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Billet de blog 6 avril 2024

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Questions de société, de transition et de bonnes mines.

La transition énergétique serait donc une fable, une mythologie (de plus), dont nous serions victimes ... et dont les promoteurs seraient les principaux bénéficiaires.

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-A- Parlons de transition énergétique...

Déjà évoquée dans cet autre billet ''L'an 01 de la bifurcation'', cette question fait écho à de nombreuses contestations actuelles de la transition énergétique, qui émanent aussi bien de la droite que de la gauche, de défenseurs du climat que de climato-sceptiques … avec des argumentations de ce fait très diverses.

La transition énergétique serait donc une fable, une mythologie (de plus), dont nous serions victimes ... et dont les promoteurs seraient les principaux bénéficiaires.

L'historien Jean-Baptiste Fressoz explique que : "La transition n'aura pas lieu", avec des arguments historiques pas nécessairement adaptés à la situation actuelle. Cédric Durand et Razmig Keucheyan adoptent une autre démarche, positive, en posant cette question : ''La planification, solution à la catastrophe écologique ?''

Notre point de départ est l'hypothèse avérée d'un dérèglement climatique et d'une perte de biodiversité dont l'activité humaine serait l'une des causes majeures.

A ce niveau, c'est un débat de second ordre que de préciser s'il s'agit d'anthropocène ou de capitalocène, ou quelle serait la date de l'extension de ce phénomène. Peu importe...

L'essentiel est de s'accorder sur l'explication scientifiquement reconnue du processus : l'effet de serre consiste en une ré-émission de rayonnement (dans le domaine de l'infra-rouge) de la part de molécules dont une présence excessive dans l'atmosphère piège le rayonnement de la Terre et cause son réchauffement. Il suffit alors de considérer que ces molécules (responsables de ces ré-émissions dans l'infra-rouge) sont juste celles dont la structure électronique permet ces transitions énergétiques : la vapeur d'eau, le CO2, le méthane... Et donc de constater que l'accroissement des émissions de CO2 et de méthane est indissociable de l'utilisation massive d'énergies fossiles qui a prévalu avec le développement de l'industrie et des machines à moteur thermique.

Voilà donc l'essentiel. Et cette situation est aggravée par le fait que l'équilibre thermodynamique de la Terre est instable : tout réchauffement a des conséquences (sècheresse, incendies, fonte des glaces...) qui majoritairement aggravent le déséquilibre.

Il serait temps que les sceptiques finissent par admettre cette raison physique, de fond, et l'impossibilité d'une croissance infinie qui impliquerait des consommations d'énergie déraisonnables et une extraction massive de matériaux, incompatibles avec la finitude de notre monde.


-B- Croissance ou décroissance...

Il y a donc une absolue nécessité à limiter la perversion consumériste d'une partie de la population (la plus riche) dans une partie des pays (les plus riches).

La question « croissance ou décroissance » est souvent posée comme un principe général, mais il faut la spécifier : quels sont précisément les secteurs d'activités qui nécessitent une décroissance et ceux qui nécessitent au contraire une croissance. On parle bien sûr ici de processus matériels, impliquant une consommation de matériaux et d'énergie.

Il faut bien réaliser à quel point toute transformation du monde matériel exige une dépense d'énergie. Y compris pour passer de notre monde actuel à un monde plus économe, pour s'orienter vers des modes de production plus efficaces et à des consommations plus sobres, les transformations nécessaires consommeront de l'énergie.

Pour intégrer à quel point nous sommes à notre insu drogués à l'énergie (par le biais des diverses machines qui interviennent dans nos consommations) on peut considérer, à titre d'exemple, le contenu énergétique de 1 litre d'essence.

La combustion d'un litre d'essence produit l'équivalent de 8,9 kWh. Convertie en énergie mécanique, ça représente ce qu'il faut dépenser pour soulever une masse de 3200 tonnes sur une hauteur de 1 mètre. Une machine qui aurait un rendement excessivement mauvais, de l'ordre de 10%, permettrait avec 1 litre d'essence de soulever quand même de l'ordre de 320 tonnes !

L'équivalent de 6400 personnes qui soulèveraient chacune une masse de 50 Kg.

Ce n'est pas rien... d'où la difficulté à nous passer de toute l'énergie fossile que nous consommons actuellement et à la remplacer par d'autres énergies moins polluantes. Pour avancer des solutions, il faut pouvoir préciser quel est l'objet de chaque consommation énergétique et quel serait le vecteur énergétique de substitution. On peut prendre quelques exemples.

Concernant le chauffage (résidentiel ou bureaux), on peut développer des réseaux de chaleur utilisant la chaleur résiduelle de certains procédés industriels, développer la géothermie chaque fois que c'est possible, les panneaux solaires thermiques ou hybrides, les systèmes de pompes à chaleur (le pompage permettant des rendements supérieurs à 1)... Mais surtout, l'efficacité énergétique commande de commencer par renforcer l'isolation thermique pour ne pas gaspiller l'énergie.

Concernant la fabrication de béton, il est possible de réduire l'empreinte carbone par différents procédés bien résumés par « Le Moniteur des artisans » dans cet article : ''Béton bas carbone : notre sélection de cinq nouveautés'' ou évoqués dans cette revue : ''Ciment sans clinker : la solution d’avenir ?''

Concernant la production d'acier, il est possible de mettre en oeuvre des techniques utilisant l'Hydrogène, suivant le procédé ''développé en Suède par SSAB'', ou par ''le consortium suédois Hybrit'', ou par Arcelor-Mittal, mettant à profit des subventions européennes en Espagne ou en France dans ''le projet GraviHy'' (à Fos) et aussi en utilisant ''de l'acier recyclé'' plutôt que de la fonte...

Dans un sytème économique piloté par le marché, les industriels n'investissent qu'à la condition d'être assurés qu'un marché potentiel leur permettra de rentabiliser leurs investissements.

Il y a cependant une perception nouvelle : que « l'écologie » au sens large peut devenir un marché porteur et profitable. Pour l'heure, cette perception s'accompagne d'un risque (ce que n'aiment pas les entrepreneurs, contrairement aux fables selon lesquelles le profit capitalistique serait justifié par la prise de risque). En réalité, le capitalisme accepte de réaliser de gros investissements quand ils sont garantis par une planification de l'État, c'est à dire appuyés par des subventions conséquentes et des projets politiques de long terme.

On pourrait dire que, d'une certaine façon, ces industriels sont dans leur rôle et ont raison d'attendre de l'État qu'il assume le rôle de planificateur qui est le sien. Car on a vu nombre d'entreprises performantes (dans la production d'hydroliennes, d'éoliennes ou de panneaux solaires) contraintes à des licenciements ou à des dépôts de bilan, faute d'une orientation politique claire qui les protégerait d'un marché dérégulé, ouvert à une concurrence libre et faussée par des politiques mondiales de dumping social et écologique.

L'opposition formulée en terme de croissance versus décroissance ne semble donc pas pertinente si elle n'est pas reformulée en spécifiant les types de production et d'usages.

On ne doit évidemment développer que des productions industrielles bas carbone au détriment d'anciennes productions fortement carbonées. Certains secteurs de production industrielle devront ainsi croitre massivement s'ils sont la base d'une production bas-carbone, d'énergie et de biens socialement utiles.

Le fait d'assurer que « la planification n'aura pas lieu » pourrait donc occulter la possibilité réelle (et l'objectif) que l'économie retrouve un pilotage politique qui ferait le choix de l'écologie.


-C- L'exemple du secteur de la mobilité.

On peut constater dans ce secteur un double phénomène :

  • D'une part la difficulté de chacun-e à modifier ses habitudes de déplacement, le recours à la voiture individuelle restant massif par défaut de possibilité alternative. Ce qui démontre l'absolue nécessité de mettre l'efficacité énergétique au premier rang des exigences structurelles, les transports en commun ''surtout sur rail'' étant beaucoup efficaces que les voitures individuelles.
  • D'autre part, la capacité de l'industrie automobile à opérer une véritable bifurcation, passant en une décennie, d'une production de moteurs à près de 100% thermiques à une production de moteurs électriques dépassant, en volume, celle des moteurs diesel.

Ce phénomène est exemplaire en ce sens qu'il atteste d'une flexibilité inattendue et d'une adaptabilité incroyable du système industriel lorsqu'il est contraint par une véritable volonté politique (ici, l'interdiction programmée des ventes en Europe des voitures à moteur thermique, à l'horizon 2035).

Cet exemple montre de quelle façon le capitalisme est capable de « se verdir », mais dans des formes de green-washing qui s'en tiennent à envisager la solution à tout problème sous le seul angle technique, laissant dans l'angle mort l'exigence d'une consommation raisonnée, et contrainte par l'exigence de justice sociale et de sobriété équitablement partagée, en vue de limiter notre empreinte écologique.

Il n'y a pas lieu de s'étonner que le capitalisme politique fasse la politique du capitalisme productiviste, qui ne s'encombre pas de ces exigences ... C'est au politique qu'incombe la responsabilité et le rôle d'orienter les productions industrielles pour satisfaire ces exigences. La sur-consommation qu'il s'agit de réduire doit s'entendre comme une consommation dont la généralisation serait impossible du point de vue de ces exigences.

Prenons comme exemple la voiture individuelle.

  • Au 1er janvier 2023 on compte en France 38,9 millions de voitures particulières en circulation pour près de 68 millions d'habitants. Ce développement s'est réalisé au détriment de l'environnement car il a nécessité une importante extraction minière et une production excessive de CO2 dans le cycle de vie complet, de la production du véhicule à sa destruction en passant par son usage.
  • Une production sans limite de voitures électriques poserait également de graves problèmes de matériaux, essentiellement pour la fabrication des batteries, et conduirait à un extractivisme désastreux, incompatible avec l'environnement.
  • Une production raisonnée de voitures électriques est pourtant incontournable pour décarbonner les transports, qui ne peuvent en aucun cas se réduire aux transports en commun. Car ces derniers n'ont de sens et d'intérêt que s'ils sont réellement « en commun », c'est à dire empruntés par un nombre suffisant d'usagers.

Au delà d'organisations sociétales (comme un télé-travail à domicile ou relocalisé à proximité de l'habitat) qui permettraient de minorer l'exigence quotidienne de mobilité « pendulaire », il y a donc un intérêt sociétal majeur à développer une mobilité individuelle électrique.


-D- Quelle mobilité électrique et quelles batteries ?

Du point de vue énergétique, une voiture électrique a une meilleure efficacité (un meilleur rendement global) qu'une voiture à moteur thermique. Mais il faut également promouvoir une exigence de sobriété pour ''réduire la pression sur les métaux critiques'' qui interviennent dans la fabrication des batteries : on peut rappeler par exemple qu’avec une même quantité de métaux, on peut fabriquer 1 SUV électrique, 2 citadines, ou 16 mini-voitures.

Il existe différents types de batteries, et les technologies évoluent pour améliorer les compromis entre : disponibilité des matériaux / coût / densité énergétique / rapidité de recharge / durée de vie / ...

Le groupe automobile Stellantis investit par le biais de son fonds de capital-risque dans la start-up française ''Tiamat, spécialiste des batteries sodium-ion''. Ces batteries équipent actuellement des perceuses électriques et il reste à cette technologie du chemin à parcourir avant d’équiper massivement les véhicules électriques. D'autres constructeurs s'intéressent aussi à ce type de batterie. Une première voiture dotée d'une batterie au sodium a été réalisée par ''Anhui Jianghuai Automobile Group Corp''.

Ce type de chimie est moins performant mais beaucoup moins coûteux que le lithium-ion.

La majorité des batteries actuelles sont des batteries au Lithium car ce sont celles qui présentent les meilleures performances et la meilleure densité énergétique. Leurs technologies évoluent et ''pourraient révolutionner notre futur'', avec des batteries Lithium-Ion de nouvelle génération, des batteries Lithium-Soufre ou des batteries tout-solide.

En bref, différentes technologies devraient co-exister, adaptées à des usages spécifiques et à des coûts différents mais, à terme, le Lithium devrait rester l'un des métaux les plus utilisés pour les batteries de véhicules.

C'est ce qui justifie l'engouement actuel pour l'extraction et la production de Lithium.

Peut-on évaluer les besoins en Lithium ?

Le lithium intervient dans plusieurs procédés industriels. ''Le site statista'' a publié l'évolution de la consommation depuis 2010 en fonction des usages. Il apparaît très clairement que les usages pour autre chose que des batteries sont très minoritaires, et que la progression de la demande pour batterie est très forte.

Concernant le besoin de Lithium pour les batteries, on peut se référer à ''cet article de AVERE qui rapporte une étude de l'ADEME'' selon laquelle : « une Renault ZOE embarque environ 8,2 kilos de lithium et une Tesla Model 3 15,5 kilos … En se basant sur les perspectives du marché mondial … cela correspond à des volumes annuels de l’ordre de 100 à 250 kt/an, ce qui équivaut à 3 à 7 fois la production actuelle. »

''Cette étude de l'ADEME'' a montré qu' ''UNE BATTERIE DE TAILLE RAISONNABLE ASSURE UNE PERTINENCE CLIMATIQUE ET ECONOMIQUE''. « Sur l’ensemble de sa durée de vie, une voiture électrique roulant en France a un impact carbone 2 à 3 fois inférieur à celui d’un modèle similaire thermique, à condition que sa batterie soit de capacité raisonnable (< 60 kWh). »

Selon cette caractérisation de l'ADEME, de telles batteries contiendraient donc une moyenne de l'ordre de 8 Kg de Lithium.

Sur cette base on peut estimer le besoin en Lithium en France, par comparaison avec le nombre de voitures neuves mises en circulation en 2023, soit environ 1,8 millions. À titre d'estimation, si seulement un tiers (600.000) des voitures vendues annuellement en France étaient des voitures électriques utilisant de telles batteries au Lithium, cette production (fourchette basse) nécessiterait annuellement environ 4800 tonnes de Lithium.

La question se pose donc du point de vue de la maîtrise de notre industrie.

Ce besoin de Lithium crée une situation de dépendance vis à vis des pays qui en produisent. Le gouvernement Français et plus généralement l'Europe se sont lancés dans une politique de « décarbonation » de la mobilité qui se réduit lamentablement à la distribution de milliards d'aides pour favoriser la vente de voitures électriques.

Cette politique est absurde et à courte vue. Elle ne peut conduire qu'à une dépendance accrue aux principaux producteurs : les Etats Unis et la Chine, ce qui est en train de se produire avec une importation croissante de ces productions, qui se double d'une importation silencieuse (sans réaction de notre gouvernement) de tous les moyens de production des EnR (éoliennes, panneaux solaires...)

Il est temps de prendre la mesure de cette catastrophe industrielle dont on sait pertinemment qu'elle s'accompagne, irrémédiablement, d'une catastrophe politique avec la montée des réactions d'extrême droite comme « solution » de repli sur soi.


-E- Il n'y a pas de bonne mine...

Toute activité minière a des conséquences plus ou moins négatives sur l'environnement et/ou sur les populations environnantes. Les videos suivantes sont parfaitement explicites quant à l’extractivisme :

Elles posent clairement les questions fondamentales qui justifient la nécessité d’une lutte : contre le consumérisme qui amplifie le désastre de l’extraction minière, et contre l’absence de contrôle qui permet tous les dégâts, environnementaux et sociaux, pendant et après l’exploitation minière.

Sur notre territoire, deux projets d'extraction de Lithium sont actuellement en débat :

Selon ses promoteurs, le site de l'Allier devrait permettre de fabriquer 700 000 batteries de voitures électriques chaque année. Cette estimation reste à être validée, mais comme on l'a vu, elle serait proche du tiers des voitures neuves vendues en France en 2023. Ce que l'on peut donc considérer comme ''raisonnable'' si les batteries considérées satisfont les exigences énoncées par l'ADEME.

Reste à préciser les conditions d'extraction.

Il existe de par le monde une grande variété de sites potentiellement producteurs de Lithium.

''Le portail français des ressources minérales non énergétiques'' en a établi une cartographie très complète qui montre la diversité et la difficulté à garantir les technologies de traitement.

« Quelques conclusions se dégagent quant à l’avenir de la production mondiale de lithium :

  • Le marché continuera d’être dominé par les majors qui sont les mieux armées pour adapter leurs réponses à un marché encore immature et changeant ;
  • La consolidation, la diversification et le partage du risque semblent être des leviers indispensables pour les sociétés développant des projets de lithium pour permettre le développement de technologies innovantes ;
  • La prise en compte de la qualité environnementale des projets est en passe de devenir un paramètre différenciant.

Selon les prévisions, les estimations sur les tonnages de lithium nécessaires varient... et dépasseront très probablement 150 kt en 2025, voire atteindront 300 kt en 2036 ». Cette fourchette est de l'ordre de celle (évoquée plus haut) donnée par l'ADEME.

De nombreuses voix s'élèvent contre l'extraction minière et pointent, comme cette enquête de Reporterre : ''Les fausses promesses de la voiture électrique'', selon trois volets :

  • « émissions de gaz à effet de serre,
  • frénétique consommation de minerais et
  • ''révolution'' des mobilités sous l’emprise du ''big data'' et de l’intelligence artificielle.

Autrement dit, la promesse d’un monde meilleur est surtout celle d’un enfer écologique ».

Au delà de la critique-fiction sans doute utile sur les ''big data'', l'argument essentiel qui est évoqué réside dans le fait que ''la voiture électrique cause une énorme pollution minière'', et « promet un enfer aux populations des régions riches de ces matières premières ... Tous les moyens sont bons pour maintenir le mode de vie des États-Unis et de l’Europe, qui, s’ils étaient généralisés, nécessiteraient trois à cinq planètes ».

A côté de ces analyses que l'on peut partager, d'autres arguments sont plus ''incertains''.

« Dans ces régions parmi les plus arides au monde, les mines de lithium évaporent à grande allure les rares ressources en eau. Sur le site d’Atacama, au Chili, les miniers prélèvent près de 200 millions de litres par jour ».

La réalité est assez différente... car ce n'est pas de l'eau qui est évaporée, mais une saumure du sous-sol, riche en lithium, que l'on ne peut absolument pas assimiler à "de l'eau qui serait consommée" par la production de Lithium. La crédibilité des critiques exige une grande rigueur dans l'analyse, c'est un peu le sujet de cet article du site « Révolution énergétique » : ''L’empreinte écologique des batteries : rumeurs et réalités''.

Ce sujet est en effet très controversé. Par exemple, concernant l’impact environnemental, une mise en comparaison intéressante a été réalisée ''entre l’extraction du Lithium de celle du pétrole'', et ''une autre concernant certaines cultures ou autres productions'' : 1 batterie de voiture / 10 avocats / 30 tasses de café / 250g de viande de bœuf / 211 litres d'essence ...

Il n'en demeure pas moins que l'extraction de tous les minerais crée un risque potentiel (pendant et après l'exploitation) qui est extrêmement difficile à limiter, car les compagnies minières sont dans une stratégie de concurrence où c'est le moins-disant environnemental qui gagne. Là encore et plus qu'ailleurs sans doute, doit s'imposer un pouvoir de réglementation et de contrôle.

On pourrait espérer que la pression populaire des mouvements citoyens pourrait s'exprimer en France, peut-être plus vigoureusement que dans d'autres pays, contraints par la misère et par un pouvoir capitaliste de type colonial, sans scrupule et tout puissant.

Il faudra donc examiner de près les conditions d'exploitation prévues dans la mine de l'Allier et dans l'exploitation géothermale de Rittershofen.

Le dossier du ''DÉBAT PUBLIC : SYNTHÈSE DU DOSSIER DU MAÎTRE D’OUVRAGE'' est très documenté et présente un travail d'information considérable.

Ce qui n'empêche la publication de ce titre : ''Mine de lithium dans l’allier : le rapport qui dévoile une bombe toxique''.

Ce dernier rapport commence par l'histoire d'un habitant des lieux, très fier du système de pompage d'eau qu'il a lui même bricolé : « ...de l’eau à volonté pour boire, se laver, arroser, abreuver sa chienne et ses chats. Il y a 10 ans...» mais du coup, histoire absolument contradictoire avec la suite de l'article qui décrit le site comme une bombe toxique.

Assez contradictoire aussi avec le rapport de 700 pages : ''Etude sanitaire et environnementale. Secteurs des Montmins et de Nades (03)'' qui précise la méthodologie et la démarche d'interprétation de l'état des milieux, et énonce des recommandations sur les volets sanitaires et environnement.

C'est le plus souvent extrêmement difficile pour un non-spécialiste d'analyser objectivement les données de situations complexes. La solution réside cependant dans la transparence des processus, en impliquant un contrôle des citoyens éventuellement sous formes associatives.

La situation est différente dans le cas de l’extraction directe du lithium géothermal à Rittershoffen. À court terme, l'objectif est de valider l’efficacité et la stabilité d'un procédé innovant, par un test de 6 mois minimum en continu, ''dans le cadre du projet de recherche EuGeli''.

Les réserves quant à ce procédé sont en fait celles concernant la géothermie profonde, qui implique de ré-injecter de l'eau dans les failles du sous-sol. Cette technique avait causé des désordres (mouvements de terrain) dans la région alsacienne où elle a été développée, mais sans avoir pris toutes les garanties nécessaires.


-F- Une conclusion ?

Ces quelques pages visaient à se départir d'un double écueil :

  • un aveuglement scientiste qui se limiterait à d'éventuelles ''solutions techniques'' en réponse à des problèmes de nature infiniment plus large,
  • un refus systématique de toute analyse bénéfices-risques, qui pourrait conduire à la condamnation systématique de certaines productions industrielles, pourtant nécessaires eu égard à une transition énergétique. Faire des aciers bas-carbone ou fabriquer des éoliennes ''capitalistes'' ne révolutionnera pas le monde... mais c'est quand même mieux que d'ouvrir de nouveaux puits de pétrole et que développer des Small Modular Reactors !

Il est fondamental de reconnaître les difficultés … et de ne pas en rajouter, ce que font parfois certaines « voix de l'écologie ».

On ne peut pas admettre l'immobilisme de la plupart des gouvernements de ce monde et les régressions du capitalisme politique, alors que nous sommes dans une situation d'extrême urgence : sociale, environnementale, politique. Un immobilisme et des régressions que d'aucuns tentent de masquer par des arguties.

"Lithium_ou_pas" : c'est l'une des questions que l'on doit trancher, en faisant le choix en faveur du mieux-disant environnemental et social.  Ce serait un changement radical ! Le concept de transition exprime parfaitement cette difficulté à faire advenir un autre monde. D'ailleurs ... la première transition douloureuse n'est-elle pas précisément celle de la naissance !

Une transition écologique et énergétique 100% Énergies Renouvelable aura lieu, à condition de s'ancrer dans une transition politique planifiant la création d'un autre monde.

Un autre monde est possible, à nous de l'inventer … mais il y a urgence !


Références citées dans le texte

  1. ''L'an 01 de la bifurcation'',
  2. "La transition n'aura pas lieu"
  3. ''La planification, solution à la catastrophe écologique ?''
  4. ''Béton bas carbone : notre sélection de cinq nouveautés''
  5. ''Ciment sans clinker : la solution d’avenir ?''
  6. ''développé en Suède par SSAB'',
  7. ''le consortium suédois Hybrit''
  8. ''le projet GraviHy''
  9. ''de l'acier recyclé''
  10. ''surtout sur rail''
  11. ''réduire la pression sur les métaux critiques''
  12. 'Tiamat, spécialiste des batteries sodium-ion''
  13. ''Anhui Jianghuai Automobile Group Corp''
  14. ''pourraient révolutionner notre futur''
  15. ''Le site statista''
  16. ''cet article de AVERE qui rapporte une étude de l'ADEME''
  17. ''Cette étude de l'ADEME''
  18. ''Minerais et métaux : un enjeu stratégique - EMMANUEL HACHE.''
  19. ''Effondrement : notre civilisation au bord du gouffre ? Aurore Stéphant ''
  20. ''Le portail français des ressources minérales non énergétiques''
  21. ''Les fausses promesses de la voiture électrique''
  22. 'la voiture électrique cause une énorme pollution minière''
  23. ''L’empreinte écologique des batteries : rumeurs et réalités''
  24. ''entre l’extraction du Lithium de celle du pétrole''
  25. ''une autre concernant certaines cultures ou autres productions''
  26. ''DÉBAT PUBLIC : SYNTHÈSE DU DOSSIER DU MAÎTRE D’OUVRAGE''
  27. ''Mine de lithium dans l’allier : le rapport qui dévoile une bombe toxique'
  28. ''Etude sanitaire et environnementale. Secteurs des Montmins et de Nades (03)''
  29. ''dans le cadre du projet de recherche EuGeli''
  30. "Lithium ou pas"

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