de Paris, aboutissant à priver le quartier de tout espace sportif ouvert au public.
Il s’agit malgré tout un quartier où vivent de nombreuses familles « normales » : une piscine/patinoire publique ( Molitor) y était très fréquentée jusqu’à sa fermeture dans les années 90, de très nombreux stades et gymnases accueillent notamment les enfants du quartier qui comprend 3 grands collèges et lycées publics et de nombreux établissements privés sous contrat avec l’Etat ainsi que des écoles.
La dernière forfaiture en date étant la résurrection de Molitor en hotel/spa 4 étoiles avec une piscine fermée au public.
On lit dans le supplément M week end du journal Le Monde du 3 mai dernier un article intitulé « Bain de jouvence pour Molitor » . On y apprend que « la gestion de l’ensemble a été confiée par la Mairie de paris au fonds d’investissement colony capital en partenariat avec les groupes ACCOR et BOUYGUES avec un bail emphythéotique de 54 ans ».
Ce qu’on n’y lit pas et n’a apparemment été dévoilé que par le Figaro qui craint peut-être moins de choquer son lectorat avec ce type d’informations c’est que :
« L'accès aux bassins est en effet réservé aux clients de l'hôtel et aux membres de ce Club sélect, limité à 1000 membres. Moyennant 1200 euros de droit d'entrée et des abonnements annuels autour de 3000 euros », les adhérents auront accès aux infrastructures et services .«Quant à l'accès du reste du public aux bassins, il sera des plus restreints. Trois créneaux horaires seront réservés chaque semaine aux écoles du quartier, et un droit d'accès quotidien au Club est actuellement en cours de discussion. Les tarifs évoqués tournent autour de 180 euros, la journée pour une personne. »
Et là on croît juste rêver (ou cauchemarder )! Cette piscine était une piscine publique, tous les riverains y ont des souvenirs, beaucoup y ont appris à nager et voilà qu’au terme de 3 ans de travaux énormes et de nuisances subies par les habitants du quartier ceux-ci apprennent qu’ils n’auront pas accès à la piscine sauf à être membre d’un club aux tarifs prohibitifs.
On appréciera à ce titre la communication sur le site de la nouvelle « piscine Molitor » où l’on peut lire la chose suivante:
« MOLITOR POUR LA VIE
Et si l'amour pour MOLITOR n'avait pas de fin ? Et si on pouvait y avoir « ses entrées » ?
Exclusif et privé, le Club réunit tous ceux qui savent que la vie à Paris est idéale.
Pour profiter tous les jours des 48m du bassin d'été chauffé et de sa « plage » plein sud.
Ou pour nager sous les coursives d'époque des 33m du bassin d'hiver et s'exercer dans la salle de fitness privée avec ses équipements dernier cri et ses cours exclusifs. Pour se sentir privilégié partout: au bar, au restaurant, sur le toit-terrasse et même dans les chambres.
Pour être aux premières loges des événements de la programmation artistique qui anime MOLITOR.
Pour s'arroger le droit de dire MLTR. »
On croit lire les tracts situationnistes de caricature de la société du spectacle crées dans les années 60 !
Tout est dit : la vie à Paris est idéale lorsqu’on peut payer 4500 euros pour aller à la piscine. On peut alors « s’arroger le droit » de se dire privilégié.
Le stade Jean Bouin construit en 2013 : un échec retentissant
Déjà en 2010 la Mairie de Paris avait provoqué la suppression de la piste d’athlétisme et du club d’athlétisme du stade Jean Bouin devenu en 2013, au terme de 3 ans de travaux titanesques pour un coût global de 160 millions d’euros ( payés par le contribuable), un stade de 20.000 places réservé aux matches de rugby professionnel. Le stade ne remplit qu’à pleine plus de la moitié de sa capacité et seulement une quinzaine de matches sont organisés sur une année ! A tel point que des invitations sont distribuées très largement pour garnir les gradins de spectateurs non payants.
Les scolaires qui pratiquaient les activités sportives au stade Jean Bouin sont dès 2010 déplacés sur la pelouse de l’hippodrome d’Auteuil où des installations sportives sont érigées à la hâte par l’Etat sous la pression des associations locales de parents d’élèves.
L’agrandissement de Roland Garros
Non contente de ce plantage pharaonique au détriment du sport local la Mairie de Paris prend en 2011 la décision d’agrandir le stade de Roland Garros au lieu de délocaliser les internationaux de tennis dans la grande couronne de Paris comme l’avait envisagé la Fédération Française de Tennis. L’extension est modeste (de 8,5 à 13 hectares) et ne va permettre qu’une augmentation de 6% du nombre des spectateurs de Roland Garros. Une paille quand on compareavec les trois autres sites du Grand Chelem (wimbledon, Flushing Meadows), qui s’étendent sur 17 à 20 hectares ?
Mais tant pis !
Roland Garros doit absolument rester Porte D’Auteuil car au-delà ce n’est plus Paris.
Comme si le Grand Paris n’allait jamais se faire, comme si les touristes étrangers faisaient une différence au plan géographique entre Paris et Marne la Vallée ou est installé Disneyland !
Bref, malheureusement, l’extension de Roland Garros prévoit d’occuper une partie du jardin des Serres d’Auteuil entrainant par ailleurs la privatisation de tout le jardin des Serres pour les mois de Mai, Juin et Juillet ainsi que celle de l’avenue Gordon Bennett qui sépare le Jardin des Serres d’Auteuil du site actuel de Roland Garros.
Outre la destruction du seul espace vert du quartier ce projet aboutit à la destruction d’un gymnase (fonds des princes) et de la piste d’athlétisme du stade Hébert pour la construction du centre national d’entrainement de la Fédération de Tennis.
Les élèves iront faire du sport dans des préfabriqués sur la pelouse de l’hippodrome d’Auteuil !
Le Parc des Princes : l’extension de l’emprise du PSG
Le seul club multisport survivant à cette gabegie est le Stade Français situé du côté de la Porte de Saint Cloud et qui offre aux enfants du quartier et aux amateurs la possibilité de pratiquer de nombreux sports.
Mais les locaux sont vétustes et jamais réparés. En effet le PSG a jeté son dévolu sur cet espace et prévoit d’exproprier ce club de sport pour s’y installer.
Déjà, lorsque le PSG joue un match (en général le Samedi ou le mercredi), les joueurs viennent s’échauffer sur la petite piste d’athlétisme du Stade Français et les enfants qui y font du sport habituellement sont priés d’aller courir ailleurs. Le quartier est de toutes façons bouclé par un nombre très impressionnant de CRS et le club de sport est fermé à partir de 17 heures par le Préfet de Police. Le football PSG prend alors ses aises et fait prévaloir des droits sur ceux des habitants du quartier (notamment résidents de la ville de Boulogne Billancourt donc pas électeurs à Paris…) qui doivent montrer à la police leurs papiers d’identité et prouver leur adresse…. pour avoir le droit de rentrer chez eux.
Une privatisation programmée au profit du sport business
Absolument tout l’espace sportif et récréatif ouvert au public et aux associations sportives et surtout aux enfants du quartier est donc à ce jour privatisé par la Mairie de Paris
Au-delà de la spoliation évidente des habitants du quartier par la privatisation éhontée de l’espace public il s’agit une fois de plus en région parisienne de l’effacement de la mémoire populaire au profit d’intérêts privés et privilégiés ennuyeux au possible sinon mortifères.
On en comprend mieux la logique quand on lit le projet politique de Mme Hidalgo, nouvellement élue Maire de Paris (p160)
« Avec le Parc des Princes, Jean Bouin, la Piscine Molitor, Roland Garros, Coubertin, Paris a la chance de concentrer, en quelques centaines de mètres, des enceintes sportives de renommée internationale. »
Pas un mot sur l’accès au sport des résidents de ces « quelques centaines de mètres » : peu importe car le 16ème arrondissement de Paris, c’est bien connu, vote à droite et les autres résidents concernés votent… à Boulogne Billancourt, et aussi à droite. Et donc, c’est très démocratique, lorsqu’on vote à droite et bien, on n’existe pas…tout simplement. Quel bel exemple de démocratie nous donnent ici les socialistes, à dégouter de se dire de gauche….
Le programme de Madame Hidalgo indique aussi « Nous structurerons, dans un partenariat avec le privé, une véritable filière économique du sport à Paris dans une logique de « cluster » autour de ces grands équipements. »
Sachant que la concession donnée par la Ville de Paris à la Fédération Française de Tennis sur le jardin des Serres d’Auteuil a été annulée par le Tribunal Administratif de Paris en Novembre 2013 en raison de la faiblesse de la redevance payée par la Fédération, sachant que c’est le contribuable qui paye les 160 millions que coute le Stade Jean Bouin, sachant que rien ne se refuse au Quatar propriétaire du PSG et que c’est un fonds d’investissement qui est concessionnaire pour la pisine Molitor…. il y a de quoi avoir peur !
Sources :
http://www.challenges.fr/entreprise/20140515.CHA3868/comment-accor-a-transforme-la-piscine-molitor-en-hotel-de-charme.html?xtor=RSS-17