Jeanne Larue-JLSH

Vice Présidente du Département d'Ille et Vilaine en charge de l'Education, co-fondatrice de JLSH/Pour des organisations justes

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Billet de blog 13 mars 2025

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À Rennes, on confond sa gauche et son extrême droite

Suite aux tensions du week-end entre l'Union Pirate et le directeur de la sécurité d'une boîte de nuit, les réactions révèlent une nécessité pour la gauche de se recentrer sur ses fondamentaux.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Une avalanche de réactions politiques, comme l’écrit Ouest France, a suivi les évènements de samedi soir sur la dalle du Colombier à Rennes.

La réaction de la Ville était très attendue.

La réaction des milieux de l’électro également.

Leur divergence manifeste est selon moi le symptôme d’une confusion mentale à gauche, confusion qui malheureusement explique le progrès des idées d’extrême-droite. C’est un débat que j’ai déjà eu avec des collègues de gauche et je pense qu’il est important de le partager aujourd’hui.

La Ville condamne tout ensemble les violences commises par les uns et les autres, mettant sur le même plan :

  • Un mouvement de jeunesse dont on peut tout critiquer (et je ne m’en suis pas privée par le passé, les ayant fréquentés de près comme on sait), mais qui reste un mouvement de jeunesse,
  • Les exactions d’une personne qui depuis des années se vante sur les ondes y compris nationales de tabasser des jeunes – rappelons qu’il est quasiment professionnel de MMA, pour faire le travail que la police ne fait pas.

Comment cela s’appelle-t-il ? On a immédiatement parlé du retour des milices, si promptes à ressurgir en France où elles ont tué tant de gens pendant la dernière guerre. La définition de milice est polymorphe, mais elle inclut, selon le « Trésor informatisé de la langue française », celle-ci :

« Milice : Organisation paramilitaire illégale effectuant des actions de commando (pour le compte d'un mouvement politique, de chefs d'entreprises, etc.). Milice de choc, privée; dissolution des milices patronales, privées. L'utilisation de milices armées, de «polices» d'usine avec, fréquemment, la collaboration du «syndicat» C.F.T. est assez générale dans les grandes entreprises depuis 1968 (...). Le 9 octobre 1970, la milice patronale de Simca-Chrysler, à Poissy, agresse à coups de barre de fer, de pierre et de matraque douze militants C.F.D.T. qui distribuaient des tracts (Le Nouvel Observateur, 21 avr. 1973, p.41, col. 3) »

Maintenant, quel est le plus grand danger pour la démocratie ?

Comment peut-on se fourvoyer à ce point et trouver égaux ces deux troubles à l’ordre public ?

Comme elle l’a toujours fait et toujours pensé, la jeunesse prétend qu’elle va changer le monde pour le meilleur. Elle s’approprie des lieux désaffectés pour faire la fête. Elle considère que les lieux désaffectés peuvent être investis pour cela.

Je ne connais pas en revanche les motivations du Jarl (rappelons que ce surnom veut dire Chef de Guerre), ancien candidat aux législatives pour le parti d’Eric Zemmour, qui sort un livre ce mois-ci, court les plateaux radio et télé du groupe Bolloré pour asséner sa version des faits, se dit « fan d’anthropologie » et proclame que « depuis la nuit des temps, tout est question de territoire ».

Les personnes issues des mouvements de jeunesse en général s’embourgeoisent. Les autres, lorsqu’ils prennent le pouvoir, ne le rendent jamais.

Quand on défend des idées de gauche, il est très dangereux de confondre les deux dans une même condamnation. C’est confondre révolte et brutalité gratuite impunie voire tolérée. Et cela mène à la situation que nous vivons actuellement : des propos d’extrême-droite omniprésents, jamais contredits, banalisés, décomplexés.

C’est ce que nous disent les collectifs de la scène électro rennaise, qui rappellent qu’ils sont eux-mêmes issus des mouvements de free-party, et qu’ils refusent de collaborer avec le Club, indiquant fort justement « il est crucial de se questionner sur les valeurs que nous défendons ».

J’invite la gauche à prendre ce conseil pour elle.

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